Les prévisions alarmistes se multiplient en Israël et c'est sans doute en ce sens que le CentCom US en Europe se met à bouger : Une seule batterie de THAAD vient de s'installer dans le sud d'Israël. La raison? Un général de réserve de l’armée israélienne et spécialiste des questions militaires et sécuritaires fournit visiblement la réponse : le nord d’Israël se trouve sous la menace de dizaines de milliers de missiles et de roquettes - principalement du Liban, mais également de Syrie, d’Irak et même d’Iran. En effet, au cas où une confrontation majeur venait à éclater, le système de défense antimissile israélien ne saurait le contrer, affirment les milieux d'experts en Israël.
"Le peuple israélien peut-il faire confiance à la force aérienne et à notre système multi-niveaux de missiles intercepteurs capable de contrer la menace des missiles du Nord ?, s’interroge l’ingénieur israélien Ran Rogel qui a travaillé pendant des décennies chez Rafael (industrie militaire israélienne) et sa réponse, rapportée par la presse israélienne, est catégorique: « Non ! ».
Rogel présente "deux séries d’arguments" afin de prouver qu’"Israël n’est pas prêt à faire face aux attaques au missile lancées depuis le Nord "et qu’"il ne faut pas compter uniquement sur l’armée de l’air israélienne et les systèmes à plusieurs niveaux des missiles intercepteurs".
Mais pourquoi?
Et l'ingénieur de répondre : " La première série d'arguments est basée sur des faits provenant de l’établissement de défense lui-même: en substance, Israël n’a jamais et n’aura jamais assez de missiles pour intercepter la grande quantité de missiles tirés par l’ennemi tous les jours et toutes les nuits sur les territoires occupés, avec des barrages et à un rythme rapide.
A titre d’illustration: chaque jour, plus de 2 000 missiles et roquettes ennemis seront lancés à différentes distances. Une grande partie d’entre eux tombera dans un champ, mais quelques centaines d’autres (principalement des missiles guidés par GPS) devront être interceptés. Et intercepter signifie tirer deux missiles depuis nos différents lanceurs d’intercepteurs", fait remarquer le technicien qui ajoute :
"La seconde série d'arguments est financière, et c’est effrayant: selon une estimation approximative, en un jour de combat, nous allons tirer environ 1 400 intercepteurs dont le prix (selon les types de lanceurs, du Dôme de fer à Arrrow 3) est de 1,3 milliards de dollars. En d’autres termes, seulement 10 jours de combat nous coûteront (sans toutes autres dépenses de la guerre) près de 15 milliards de dollars. Et si la guerre durait 20 ou 30 jours ? Nous devrons imprimer des dollars pour fabriquer de nouveaux intercepteurs ?, a expliqué l'expert israélien".
Une question se pose d'emblée :" dans ce contexte, la récente initiative des CentCom américain en Europe de déployer une seule batterie de THAAD (Terminal High Altitude Area Defense] est-ce suffisante pour endiguer des attaques balistiques d'envergure? Et de surcroît, le président américain Donald Trump, connu pour ses susceptibilités économiques, est-il prêt à mobiliser de larges moyens financiers à l'effet de soutenir militairement Israël dans sa guerre des missiles? Pour de nombreux experts, la décision américaine de déployer une seule batterie THAAD en Israël relève d'une part d'un aveu d'impuissance de la part d’Israël et de l'autre d'une véritable coup fourré US. Car après tout, ce n'est pas avec une seule batterie que des milliers de missiles pourront être contrés.