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Venezuela : les "réseaux du CGRI prêts à faire face aux agressions US"?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les militaires vénézuéliens lors d'une parade militaire. (Archives)

Le ministre russe des A.E a raison : lors d’une réunion du Conseil de politique étrangère et de défense Sergueï Lavrov a relevé l'échec tonitruant du coup d'État US au Venezuela, laissant entendre que cet échec en annoncerait bien d'autres : «Les Américains s'ingèrent ouvertement dans les affaires intérieures d'États souverains. Au Venezuela, la Blitzkrieg destinée à changer le gouvernement a échoué, mais les Américains ne renoncent pas à leur objectif d'y renverser le Président légitime ». En effet ce qui s'est passé au Venezuela où les Américains travaillent depuis des mois, en vain, à une action militaire concertée ne semble nullement avoir servi de leçon aux va-t-en guerre de Washington. Les États-Unis, ainsi que le constate Lavrov, « ont même sorti leur doctrine Monroe des boules à mites, ils menacent de s'attaquer ensuite à Cuba et au Nicaragua, comme s'ils ne comprenaient pas qu'ils s'opposent ainsi non seulement au monde latino-américain. Cette politique est inadmissible ».  

Le ministre russe des A.E aurait pu étendre son argument à l'Iran, cet autre allié de taille de l'État vénézuélien qui dans un geste bien significatif vient de rétablir un vol direct de Téhéran à Caracas, vol qui est arrivé lundi dernier au Venezuela avec à son bord une délégation diplomatique. Pour Jorge Arreaza, le ministre vénézuélien des A.E., le Venezuela approfondit ses relations avec les pays « amis » tels que l'Iran et la Russie « à un moment où ont lieu des agressions » de la part de l'administration de Donald Trump, laquelle convoite les richesses pétrolières du Venezuela et fait tout pour plonger ce pays dans le chaos, quitte à provoquer entre autre une implosion de l'OPEP. Ce qui explique la nécessité d'un engagement iranien aux côtés de l'Etat vénézuélien. 

La liaison aérienne irano-vénézuélienne continue de son côté à être commentée à Washington : Samedi, alors que le secrétaire d’État américain n'excluait pas une intervention militaire au Venezuela, il s'est mis encore à menacer directement l'Iran : Pompeo a dénoncé ce qu'il a qualifié « d'actes de sabotage iranien en Amérique Latine » auxquels « feraient face les États-Unis ». Interrogé par VOA, l'intéressé s'est dit sûr que les Iraniens et le Hezbollah sont aussi présents en Amérique latine via des réseaux que l'Amérique fera tout pour démanteler. 

Les menaces guerrières de Pompeo interviennent presque une semaine après la riposte iranienne au « blacklistage » du CGRI, une décision folle qui expose les forces américaines au Moyen-Orient. En effet, l'Iran a blacklisté toutes les forces US en Asie d'Ouest après que les États-Unis eurent placé une partie de ses forces armées sur leur liste noire : « Les conseillers militaires iraniens pourraient parfaitement avoir été activés au Venezuela en soutien à l'État et à l'armée vénézuéliens face aux agressions américaines. Pompeo ne cesse de menacer militairement le Venezuela. Les Américains disent vouloir s'en prendre aussi aux forces iraniennes au Moyen-Orient. Alors je ne vois vraiment pas pourquoi l'Iran devrait décliner l'appel à l'aide de l'État vénézuélien et de ne pas agir au cœur de ce que les USA considèrent comme leur arrière-cours latino américaine ? D'ailleurs cette vision est bien partagée par la Russie et la Chine qui s'inquiètent pour leurs intérêts pétroliers. Quant à l'Iran, il y a là une logique préventive qui justifierait la présence iranienne. Les milices terroristes que les États-Unis arment et financent et qui attendent "l'heure H" pour déclencher leur action depuis le Brésil ou la Colombie voisine n'ont rien moins que les terroristes de Daech et une déstabilisation du Venezuela n'est moins dangereux pour l'Iran qu'une déstabilisation de la Syrie », estime Amir Abolfath, expert des questions politiques avant d'ajouter : « Un face-à-face USA-Iran pourrait bien avoir lieu dans les semaines à venir. Or son théâtre pourrait bien être non pas le golfe Persique mais bien le sol vénézuélien. » 

Samedi, le secrétaire d'État US a menacé de lancer une action militaire directe contre le Venezuela : « L’option d’une intervention militaire au Venezuela est toujours sur la table....Or le soutien qu’apportent la Chine et la Russie au Venezuela rend difficile le processus de remplacer Maduro par Guaido, car Moscou et Pékin s’ingèrent sans le consentement du peuple vénézuélien dans les affaires intérieures de son pays et continuent à soutenir Maduro », a-t-il prétendu en allusion directe au scénario de guerre imaginé par les stratèges de guerre américain.  

La semaine dernière, le sénateur américain Marco Rubio, avait également réagi au rétablissement d'une liaison aérienne Téhéran-Caracas: « À moins que l'Iran ne devienne soudainement une source importante de touristes internationaux, c'est une raison supplémentaire qui montre que le régime de Maduro est une menace pour la sécurité nationale des États-Unis », avait -t-il écrit sur son compte Twitter.

« Un axe Iran-Russie-Chine engagé aux côtés de Caracas, est après tout une première en Amérique Latine. Il s'agit pour cet axe d'anticiper une guerre générale qui selon les Américains devra s'étendre après le Venezuela, à Cuba puis au Nicaragua. Mais l'ordre unipolaire n'existe plus. les Américains devront commencer à s'en apercevoir », souligne Abolfath. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV