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Le massacre anti-musulman de Christchurch vise-t-il à embraser les Balkans?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un combattant serbe au Kosovo en 1990. ©DPA/Archives

La terrifiante manière dont s’est déroulée la liquidation d'au moins 49 musulmans néo-zélandais par le terroriste australien Bernton Tarrant dépasse largement un fait divers. Il y a bien sûr les relents de racisme islamophobe, de l’impact des décennies de la haine prêchée contre les Musulmans mais pas que cela. Les États Unis et l’OTAN travaillent ardemment à l’heure qu’il est à réactiver les plaques tectoniques ethniques aux Balkans, les mêmes qui ont provoqué, fin du 20ème siècle, l’une des pires guerres de l’histoire de l’humanité, provoquant l’éclatement de l’ex-Yougoslavie.

Le fait que les médias mainstream évoquent d’ailleurs le nom de la Turquie à titre de principal soutien des musulmans des Balkans, kosovars, albanais entre autres, est bien significatif. Au moment où l’OTAN travaille à l’adhésion du Kosovo qui vient tout juste de se doter d’une armée, que la Serbie connaît une période d’instabilité et de turbulence, il est bien significatif que des vidéos savamment filmées du massacre de Christrchurch mettent en scène le bourreau en train d’écouter une chanson exaltant le Serbe de Bosnie Radovan Karadzic. Dans son numéro daté de 16 mars, Libération écrit : « Sur les images diffusées sur internet et décrites comme filmées dans la voiture qu’il conduit vers les deux mosquées néo-zélandaises où il devait tuer 50 personnes, l’extrémiste de droite australien Brenton Tarrant écoute une chanson exaltant le Serbe de Bosnie Radovan Karadzic. 

Les Balkans l’intéressent, il s’y est rendu et des héros des ultranationalistes serbes figurent dans son panthéon: l’auteur du carnage de Christchurch a ravivé les blessures d’une région traumatisée par les guerres interethniques des années 1990.

Plus loin dans l’article, on lit des noms que le terroriste Tarrant avait inscrits sur ses chargeurs et parmi eux  figurent plusieurs héros des nationalistes serbes, célébrés pour leur lutte contre l’Empire ottoman: Marko Miljenov et Novak Vujosevic, guerriers orthodoxes du XIXe siècle; Milos Obilic, chevalier tué lors de la bataille de Kosovo Polje (1389), mythe fondateur de l’identité nationale et religieuse serbe; ou encore le roi médiéval Stefan Lazar, dont une statue érigée en 2016 dans la partie serbe de la ville divisée de Mitrovica, au Kosovo, pointe le doigt vers les zones majoritairement albanaises et musulmanes.

D’ailleurs, cette masse d’information trop calibrée que colporte depuis deux jours la presse dominante souligne la réaction de l’ambassadeur de Bosnie-Herzégovine en Australie, Mirza Hajric. Il dit :  dans ce chant glorifiant Karadzic, «De Bihac à Petrovo», il est dit «qu’il faut tuer les Turcs», vocable sous lequel les ultranationalistes serbes orthodoxes désignent volontiers les Bosniaques musulmans ».

La tuerie terroriste de la Nouvelle-Zélande vise-t-elle à raviver les pires moments de l’histoire des Balkans ? Les commanditaires aspirent-ils à ouvrir un nouveau front anti- russe dans cette région sur le dos des musulmans ?

La suite de l’article de Libération illustre bien cette tendance : « Durant l’ère ottomane, les Balkans ont été pendant cinq siècles une zone de contact et de conflits entre mondes musulman et chrétien. La référence au passé ottoman est une constante des ultranationalistes serbes. «La République serbe de Bosnie ne sera jamais la Turquie» est un slogan classique des meetings politiques dans l’entité serbe de ce pays toujours divisé sur la base de lignes communautaires. »

Selon les autorités locales, Tarrant s’est rendu dans la région fin 2016-début 2017, au Monténégro, en Serbie, en Bosnie et en Croatie, puis en Bulgarie en novembre 2018. Il est également allé en Turquie.

La Communauté islamique de Bosnie a jugé «particulièrement inquiétant» que «l’assassin ait entamé son équipée sanglante au son d’un chant glorifiant les crimes de guerre en Bosnie» et «était clairement inspiré par la même idéologie extrémiste» que les tenants de la Grande Serbie des années 1990.

Quant aux Serbes, ils semblent se trouver devant un fait accompli : Lui-même Serbe de Bosnie, le ministre bosnien des Affaires étrangères Igor Crnadak a dénoncé «l’hystérie anti-serbe» et jugé «irresponsable d’établir un lien entre les agissements fous d’une personne perturbée et malade, et un peuple tout entier». À Belgrade, le chef de la diplomatie Ivica Dacic a insisté sur le fait que «la Serbie n’avait rien à voir avec» ce massacre. Établir un lien porte «préjudice aux intérêts serbes», selon lui.

Une chose est sûre : les planificateurs de l’attaque de Chrischurch ont monté un impeccable scénario propre à relancer une nouvelle croisade.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV