L’Égypte s’est retirée donc du machin-chose conçu par les États-Unis avec les pétrodollars saoudiens, qui se nomme « OTAN arabe » et dont la vocation consiste à faire la guerre contre l’Iran. Le président al-Sissi, de plus en plus récalcitrant à l’oukase US, a d’ailleurs eu droit mercredi à un sévère avertissement signé Pompeo. « Le président américain Donald Trump imposera des sanctions à l’Égypte si le pays achète des avions de combat russes SU-35 », a-t-il dit lors d’un discours devant le Congrès.
Les Américains se disent aussi mécontents de l’appui en catimini qu’apporterait Le Caire à l’offensive militaire du général Haftar contre Tripoli.
La décision du Caire de renoncer à sa présence au sein d’une alliance guerrière contre l’Iran semble toutefois plus importante que toute autre : depuis que les États-Unis exigent du Caire son adhésion au Deal du siècle, quitte à faire du Sinaï une terre d’accueil pour les Palestiniens d’une bande de Gaza à annexer par Israël, les coopérations Le Caire-Washington et Le Caire-Israël deviennent de plus en plus difficiles. D’où un certain rapprochement entre l’Égypte et la Résistance palestinienne qui inquiète Tel-Aviv. Après l’annonce d’une reconnaissance américaine de l’occupation israélienne du Golan, al-Sissi semble toutefois décidé à marquer sa distance : les Américains veulent la guerre aux frais des Arabes, ce à quoi rechigne visiblement le président égyptien. La coalition militaire anti-iranienne parrainée par les États-Unis n’a pour l’heure ni programme précis ni feuille de route claire ; c’est un épouvantail stérile, sans cesse brandi alors que les États-Unis ont déclaré la guerre à l’Iran en « blacklistant » les forces armées iraniennes.
Leila Mazboudi, rédactrice en chef à la chaîne de télévision Al-Manar et Bassam, analyste franco-syrien des questions internationales s'expriment sur le sujet.
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