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L'armée française pourra-t-elle chasser les néolibéraux du pouvoir?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Emmanuel Macron, le 19 janvier 2017, à Toulon (Var), lors de ses vœux aux armées. ©AFP

En dépit de l’interdiction de manifester dans plusieurs villes françaises, de lourds affrontements éclatés entre les forces de l’ordre et les manifestants, ont marqué l’acte 20 des Gilets jaunes, le samedi 30 mars. Un fait nouveau : la police française commence à désavouer le pouvoir. 

À Nice et à Avignon, après treize heures de lourds affrontements, les forces de l’ordre qui tentaient de disperser les manifestants par la force ont traîné ces derniers d’une rue à l’autre.

« Macron démissionne », « La police est avec nous », « Le bourreau Castaner », « Où est la démocratie, où sont les droits de l’homme ? » et « Nous ne quitterons pas la rue » étaient les slogans les plus entendus parmi les Gilets jaunes qui contestent le capitalisme promu par le gouvernement d’Emmanuel Macron.

Samedi, la célèbre avenue parisienne a fait l’objet de mesures de sécurité inédites. La circulation des voitures y compris des deux roues y était interdite. Sans oublier la mise en place d’un périmètre de sécurité par le nouveau préfet de Police de Paris. Les postes de contrôle avaient  été aménagés pour la première fois dans les rues transversales des Champs-Élysées où des centaines de forces de l’ordre équipés d'équipements de guerre, dont le très dangereux lanceur de balle de défense LBD, avaient été déployés.

Signe alarmant pour le pouvoir, les policiers de base n’hésitent plus à contredire les versions officielles présentées par les autorités françaises et à faire fuiter leurs rapports dans les médias. La police affirme qu'elle ne veut plus faire le "méchant" face à un peuple envers qui elle a le devoir de protection et non pas de répression. Le tir de flash-ball contre l'une des figures du mouvement, Jérôme Rodrigues lors de l’acte 11 du 26 janvier, a marqué le début des divergences Police-Pouvoir: la version officielle voulait que M. Rodiguez ait été touché par les éclats d’une grenade de désencerclement et non par un tir tendu de LBD 40… jusqu’à ce qu’un policier reconnaisse dans son rapport avoir bien fait usage de son lanceur de balle de défense sur le lieu et dans le créneau horaire correspondant à la blessure du « Gilet Jaune ».

Lors de « l’accident » survenu à Geneviève Legay, une autre figure du mouvement,  lors de l’acte 19 du 23 mars, c’est encore un rapport de police, mystérieusement parvenu au site français Mediapart, qui a remis en cause la version officielle défendue par le président Macron et le procureur de Nice, contraignant ce dernier à revenir sur ses déclarations précédentes : « Ce, dont on est sûr à la vue des images, pixels par pixels, c’est qu’elle n’a pas été touchée par les forces de police, par un bouclier ou par un homme » Jean-Michel Prêtre, procureur de Nice, le 25 mars.

S'agit-il d'un amateurisme propre aux policiers ou des signes avant-coureurs d'un lâchage du pouvoir par la police et les forces de l'ordre? Les analystes optent pour la seconde hypothèse. On rappellera aussi les actes d’insubordination sur les lieux de manifestations – comme ce CRS frappant son supérieur hiérarchique à Toulouse en plein acte 15 – et on notera les témoignages concordants rapportant les propos de policiers de base excédés par les ordres reçus après la « bavure » dont fut victime Geneviève Legay. 

En haut lieux, la Macronie devra s'inquiéter réellement : parallèlement à cette méfiance grandissante des forces armées envers le pouvoir, un récent sondage recommandé auprès de l'institut Odoxa donne l'’armée comme étant l’institution à laquelle les Français font le plus confiance pour lutter contre le terrorisme, quel que soit le biais politique. Aussi, l’idée de placer « temporairement » un militaire à la tête du pays en cas de nouveaux attentats est majoritaire, 50% des sondés ayant répondu y être favorables [contre 49%]. À ce rythme la tentative du pouvoir de "diaboliser" les Gilets jaunes en les taxant de terrorisme pourrait bien retourner contre lui : en cas d'attaque terroriste, il se pourrait que M.Macron soit prié de céder la place à un militaire.  

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV