Les principaux législateurs et responsables militaires américains exhortent les alliés des États-Unis en Europe à engager des centaines de soldats pour créer une zone tampon dans le nord-est de la Syrie, à la frontière avec la Turquie, alors que la majeure partie des troupes américaines s’en retirent. S’ils sont d’accord, le président Trump est disposé à garder des troupes américaines là-bas pour les aider, a déclaré le sénateur républicain Lindsey O. Graham cité par le Washington Post, le 15 février.
Lors d’un discours à la Conférence sur la sécurité de Munich, Graham a exposé ce qu’il a appelé « une stratégie post-califat » selon laquelle les États-Unis proposent à leurs alliés européens la création d’une « zone de sécurité » dans le Nord-Est syrien pour protéger les Forces démocratiques syriennes (FDS), l’alliance arabo-kurde, et éviter une résurgence de Daech. Les pays européens sont appelés à y déployer une force d’observateurs d’environ 1 500 hommes. En échange, Donald Trump serait prêt à maintenir un détachement de 200 soldats dans des fonctions de commandement et de contrôle ainsi que de renseignement.
Il a déclaré à l’auditoire principalement européen qu’il avait longuement discuté du plan avec Trump et que, sur la base de ces conversations, les législateurs et les responsables américains profiteraient de leurs réunions bilatérales lors de la conférence pour demander aux alliés européens de participer à ladite stratégie.
Il a déclaré que le général Joseph Dunford, chef d’état-major américain, demanderait également aux dirigeants européens de fournir des troupes dans le nord-est de la Syrie. Il a ajouté que « le califat temporel de [Daech] avait pratiquement disparu, à l’exception de quelques poches restantes qui sont en cours de nettoyage ». M. Graham a remercié Trump d’avoir intensifié la campagne américaine contre les extrémistes.
« Nous avons tous souffert de la création du califat. Maintenant, il est détruit. Qu’est-ce qui suit ? La stratégie post-califat devrait être différente de la lutte pour la destruction du califat », a-t-il déclaré.
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M. Graham a évoqué des attaques terroristes européennes organisées ou inspirées de Daech et a soutenu que « les pays européens ont un intérêt vital à assurer la stabilité dans les zones de Syrie récemment libérées et qui échappent encore au contrôle d’Assad ».
« Si nous n’avons pas de plan, la Turquie ira en Syrie pour affronter les YPG », a-t-il indiqué, évoquant le groupe kurde syrien soutenu par les États-Unis et considéré par la Turquie comme une organisation terroriste. « Il incombe à l’Occident de protéger les forces kurdes qui ont fait la plus grosse part du travail jusqu’à présent. Nous avons besoin d’une zone de sécurité pour traiter ce problème. Les troupes dans cette zone de sécurité doivent veiller à la réémergence de [Daech]. Vous pouvez le faire avec une fraction des forces que vous aviez dans le passé », a-t-il ajouté.
Rien ne présage que la nouvelle mission sera menée sous un drapeau de l’OTAN, mais il est spécifiquement demandé à des pays membres de l’OTAN de fournir des troupes, notamment la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne.
Les législateurs et les responsables américains présentent cette idée aux dirigeants européens lors de réunions tout le week-end. Ils savent qu’elle sera difficile à vendre, étant donné que Trump est impopulaire en Europe.