TV
Infos   /   A La Une   /   Iran   /   Moyen-Orient   /   L’INFO EN CONTINU

Golfe Persique: quel est l'enjeu du pacte de non-agression dont parle l'Iran ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Exercice militaire de la marine iranienne dans les eaux du golfe Persique. ©Sputnik/Archives

Pour la RII, le modèle de sécurité idéal pour la région du golfe Persique est un modèle qui pourrait installer un « ordre naturel » sans l’ingérence des pays étrangers. C’est dans ce droit fil que dimanche à Bagdad, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a appelé tous les pays de la région à signer un pacte conjoint de non-agression.

L’Iran est enclin à de meilleures relations avec les pays de la région du golfe Persique et accueille favorablement toutes les propositions visant à dissiper les tensions actuelles, a indiqué M. Zarif. L’Iran avait auparavant proposé la création d’un cadre collectif de dialogue régional.  

Mais pour créer un ordre collectif censé assurer la sécurité des pays de la région, il y a de multiples questions qui doivent être prises en considération, en fonction de la situation prévoyant actuellement dans cette région stratégique du monde. L’analyste iranien Javad Heyran Nia s’y attarde dans un article paru ce lundi 27 mai par l’agence de presse Mehr News.

1- Le nouvel ordre régional devra assurer l’équilibre de pouvoir entre l’Iran, l’Irak et le Conseil de coopération du golfe Persique (CCGP).

2- L’ordre sécuritaire régional devra reposer sur une paix positive.

3- À travers les mesures pluripartites pour renforcer le climat de confiance entre les pays de la région du golfe Persique, il va falloir préparer le terrain au retrait des puissances extra-régionales.

4- La région a besoin d’un ordre sécuritaire lui permettant de s’imposer de tout son poids dans le contexte des évolutions régionales et internationales.

5- L’ordre sécuritaire idéal pour la région du golfe Persique devra s’avérer efficace pour résoudre les tensions actuelles, étant capable d’assurer sa propre survie en évitant les approches unilatérales; sinon il serait impossible de parvenir à une évaluation correcte des évolutions, vu les multiples paramètres qui caractérisent la donne régionale.

6- Le nouvel ordre sécuritaire doit inclure de profonds changements en ce qui concerne le règlement des différends territoriaux, les incertitudes sur la stabilité économique liées au marché pétrolier et la prolifération des armes nucléaires.

7- Le nouvel ordre régional devra pouvoir débloquer l'impasse dans laquelle se trouve la région à cause de deux visions différentes: d’une part, l’Iran insiste sur le retrait des forces américaines de la région et tout ce qu’il fait dans ce sens, relève de son droit légitime. D'un autre, il y a la vision des pays arabes du golfe Persique qui veulent que l'armée américaine maintient sa présence dans la région.

C’est vrai qu’il ne sera pas très facile de sortir de cette impasse, mais l’accord sur le nucléaire iranien pourrait également servir d’un premier pas en vue de parvenir à un nouvel ordre sécuritaire dans la région du golfe Persique. Ce nouvel ordre pourra renforcer les liens entre l’Iran et les pays arabes riverains du golfe Persique et réduire la dépendance de ces derniers envers Washington sur le plan militaire.

8- Il serait impératif de créer un réseau non-officiel d’experts techniques chargés d’examiner les défis et d’élaborer les solutions efficaces pour redéfinir un dialogue régional.

9- L’ordre sécuritaire régional devra déclarer la guerre « illégitime » à travers un consensus régional, un peu comme la notion de communauté de sécurité pluraliste de Karl Deutsch, en ce sens que des États souverains omettent toute éventualité de guerre dans leurs relations.

10- Les États du CCGP sont censés savoir que le plus grand défi à long-terme contre leur stabilité est dû aux pressions internes et aux menaces contre la sécurité de leurs citoyens. Ils devront donc se détromper et arrêter de voir l’Iran comme une menace pour leur sécurité, dans le concept de la sécurité d’État. Ceci dit, les États arabes du golfe Persique auront besoin d’adopter des réformes significatives sur la scène intérieure afin d’assurer une sécurité durable pour leurs citoyens et affaiblir auprès de leurs jeunes générations les penchants favorables aux idéologies extrémistes.

11- Au lieu de s’ingérer et imposer leur approche partiale dans d’éventuelles rivalités géopolitiques ou ethniques entre l’Arabie saoudite et l’Iran, les pays extrarégionaux doivent essayer d’instaurer un certain équilibre entre ces deux puissances régionales.

12- Il serait possible d’entamer un dialogue entre l’Iran et les pays du golfe Persique, en créant une assemblée régionale qui accueille des réunions aux niveaux ascendants. Cette assemblée régionale pourra être progressivement renforcée, pour donner lieu finalement à un nouvel ordre sécuritaire apte à résoudre d’éventuels différends et problèmes qui touchent la région.

13- Le dialogue entre les pays de la région pourrait commencer par un processus politico-diplomatique pour couvrir par la suite les questions sécuritaires. Et pour entamer le processus politique, une certaine stabilité stratégique entre l’Iran et les pays membres du Conseil de coopération du golfe Persique s’avère indispensable. Cette stabilité stratégique, dû aux actions et politiques des deux parties dans divers dossiers régionaux dont l’Irak, le Yémen, la Syrie et le Liban, devrait permettre à l’Iran et à ses interlocuteurs du CCGP, d’exprimer une volonté pour les négociations politiques.

14- Les acquis obtenus par le passé comme un accord de sécurité signé entre l’Iran et l’Arabie saoudite en avril 2001 doivent être pris en compte et mis en vigueur.

15- Des ONG doivent être crées ou s’activer dans les domaines de la culture, de l’éducation, de l’art, du cinéma et de l'urbanisme. Elles trouveront ensuite l’occasion d'étendre leurs activités au niveau étatique.

16- Les ONG intéressées par la convergence entre les pays du bassin du golfe Persique pourront organiser des conférences afin de réunir les organisations et formations des pays participants, autour des intérêts communs.

17- L’organisation de conférences académiques donnera l'occasion de débattre de la sécurité collective des pays de la région. 

18- Les pays de la région devront essayer de parvenir à une compréhension correcte des uns et des autres, de leurs préoccupations sécuritaires et de leurs zones d’influence.

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV