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Pourquoi l’enquête de Fujaïrah ne mentionne pas le nom de l’Iran?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un système d’armes Phalanx (CIWS) à bord du destroyer à missiles guidés USS Stout, ayant participé à des exercices militaires de la 5ème flotte US dans le golfe persique, le 21 septembre 2016. ©U.S. Navy/archives

Après avoir publiquement accusé l'Iran d'avoir planifié et exécuté les explosions visant les quatre pétroliers à Fujaïrah aux Émirats, Abou Dhabi et ses alliés ont décidé de faire profile bas au Conseil de sécurité. Le couple Bolton-Pompeo avait pourtant affirmé avoir des preuves irréfutables sur une implication des "mines iraniennes" dans ces explosions. Alors pourquoi ce virage? Le quotidien Rai al-Youm examine les raisons pour lesquelles les parties étant à l’origine du compte-rendu présenté au Conseil de sécurité des Nations unies, n’ont fait aucune allusion à l’Iran dans leur texte, en dépit des accusations gratuites formulées précédemment. 

L'oléoduc reliant Abu Dhabi à Fujaïrah visant à détourner le détroit d'Hormuz.

Le 12 mai 2019, quand le ministère émirati des Affaires étrangères a fait part, dans son communiqué, des explosions visant des pétroliers sur le port de Fujaïrah, il n'a pas hésité à les qualifier d’« actes de sabotage ». Quatre pétroliers, dont deux appartenaient à l’Arabie saoudite, un à la Norvège et l’autre aux Émirats arabes unis, ont été effectivement touchés par les explosions. Avant même que l'enquête ne s'achève, les Américains sont montés au créneau: le secrétaire d’État américain Mike Pompeo et le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis John Bolton n’ont pas tardé à en imputer la responsabilité à l’Iran, tout comme certains officiels émiratis qui ont crié à l'implication du CGRI dans le coup. Présenté assez discrètement au Conseil de sécurité jeudi, les observateurs s'attendaient à ce que le texte porte au grand jour les preuves de la supposée culpabilité iranienne. Or rien de tel! Le jeudi 6 juin, le front USA/monarchies arabes a déposé un rapport qui ne mentionne nulle part le nom de l’Iran. Pourquoi ?

Rai al-Youm explique: « Premièrement, aucune preuve digne de ce nom n'existe contre l'Iran. Le coup que certains ont qualifié d'opération sous fausse bannière visait surtout à la veille des sommets anti-iraniens en Arabie saoudite à liguer les pays arabes contre l'Iran. Or ni le Conseil de coopération du golfe Persique, ni la Ligue arabe et encore moins l’Organisation de la coopération islamique n’ont été le terrain d'un alignement anti-iranien tel que le souhaitaient Riyad et Abou Dhabi. Le Qatar est même allé plus loin en s’opposant à toute escalade de tension avec l’Iran. L'axe saoudo-émirati a donc échoué à mettre sur pied une alliance militaire contre l'Iran, alliance qui ne s'est même pas formée sur papier.  

Deuxièmement, les Émirats arabes unis ont certes pris part activement au Sommet de La Mecque, mais ils ont refusé d’accuser l’Iran. Les observateurs l'ont bien constaté et y ont vu la crainte de Ben Zayed de voir partir en fumée des centaines de milliards de dollars de capitaux étrangers en l’espèce de quelques jours si une escalade venait à avoir lieu avec l'Iran. L'amour de l'argent a donc emporté sur la haine anti-Iran.  

Quatrièmement, si les Américains ont accusé directement l’Iran d’avoir orchestré les explosions de Fujaïrah et ce sans aucune preuve, ils sont loin de nous faire une surprise. Tout le monde sait que les États-Unis ne lésinent sur rien pour mettre l'Iran à la table du dialogue. 

Et cinquièmement,  personne ne cherche désormais une confrontation militaire avec l'Iran, une telle confrontation étant bien loin d'être une promenade de santé. Au Conseil de sécurité, il fallait des preuves irréfutables pour accuser l'Iran, preuves qui n'existent pas. Et puis accuser l'Iran revenait à se mettre à dos une force armée iranienne, qui rogne les freins à en découdre avec les parties qui menacent sans cesse la sécurité iranienne, qui ont osé la classer sur la liste des organisations terroristes. Le coup monté de Fujaïrah a donc fait lamentablement flop, contribuant même à ce que le camp anti-Iran se comporte avec plus de mesure dans ses actes et paroles.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV