« Les États-Unis et Israël sont intimidés par l’influence politique et militaire de l’Iran au Moyen-Orient. D’où leurs tentatives visant à convaincre la Russie de les aider à sortir de l’impasse », selon Abdel Bari Atwan.
Le rédacteur en chef du quotidien Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan, réaffirme, dans un article, que le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Verchinine a sapé tout espoir concernant l’organisation d’une conférence tripartite américano-russo-israélienne, prévue à Qods, sur le Moyen-Orient quand il a exclu tout accord entre Moscou et Tel-Aviv au sujet de la Syrie. Sergueï Verchinine a ajouté que la Russie n’agissait pas au détriment de ses alliés.
Selon Abdel Bari Atwan, « Sergueï Verchinine a été contraint de faire toute la lumière sur cette réunion suite aux rumeurs, circulées par le camp américano-israélien et ses alliés arabes, sur un « accord » qui serait conclu entre Washington, Moscou et Tel-Aviv pour mettre fin à la présence de l’Iran en Syrie en échange du maintien de Bachar Assad au pouvoir. Ces rumeurs qui ont été même démenties par James Jeffrey, représentant spécial des États-Unis pour la Syrie, mettent en évidence la grande inquiétude ressentie par Washington et Tel-Aviv et leurs alliés arabes au moment où la bataille d’Idlib, dans laquelle sont engagées les troupes syriennes et russes, semble toucher à sa fin ».
Il existerait selon Atwan, sept facteurs qui méritent d’être examinés à propos de la possibilité de la conclusion d’un accord tripartite entre la Russie, Israël et les États-Unis au grand dam de l’Iran :
« 1- La Russie qui a joué un rôle majeur dans la victoire de ses alliés en Syrie, ne pourra pas normalement faire partie d’un deal avec les Israéliens et les Américains, un deal qui détruira certainement tous les acquis pour lesquels elle a fait autant d’efforts. En plus, la Russie n’est pas en mesure de mettre fin à la présence iranienne en Syrie ou de légaliser cette présence car les forces iraniennes et les combattants du Hezbollah ne sont pas en Syrie sur invitation de Moscou mais sur celle du gouvernement légal de la Syrie.
2- Tout accord tripartite entre les États-Unis, la Russie et Israël sera voué à l’échec tout comme le « Deal du siècle ». Reste à savoir pourquoi la Russie qui tient le haut du pavé en Syrie et dans la plupart du Moyen-Orient et dont le président est très intelligent, devra se laisser tomber dans ce piège.
3- Les États-Unis et Israël ont mené une guerre par procuration pendant huit années en Syrie, en mobilisant tous leurs moyens et alliés. Or, ils ont échoué dans ce pays. Il est donc insignifiant qu’on attende une décision de Washington sur la « légitimation » du gouvernement au pouvoir en Syrie.
4- Paniqués par l’influence grandissante de l’Iran dans la région, sur les plans politique et militaire, Washington et Tel-Aviv s’attendent à ce que la Russie les aide pour sortir de cette situation et se débarrasser de leurs inquiétudes.
5- L’Iran est un puissant allié de la Russie qui compte parmi les puissances régionales les plus importantes. Tout aux côtés de Moscou, Téhéran joue un rôle incontournable dans la stabilisation de la Syrie d’autant plus que ces deux pays combattent, main dans la main, le terrorisme. Voilà ce qui justifie les propos de Sergueï Verchinine quand il dit que la Russie coopère avec les autres pays pour rétablir la stabilité et la sécurité en Syrie tout en respectant sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale.
6- La conférence tripartite de Qods qui réunirait John Bolton, conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Nikolaï Patrouchev, directeur du Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie et Meir Ben-Shabbat, conseiller à la sécurité d’Israël, s’inscrirait alors dans le cadre de la guerre des nerfs menée par certains médias, visant à semer la discorde entre les parties gagnantes en Syrie et à affaiblir l’alliance irano-russo-syrienne.
7- Les conseillers militaires iraniens n’avaient pas été déployés en Syrie avant que les Américains et leurs alliés israéliens n’aient tramé une série de complots pour détruire la Syrie, y renverser le gouvernement, porter atteinte à son tissu démographique et géographique et diviser le pays en différents États fédéraux. Il est donc normal que les conseillers militaires iraniens regagnent leur patrie dès que leur mission d’aide à Damas sera finie.
À présent, Donald Trump quémande un dialogue auprès de l’Iran et pour cela il demande la médiation du Japon, de l’Irak, du Sultanat d’Oman et de Suisse alors que son secrétaire d’État renonce à ses douze conditions pour s’asseoir à la table du dialogue avec la partie iranienne ».