Au lendemain des propos du ministre iranien des Affaires étrangères sur la préparation d’une « surprise » pour Donald Trump et d’un entretien du président de l’Organisation iranienne de l’Énergie atomique où il n’a pas exclu la reprise de l’enrichissement d’uranium à 20 %, la télévision israélienne a révélé une visite en catimini du chef de MI6 à Tel-Aviv où l'intéressé aurait évoqué le dossier nucléaire iranien. Quel pourrait être la nature de la surprise iranienne?
Lors d’un entretien exclusif avec le quotidien germanophone suisse Basler Zeitung, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a déclaré, vendredi 22 février, que « puisque Donald Trump aime l'élément de surprise, alors nous allons le divertir ».
En mai 2018, le président des États-Unis Donald Trump a retiré unilatéralement son pays du Plan d'action global commun (PAGC) et imposé à la République islamique d’Iran ce qu'il a appelé les sanctions les plus sévères de toute l'histoire.
La visite en catimini du chef de MI6 à Tel-Aviv
Dans ce droit fil, la chaîne 13 de la télévision israélienne a révélé, vendredi soir, une visite en catimini du chef de MI6 à Tel-Aviv pour discuter avec les responsables du renseignement israélien du programme nucléaire d’Iran.
Alexander William Younger, chef exécutif du service de renseignements extérieurs du Royaume-Uni (MI6), s’est rendu, la semaine dernière à Tel-Aviv, dans le cadre d’une visite secrète, afin de discuter avec ses homologues israéliens de « possibles cas de violation » de l’accord nucléaire 2015 par l’Iran, selon la chaîne 13 de la télévision israélienne.
En visite à Tel-Aviv, lundi 18 février, Alexander William Younger a rencontré le chef du Mossad Yossi Kohen et d’autres responsables du renseignement israélien, ajoute la chaîne 13.
La télévision israélienne fait allusion aux évaluations de Tel-Aviv afin de justifier ses accusations : « l’Iran prépare des mesures quant à l’accord de 2015, mais il n’a pas encore décidé, au niveau politique, de se diriger vers la fabrication de la bombe atomique ».
En se référant à « des sources occidentales », la chaîne 13 réaffirme que le sujet « aurait été traité lors de la Conférence de Munich sur la sécurité ».
« L’Iran a récemment repris la fabrication de centrifugeuses dans le cadre de l’accord nucléaire et il s’apprête à reprendre son enrichissement d’uranium », a-t-on appris de la chaîne israélienne.
Et d’ajouter : « L’Iran prépare des infrastructures nécessaires afin de pouvoir violer l’accord nucléaire à tout moment où une décision sera prise sur le plan politique ».
Le reportage de la chaîne israélienne contredit toutefois le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique lequel confirme la nature pacifique des activités nucléaires iraniennes et ce, pour la 15ème fois consécutive.
L’Iran prêt à reprendre ses activités d’enrichissement
Dans une interview exclusive avec la chaîne de télévision Al-Jazeera, le président de l’Organisation iranienne de l’Énergie atomique Ali Akbar Salehi a déclaré que la République islamique d’Iran était en mesure de reprendre très rapidement ses activités d’enrichissement d’uranium à 20 %.
« Techniquement parlant, nous sommes en mesure de revenir à une situation meilleure qu’avant la conclusion de l’accord nucléaire. Si un jour la Commission iranienne pour le suivi et la supervision de l’accord nucléaire décide d’un retrait de l’accord, nous, auprès de l’Organisation de l’Énergie atomique, nous aurons la capacité d’enrichir de l’uranium à un niveau plus élevé », a souligné Ali Akbar Salehi.
Interrogé pour savoir si l’Iran reprendra l’enrichissement de l’uranium à 20 % si les sanctions US persistent, M. Salehi a répondu que cette décision devra être prise par la Commission iranienne pour le suivi et la supervision de l’accord nucléaire et le Leader de la Révolution islamique.