TV

L'Armée américaine risque désormais de nouveaux blacklistage

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les officiers du CentCom réunis en Virginie, 2015 ©www.nationalguard.mil

Le Parlement iranien vient de ratifier à l'unanimité une loi qui désigne et classifie l’US Centcom comme une organisation terroriste. La zone des opérations de l’US Centcom inclue en effet tout le Moyen-Orient, l’Égypte et l’Afrique et s’étend jusqu’en Asie centrale. C'est une zone qui couvre plus de 70 % du monde musulman avec une concentration particulière en Irak (seconde guerre du golfe Persique de 1991, invasion de l’Irak de 2003) et en Afghanistan (2001 jusqu’à présent). Presque aussitôt après l'appel du conseil suprême de la sécurité nationale iranien en ce sens, le commandant du CentCom US est parti en tourné aux Émirats, en Irak, en Arabie saoudite puis au Qatar, craintif qu'il est à l'idée de la tournure que risque de prendre la décision parfaitement insane des décideurs de la Maison Blanche.  

Les rapports de force et l’équilibre stratégique flottant au Moyen-Orient ne sont plus en faveur de Washington. Conséquence logique de deux décennies d’errements et de perdition au détriment des intérêts stratégiques réels des États-Unis, littéralement piégés par les lobbies pro-israéliens.

Dans un article récent, daté du dimanche 16 avril, The Jerusalem Post estime que l’objectif du blacklistage par les États-Unis du Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI) est d’empêcher les administrations qui succéderont à celle de Trump de lever les sanctions contre l’Iran. À en croire le journal donc, ce qui a motivé Trump et Cie à ouvrir la voie à une confrontation militaire serait lié surtout à des querelles intestines qui s'intensifient au sein de l'appareil du pouvoir américain. Plusieurs candidats aux élections présidentielles US comme Bernie Sanders, Kamala Harris ou encore Elizabeth Warren ont annoncé leur intention de rallier l'accord nucléaire de 2015 que Trump a quitté en 2018. 

"Plus de la moitié des candidats démocrates ont promis qu’en cas de victoire de leur parti aux prochaines élections présidentielles, ils maintiendraient le Plan global d’action commun (PGAC) signé en 2015 à Vienne entre l’Iran et les 5+1. La décision de Trump vise donc à mettre des bâtons dans les roues de prochaines administrations américaines qui prévoiraient éventuellement une levée des sanctions anti-iraniennes, estime le journal qui ajoute : " Pour toute administration à venir, une démarche dans le sens d'un retrait du CGRI de la liste noire se solderait par un exercice de mandat difficile". 

"Mais le journal israélien, note le site d'analyse iranien Mashregh News, se trompe de ne voir qu'un seul côté de cette affaire de "blacklistage" : en effet même si les futures administrations US finiraient par revenir sur la décision de Trump, l'Iran, lui, risque de ne pas rendre la monnaie de leur pièce. En effet, c'est pour la première fois dans l’histoire contemporaine, qu'un État a blacklisté les forces militaires US et ce, dans une région où plus d'un pays est hostile à la présence militaire américaine. La Syrie, pays qui subit de plein fouet l'agression US, suivra certainement l’exemple iranien et classera le Centcom US comme une organisation terroriste. Dès lors, les attaques anti-américaines qui se sont multipliées ces dernières semaines à Hassaké et à Raqqa pourront s'étendre à travers toute la Syrie pour aller au-delà des frontières irakiennes où l'Amérique détient 17 000 soldats en dépit d'un ressentiment anti-US grandissant. 

"En Afghanistan, les Talibans ont depuis longtemps blacklisté les Américains mais le risque pour ces derniers est désormais le suivant : les Talibans pourrait prendre très prochainement le contrôle de l'État afghan ou néanmoins une grande partie de cet État. Depuis deux semaines, les forces US en Afghanistan sont régulièrement prises pour cible : 4 militaires américains tués il y a 10 jours, un B-52 abattu il y a une semaine et un drone américain visé il y a trois jours, ajoute le site avant d'évoquer l'escalade des tensions aux portes des États -Unis : " Et bien en termes de dé-dollarisation ou de recherche des mécanismes anti-sanction US, les Iraniens sont des pionniers. Il se peut que cette initiative de blacklistage de l'armée US fasse des émules en Amérique latine: imaginez un instant un Venezuela qui blacklisteriat l'US Army; ou un Cuba ou encore un Nicaragua qui en feraient autant. Les choses deviendraient parfaitement compliquée pour les Américains". 

Et l'article d'ajouter : " Et il y a pire. Trump a retiré les USA de la CPI pour éviter aux soldats US des procès dans le cadre des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre; une armée US blacklistée serait automatiquement traduisible devant les tribunaux nationaux. Ce qui veut dire que les membres du CentCom pourraient être considérés comme "terroristes" et arrêtés dans un pays tiers où ils pourront même être traduits en justice".

Le 8 avril, Trump et son secrétaire d'État Mike Pompeo ont blacklisté le CGRI. Le Conseil suprême de la sécurité nationale iranienne a répondu par affirmative à la lettre de Mohammad Javad Zarif dans laquelle il a demandé de placer les forces du CENTCOM (commandement central des États-Unis ) en Asie de l’Ouest sur la liste noire iranienne des groupes terroristes.

 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV