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Washington a opté pour une guerre à triple face qui vise aussi la Russie

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La base aérienne russe à Hmeimim, à Lattaquié.(Photo d'archives)

Que mijotent les Américains en Syrie? Une lettre récente signée par 400 congressistes US en dit long sur les nouvelles velléités américaines en Syrie. Après la défaite de Daech et l'annonce-spectacle en décembre 2018 du retrait des troupes US, les États-Unis en sont désormais à faire tout pour maintenir leur présence en Syrie tout en multipliant leurs agissements en Irak voisin , surtout à Al Anbar, limitrophe de Deir ez-Zor syrien. Cette politique syrienne "en dents de scie' trahit à vrai dire, un malaise au sein de l'administration US sur les étapes à suivre.  Washington est désormais au stade où la guerre par procuration ne peut satisfaire ses exigences et il devrait le jouer carte sur table.  

Les troupes russes stationnées sur la base aérienne russe à Hmeimim/NBC News

Il est vrai que depuis le début de la guerre en 2011, la stratégie syrienne de la Maison Blanche a été conjoncturelle, s'adaptant constamment aux réalités sur le terrain. Washington a toujours annoncé que la lutte contre Daech fait la moelle substantielle de sa stratégie de combat en Syrie. Il y a deux semaines, environ 400 congressistes ont demandé dans une lettre ouverte au président américain la poursuite de la présence militaire en Syrie en vue de continuer à lutter non seulement contre les groupes terroristes qui représentent une menace pour leurs alliés régionaux, mais aussi contre l'Iran et la Russie. 

« Certains de nos alliés régionaux les plus proches étant menacés, le leadership et le soutien des États-Unis s’avèrent toujours nécessaires », lit-on dans cette lettre postée sur la page officielle du représentant de Texas, Michael MacCaul.

La lettre, qui a été écrite à l'initiative des sénateurs Jim Risch et Bob Menendez, ainsi que les représentants Eliot Engel et Michael MacCaul, prétend que la crise syrienne est compliquée et que les solutions politiques existantes ne suffisent pas. C'est pourquoi la seule option des États-Unis est de faire progresser les politiques qui contreront l'escalade des menaces à leur encontre et d'agir contre l'Iran et la Russie. Il y a là l'émergence d'une stratégie à triple face sur quoi revient le journal Asharq al-Awsat, dans un récent article. 

La stratégie à triple tranchant consisterait à reconnaître "le droit israélien à frapper impunément la Syrie", à "accentuer la pression sur l’Iran et son allié le Hezbollah " mais aussi, et c'est là la nouveauté, "à harceler la Russie". La principale différence entre cette nouvelle stratégie et la précédente est qu’elle veut également faire pression sur la Russie. En effet depuis que l'armée syrienne a lancé son offensive contre Idlib, les contours de cette nouvelle stratégie se précisent. La livraison des S-400 russe à la Turquie a largement aidé les États-Unis à affiner une contre-offensive russe, et ce, de parfait concert avec la Turquie. On se rappelle en effet le nombre impressionnant des frappes au drone attribuées aux terroristes qui ont été menées contre la base aérienne russe à Lattaquié et auxquelles ont largement contribué les Américains.  

Jusqu'à présent, les États-Unis portaient peu d'attention à la présence russe en Syrie, croyant pouvoir parvenir à un accord à l'amiable avec Moscou. Le journal pro saoudien estime que la principal raison du virage américain reste le refus de la Russie à s'opposer à la présence de l'Iran et de ses alliés en Syrie :  "Selon Asharq al-Awsat, les Américains savent désormais que la Russie n'est pas en mesure de réduire l'influence de l'Iran en Syrie ou le contraindre à en retirer ses troupes. Ils exercent donc  une pression sur la Russie." Mais cette analyse manque quelque peu de profondeur. S'il est vrai que le partenariat russo-iranien est désormais incontournable en Syrie, il est aussi vrai que la Syrie sert de plus en plus de tremplin aux ambitions "moyen-orientales" du Kremlin, fait remarquer l'analyste des questions politiques, Hadi Mohammadi. " les relations de la Russie avec l'Iran et l'axe de la Résistance semble avoir facilité sa présence au Liban et ce point commence à bien inquiéter les Américains. Et puis le jeu qu'a commencé la Russie avec la Turquie n'annonce rien de bon pour l'avenir des projets impérialistes des États-Unis au Moyen-Orient. Le gazoduc Turkstream est après le plus sérieux concurrent du gazoduc qui devra transiter le gaz israélien via Chypre en Europe.  Un conflit américano-russe en Syrie n'est donc pas exclu."

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV