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Zoom Afrique du 12 mai 2019

La Force Barkhane française au Mali. (Photo d’archives)

Dans ce numéro de Zoom Afrique :

L’actualité en Afrique :

Sénégal : le nombre de créations d’entreprises a doublé en un mois ;

Gabon : la Chine et la FAO tissent un partenariat pour développer l’agriculture gabonaise ;

L’Ouganda lance un appel d’offres pour cinq blocs d’exploration pétrolière.

Les analyses de la rédaction :

Bénin : que cherchent la France et les USA ?

Dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 mai 2019, les forces spéciales françaises ont lancé une offensive contre le Burkina Faso sous prétexte de libérer quatre otages. Mais est-ce réellement la libération de ces otages qui préoccupait tant les forces françaises ? Est-ce que les forces françaises ont raté leur première opération sous le Commandement unifié des opérations spéciales du Pentagone et avec l’aide logistique de l’AFRICOM ?

Luc Michel, géopoliticien, revient sur le sujet.

Mali : nouveau plan de déstabilisation ?

La France se prépare-t-elle à se retirer du Mali afin de déployer ses troupes dans un autre pays ouest-africain non loin de la côte ainsi que le laisse supposer le modus operandi de la soi-disant opération de libération d’otages au Burkina Faso ?

Tout laisse croire que Barkhane, cette force française totalement enlisée au Mali, prépare un déplacement vers une nouvelle destination. Et cette affaire de la libération d’otages n’a été qu’une mise en scène pour justifier ce retrait qui ne signifie nullement un désengagement. La France fait place nette en faveur d’Israël et des États-Unis qui prennent leurs quartiers au Mali pour mener des opérations de déstabilisation à la fois au Sahel et en Afrique du Nord. Le ministre français des Affaires étrangères a accusé samedi les deux touristes français kidnappés et puis libérés au prix de la mort de deux membres de commandos Hubert d’être à l’origine de ce fiasco. Et il dit : « La plus grande précaution doit être prise dans ces régions pour éviter que de tels enlèvements n’aient lieu et pour éviter des sacrifices de nos soldats […]. Il faut que tous ceux qui veulent faire du tourisme dans ces pays s’informent auparavant de ce qu’on appelle les “conseils aux voyageurs” mis en place et entretenus régulièrement par le Quai d’Orsay et qui indiquent les zones sûres, celles à petit risque et celles à gros risque. »

Mais même le journal Le Monde n’y croit guère. Le quotidien écrit : « Comme l’a remarqué le journaliste de Marianne Thomas Vampouille, le parc de la Pendjari, dans lequel ont été kidnappés les deux touristes, n’était pas classé en “zone rouge” depuis “pas mal de temps” : il n’a même été classé comme “formellement déconseillé”… que neuf jours après leur enlèvement, le jour de leur libération. Un examen de l’historique de la page du site du ministère des Affaires étrangères permet assez facilement de constater que le parc n’est mentionné explicitement, dans le texte et sur la carte mise en ligne, que depuis la dernière mise à jour, le 10 mai. »

Mais pourquoi Le Drian ment-il ? Peut-être pas seulement pour faire de ces deux otages des boucs émissaires et leur faire endosser la faute de la mort de deux militaires. Certains analystes y voient surtout une façon trop « Le Drianiste » de déclarer la guerre sur le territoire béninois. Le Bénin étant le seul État à ne pas être totalement soumis aux ordres US/OTAN, il faut qu’il soit contaminé par le virus terroriste. Pour en savoir plus, référez-vous d’ailleurs à notre Zoom Afrique du 11 mai. Signe des temps, Opex360 fait état de la désignation d’un général autrichien à la tête de la mission européenne EUTM Mali.

« Actuellement, à Bamako, 27 militaires autrichiens sont affectés au quartier général de l’EUTM Mali, la mission lancée par l’Union européenne en 2013 afin de former les soldats et les cadres des Forces armées maliennes (FAMa). Mais cet effectif va quasiment doubler de taille dans les prochains jours. En effet, le 4 juin prochain, le général Christian Habersatter, de la Bundesheer, prendra le commandement d’EUTM Mali. Ce sera ainsi la première fois qu’un officier autrichien sera à la tête de cette mission européenne, dont le commandement a jusqu’ici été assuré par des généraux français, belges, espagnols et allemands », annonce Opex360.

L’Autriche, un pays assez neutre jusqu’ici en Afrique, semble y faire son entrée. Pour mieux suppléer la Force Barkhane ? Celle-ci a d’autres missions à accomplir... peut-être. 

Cameroun : Paul Biya neutralise les complots.

Au Cameroun, les États-Unis ont commencé leur campagne de déstabilisation depuis un certain temps.

En annulant des programmes d’aide militaire destinés au Cameroun sous le prétexte de « graves violations des droits de l’homme » commis par les forces de sécurité camerounaises, et en imposant des sanctions à plusieurs personnalités du gouvernement Biya, les États-Unis ont commencé à montrer les dents au Cameroun, qui résiste depuis plusieurs années aux ingérences et aux tentatives déstabilisatrices des Américains.

Mais les USA ne se sont pas arrêté là : il y a un mois, le Monsieur Afrique de la Maison-Blanche, Tibor Nagy, a déclaré au cours d’une conférence de presse, qu’après le renversement par le peuple du régime d’Omar el-Béchir au Soudan, la situation sécuritaire du Cameroun serait la prochaine préoccupation du gouvernement américain.

C’est-à-dire que le Cameroun doit s’apprêter à un coup de force signé USA, mais l’art de guerre consiste surtout à désarmer par tous les moyens l’adversaire. Au seuil du 13 mai, date à laquelle le Conseil de sécurité devrait se réunir pour évoquer le Cameroun, c’est le défilé des Européens et des figures onusiennes à Yaoundé. Face aux pressions internationales, le Cameroun se dit prêt à organiser un dialogue pour résoudre la crise anglophone au Cameroun, mais exclut toujours toute discussion sur la partition du pays comme le prônent les séparatistes. À travers ce « non », on entend aussi l’opposition du Cameroun à toute forme d’ingérence concernant le régime politique à venir, dans le cadre de la réforme fédérative prônée par Washington.

Le Premier ministre Joseph Dion Ngute poursuit de son côté sa tournée entamée jeudi dernier dans les deux régions anglophones en crise. À Bamenda, où il a multiplié les rencontres avec les autorités locales, les politiques, les chefs religieux et divers groupes sociaux, il a dit être porteur d’une offre de dialogue de Paul Biya pour tenter d’enrayer l’escalade de la violence dans ces régions, en vue d’un retour à la paix.

De plus en plus, l’État camerounais appelle la Russie et la Chine à offrir leur médiation dans ce dossier brûlant qui s’est transformé en un coup de massue contre l’autorité de l’État et qui risque de servir de mobile à la guerre. Au Conseil de sécurité donc, il se pourrait que les choses aillent dans un sens complètement inattendu : un veto chinois ou russe changerait tout et pousserait directement le Cameroun dans le camp de l’Est. Déjà l’UE a senti ce danger. Le chef de la délégation de l’UE en visite au Cameroun a insisté sur le respect de l’intégrité territoriale du pays, façon de se démarquer des Américains.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV