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Pourquoi les USA ne montrent-ils pas les preuves qu’ils disent détenir de l’implication de l’Iran dans l’attaque à al-Fujaïrah ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Washington accuse l’Iran sans aucune preuve. ©jforum.fr

Le célèbre journaliste et analyste du monde arabe Abdel Bari Atwan s’est penché dans un article diffusé par le quotidien Raï al-Youm sur les allégations du secrétaire d’État américain Mike Pompeo, qui accuse l’Iran d’être responsable de l’attaque à Fujaïrah.

Pour Abdel Bari Atwan, les accusations des États-Unis sont incohérentes. « Ils n’ont présenté aucune preuve et le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Bolton, a abandonné son enquête à ce sujet », a-t-il ajouté.

« Puisque Mike Pompeo insiste sur le fait que l’Iran est derrière l’attaque contre les pétroliers à al-Fujaïrah et prétend en détenir les preuves, pourquoi alors ne les présente-t-il pas ? Pourquoi Bolton a-t-il abandonné l’enquête ouverte à ce propos ? », s’est interrogé Atwan.

« Différentes hypothèses ont été formulées sur les raisons de l’adoucissement du ton de Trump vis-à-vis de l’Iran. Certains disent que des dizaines de généraux américains à la retraite ont mis en garde Trump dans une lettre contre les graves conséquences militaires et économiques qu’aurait une guerre pour les États-Unis et leurs alliés dans la région », lit-on dans l’introduction de cet article.

« Selon la deuxième hypothèse, l’Iran est une grande puissance régionale qui repousserait la première frappe américaine en infligeant une réponse cuisante aux forces américaines. Il n’est pas exclu que Téhéran possède des armes inconnues qui surprendraient tout le monde. La troisième hypothèse est la suivante : puisqu’il est possible d’engager le dialogue et que plusieurs pays sont prêts à être l’hôte des négociations avec l’Iran, pourquoi donc opter pour une guerre ? »

« Fait intéressant : l’actuelle administration américaine a envoyé ces derniers jours des signaux contradictoires en ce qui concerne le dossier iranien. Alors que Trump a parlé de la possibilité d’un dialogue, qu’il a fait l’éloge des dirigeants iraniens et qu’il a affirmé ne pas avoir l’intention de changer le régime iranien, le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, et le conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, ont dit être convaincus que ce sont les alliés de l’Iran qui ont attaqué les 4 pétroliers sur la côte du port émirati d’al-Fujaïrah, ajoutant qu’ils en détiennent les preuves. »

« Ce qui pique la curiosité, c’est la crédibilité qu’il faut accorder à la nouvelle théorie américaine, qui parle de l’implication des alliés de l’Iran dans cet attentat. Qui sont ces gens ? Est-ce le groupe Ansarallah ? Ou des forces du Hezbollah libanais ou des forces des Hachd al-Chaabi de l’Irak ? Ou bien ces attaques auraient-elles été menées par des unités militaires iraniennes ? N’est-il pas possible qu’une tierce partie, par exemple le Mossad israélien, ait voulu fournir un prétexte pour une intervention militaire américaine ? »

« La récente déclaration de Bolton suscite une autre question. Il a dit que les résultats de l’enquête sur les pétroliers, auxquels ont également contribué des experts américains, ne seraient pas divulgués, et que l’enquête serait confiée aux Émirats arabes unis. Pourquoi Bolton lance-t-il la balle dans le camp des Émirats arabes unis et qu’est-ce qu’il attend de l’annonce des résultats de l’enquête ? »

Atwan a souligné : « Nous pensons que l’Iran n’est pas du tout en position de faiblesse vis-à-vis des États-Unis. Il est vrai que les exportations de pétrole iranien ont diminué, mais cela peut être temporaire et sera compensé par les ventes de pétrole moins cher via des intermédiaires auprès de nombreux clients. »

« Ils ne pourront jamais arrêter la vente de pétrole d’un pays comme l’Iran qui a de vastes frontières terrestres et maritimes avec huit pays, et il ne serait pas non plus étonnant de voir qu’un jour la Chine, l’Inde et la Turquie décident d’acheter de nouveau du pétrole iranien », a souligné Atwan.

« L’Iran insiste sur les conditions qu’il a fixées pour entamer des négociations », a-t-il déclaré, soulignant qu’aucune prévision définitive ne pouvait être faite sur l’avenir de la crise entre l’Iran et les États-Unis.

« Les sanctions doivent être levées complètement et la question des missiles balistiques, qui constitue le moyen de dissuasion le plus important pour l’Iran contre toute agression, ne saurait être négociée : voilà les conditions de l’Iran. Trump veut, de son propre aveu, faire pilier l’Iran qui doit, selon lui, renoncer à ses programmes balistique et nucléaire militaire. Tout deviendra plus clair après les jours fériés de l’Aïd al-Fitr », a estimé l’expert libanais.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV