Depuis le départ du général El-Bechir, les parties qui soutiennent ses héritiers rassemblés au sein de la junte militaire au pouvoir cherchent à masquer l’une des principales revendications des manifestants à savoir le retour des soldats du bourbier yéménite. Après le carnage du 3 juin, cette exigence ne peut plus être marquée. Des millions de pétrodollars versés par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis au Conseil militaire de transition au Soudan et surtout les conseils prodigués à la Mecque au chef de la junte risquent de s’avérer bien fatals aux militaires qui continuent à confisquer depuis 2 mois le pouvoir, à imposer une guerre meurtrière aux jeunes soudanais.
À peine trois jours après la rencontre du chef de la junte militaire soudanaise avec les dirigeants saoudiens à La Mecque, un carnage a eu lieu à Khartoum, lundi. Plus de 50 personnes (100 selon certaines versions) ont été tuées lors de la dispersion d’un grand campement de manifestants dans le centre de la capitale soudanaise par les forces de sécurité.
Revenant sur ce carnage, un expert soudanais Taj Alsser Osman estime qu’après le renversement du gouvernement d’Omar el-Béchir, le Soudan est entré dans une nouvelle phase et que dans cette nouvelle phase, deux dangers menacent le pays : primo la junte militaire qui s’accapare du pouvoir et continue à faire du commerce de guerre ; secundo la présence dans les rangs des révolutionnaires d’agents à la solde de Riyad et d’Abou Dhabi.
Selon cet expert, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite sont les sources du complot contre le Soudan. « La répression du sit-in pacifique est intervenue quelques jours après le retour d’Abdel Fattah al-Burhane de la Mecque où il a eu de longs entretiens avec Ben Salmane et autres responsables saoudiens ».
Soutiens du Conseil militaire, l’Arabie saoudite, l’Égypte et les Émirats arabes unis n’ont pas condamné le carnage. Par contre, le leader du mouvement populaire yéménite, Ansarallah, a non seulement affiché sa solidarité avec la nation soudanaise, mais encore, il a condamné le carnage à Khartoum, accusant la junte militaire de collusion avec les pays de la région afin de confisquer la liberté des Soudanais. Revenant sur le carnage, le leader d’Ansarallah a affirmé : « Nous sommes solidaires avec nos frères soudanais face aux attaques cruelles et les crimes du conseil militaire qui est entré en transaction avec les puissances régionales pour imposer sa domination à la nation soudanaise et confisquer son indépendance et sa libération », a déclaré Abdul-Malik al-Houthi.