Le conseiller à la sécurité nationale de l’Irak, également président de l’organisation Hachd al-Chaabi, a fait état d’un grand plan destiné à assurer la sécurité des frontières irakienne avec la Syrie. Ce plan prend toute son importance quand on sait que les Etats-Unis, jugés "pays non grata" par une majorité d'irakiens, travaillent d'arrache pied à la création d'une "Hachd américaine" dans l'espoir de pouvoir contrer cette dynamique désormais irréversible qu'est celle de l'expulsion de l'occupant américain.
Depuis l'annonce du retrait US de Syrie qui a permis aux Etats-Unis de reconfigurer leurs forces dans la région, les Américains veulent de nouvelles bases militaires en Irak, ce à quoi s'oppose vigoureusement l'Etat irakien. Les USA préparent-ils leur guerre contre la Résistance? L'une des principales composantes des Hachd al-Chaabi, Al Nujaba a été cette semaine blacklisté par les Etats-Unis, signe qu'une confrontation directe est ouverte. Mais la partie est loin d'être gagnée. Le conseiller irakien pour la sécurité et commandant en chef des Hachd rendait visite samedi aux positions militaires de ses forces sur les frontières syro-irakiennes.
En visite dans la zone frontalière entre l’Irak et la Syrie, près de la ville stratégique syrienne d’Abou Kamal, Faleh al-Fayad a souligné que d’importantes mesures de sécurité seraient prises sur les frontières communes irako-syriennes. L'objectif étant évidemment de contrer l'infiltration des terroristes daechistes mais aussi les plans de leurs commanditaires.
Compte tenu de la présence du chef des Hachd al-Chaabi aux frontières de son pays avec la Syrie, d’une part, et du fait que la plupart des dangers sécuritaires menacent généralement les régions irakiennes, il semble que la première et la plus fondamentale étape de l’exécution de ce plan doive avoir lieu dans cette région frontalière.
La fin officielle du groupe terroriste Daech a été annoncée en Irak il y a plus d'un an et 2 mois, et ce alors que les insécurités éparses largement imputées aux résidus de Daech continuent de menacer l’Irak. Dans ce contexte, dans le cadre du nouveau plan révélé, l’accent a été mis sur l’éradication de Daech dans son intégralité et pour atteindre cet objectif il faut compter sur les capacités efficaces des Hachd al-Chaabi et des forces tribales et nomades, ainsi que d'autres forces militaires irakiennes, exactement comme la mobilisation générale qui a eu lieu lors de la conquête de Mossoul.
Alors que toutes les voix sont unanimes au sein des courants et partis politiques irakiens concernant l’impératif du retrait des États-Unis d’Irak, il semble que le plan proposé par Faleh al-Fayad envisage tous les aspects de la question afin d'éliminer les prétextes présumés de la présence US dans le pays.
En effet, à al-Anbar, les choses ne vont pas du tout dans le sens souhaité par les États-Unis. La population irakienne largement méfiante face aux Américains a fait le choix des « Hachd » pour assurer sa protection. La multiplication des bases US à travers la province d’al-Anbar n'a pas non plus servi la cause américaine, toutes les bases étant sous surveillance de la Résistance irakienne. Même les patrouilles des forces US se sont avérées stériles et humiliantes pour les forces américaines parce qu'arrivés à un certain point, les Hachd ont poussé les Américains à rebrousser chemin. Que faire? Retourner à la case départ. Après avoir créé Daech à l'aide des résidus baathistes, les généraux du Pentagone cherchent à refaire le coup, mais cette fois à l'aide des tribus sunnites. Le plan peut-il réussir?
Il y quelques jours, des militaires américains et des chefs de certaines tribus dans les provinces irakiennes de Ninive, d’al-Anbar, et de Salaheddine avaient été invités à une réunion tenue dans la base US d’Aïn al-Assad. Lors de cette rencontre, il a été convenu de former, par les États-Unis, des groupes liés à ces tribus. Ces groupes seront également équipés d’armes légères et semi-lourdes. Les Américains veulent surtout que ces « milices armées » agissent en dehors du cadre des forces militaires officielles irakiennes, dont les Hachd al-Chaabi ; une tentative destinée à briser encore une fois l'armée nationale irakienne. Les Américains projettent de former ces groupes dans les deux bases d’Aïn al-Assad et d’al-Habaniya.
Il est vrai que les débats au sein du Parlement irakien pour entériner une législation sur l’expulsion des troupes américaines d’Irak ne sont pas du goût des États-Unis. Les USA ne peuvent non plus digérer la vaillante résistance des Hachd al-Chaabi contre les tentatives d’infiltration de Daech depuis la Syrie qu’organisent ces jours-ci les Américains.
Récemment, des sources irakiennes ont fait publier un rapport concernant l'infiltration nocturne de véhicules militaires américains dans le territoire irakien via la Jordanie. Ledit rapport se penche sur la révélation faite le 2 mars à l'appui des photographies aériennes par le Hezbollah irakien sur la localisation précise de deux nouvelles bases américaines dans la région d’al-Anbar, dans le triangle frontalier Irak-Syrie-Jordanie.
Cette nouvelle coïncide avec celle divulguée par des sources de sécurité irakiennes à la chaîne Sumaria, concernant les opérations de l’armée irakienne contre des réseaux dormants de Daech qui ont attaqué ce jeudi les Hachd al-Chaabi, dans la région de Makhmour à l’est de Mossoul.
Outre les pressions politiques sur les Hachd, la multiplication des patrouilles de l’armée américaine observées ces dernières semaines dans la province de Ninive et à la frontière Irak-Syrie ont renforcé l'hypothèse d’une nouvelle série de tentatives de Washington de déstabiliser l'Irak dans le but d'y justifier la prolongation de leur présence militaire.
