Le conflit résultant de l’occupation du Golan syrien date de 52 ans. Mais après toutes ces années, les ambitions et les enjeux restent toujours les mêmes.
La décision du président américain Donald Trump de reconnaître la souveraineté d’Israël sur les hauteurs du Golan ouvre la voie à une nouvelle étape qui n’est pas sans rapport avec le « Deal du siècle ».
Reconnaître la souveraineté de Trump sur le Golan ne change rien à l’appartenance du Golan occupé à la Syrie, une réalité renforcée depuis cinq décennies. Car, toutes les résolutions de l’ONU, dont la résolution 497 approuvée en 1980, ainsi que d’autres résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU, dénoncent l’occupation israélienne sur le Golan.
La reconnaissance de la souveraineté d’Israël sur les hauteurs du Golan a de plus confronté le président américain à la ferme opposition de ses alliés européens, ce qui diminue le peu de crédit que conservaient les États-Unis sur la scène internationale.
La décision de Donald Trump, qui prétend s’être bien documenté avant de la prendre, est fondée sur le soi-disant droit d’Israël à se défendre face à l’Iran. Il semblerait donc que la démarche US vise à ouvrir une nouvelle page dans les conflits entre Washington et son principal concurrent sur la scène internationale, qui n’est autre que Moscou.
Il va de soi que la décision de reconnaître la souveraineté d’Israël sur le Golan ne constitue pas une nécessité inévitable pour sauver les intérêts de Washington dans la région, ni même en Syrie. La démarche de Trump constitue à vrai dire un cadeau à son allié ou mieux dire son vieil ami, Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien, à l’approche des élections législatives dans les territoires occupés. Un cadeau qui ne conduira qu’à discréditer encore davantage les États-Unis sur la scène internationale.
Ni Trump ni son administration n’ont enquêté correctement sur les conséquences et les répercussions de cette démarche.
Cette décision, considérée par Trump comme un prélude à la mise en œuvre du « Deal du siècle » pour supprimer le droit au retour des réfugiés palestiniens, renforcera davantage les tensions, qui risquent de se transformer en un face-à-face militaire que le régime occupant d’Israël ne pourra pas contrôler.
En outre, les objectifs, qui consistent à utiliser la question du Golan comme un levier de pression sur la Russie pour ses positions en Syrie, ne seront pas atteints non plus. Malgré les intérêts communs entre les deux pays, la carte gagnante de l’Iran ne se joue pas à Moscou mais passe par Damas.
Ce qui compte le plus, c’est cette réalité historique que le Golan est un territoire syrien occupé qui doit être libéré.
Suite à la démarche de Trump, Vladimir Poutine, président russe, voit sa position renforcée, sans aucuns frais, sur la question du rattachement de la Crimée à la Russie et du conflit avec l’Ukraine.
Après avoir reconnu la souveraineté d’Israël sur le Golan, Trump n’est pas bien placé pour demander à Moscou de se retirer de Crimée.
Pour rendre service à Netanyahu, Trump attire l’attention du monde entier sur lui-même et son ami. Le régime israélien n’était pas pressurisé par la communauté internationale qui, jusqu’à présent, restait plutôt silencieuse face à cette occupation. Mais désormais, de vives accusations ont été portées contre les deux alliés, qui pourraient les contraindre à mettre fin à l’occupation du Golan. Le couple américano-israélien ne voulait en aucun cas se retrouver dans une telle situation.
Tout porte à croire que les conséquences pourraient être plus importantes que prévu et aboutir à tout le contraire de ce que désirait Donald Trump. Pour rattraper cette erreur, le président américain n’aura d’autre choix que de faire machine arrière et de concéder du terrain.