La scène politique jordanienne a récemment été témoin d’événements qui ont soulevé des questions sur le type de politique étrangère que poursuivait Amman. La Jordanie est-elle en train de sortir du cercle des alliés saoudiens? Se cherche-t-elle de nouveaux alliés?
Le roi de Jordanie, Abdallah II, s’est rendu en Turquie ce samedi où il a rencontré le président turc, Recep Tayyip Erdogan. L’entretien entre les deux dirigeants a porté sur le renforcement de la coopération entre les deux parties, a rapporté l'agence de presse Fars News.
Abdallah II a été chaleureusement accueilli par Erdogan lors de cette visite et les deux parties se sont mises d'accord sur le développement de la coopération bilatérale, notamment dans les domaines de l'économie et de l'investissement.
La Turquie a suspendu au mois de mai dernier, la mise en œuvre d’un accord de libre-échange avec la Jordanie, signé en mars 2009 et entré en vigueur en mars 2011. À la suite de cette initiative de la Turquie, le gouvernement jordanien a commencé, il y a deux mois, à mettre en œuvre un système de taxe douanière sur les produits importés de la Turquie.
Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Omar al-Razzaz, a également rencontré son homologue irakien Adel Abdel Mahdi au point zéro de la frontière entre les deux pays et pour la réouverture du point de passage de Tribil. Selon des sources d'information irakiennes et jordaniennes, ont été ainsi signés, 14 accords dans le domaine de l’exportation pétrolière, des affaires douanières et des importations et exportations de marchandises autres que le pétrole.
L'Arabie saoudite et d’autres pays arabes n’ayant pas satisfait les engagements financiers de la Jordanie, celle-ci a été menée à suivre la politique de "diversification des relations régionales" et à se trouver de nouveaux alliés, et peut-être d’envisager de s'éloigner de l'axe saoudien. D’autant plus que le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane a évité lors de sa récente tournée dans les pays de la région de se rendre en Jordanie.
La Jordanie a des différends avec les Saoudiens dans de nombreux domaines, y compris sur la guerre au Yémen, celle de Syrie et le problème israélo-palestinien. Et elle a essayé de maintenir un certain degré d'indépendance pour ses décisions de politique étrangère. Et en dépit de l’insistance des EAU et de l’Arabie saoudite, elle a refusé d’envoyer ses troupes au Yémen sans oublier qu’elle s’est contentée de réduire ses relations diplomatiques avec la Syrie alors que tous les autres pays arabes fermaient leurs ambassades dans ce pays.
Actuellement, avec l’adoption, semble-t-il, d’une nouvelle politique étrangère, on est en droit de se demander si Amman est en train de se rapprocher de Téhéran et de Damas ?
Le journal Al-Quds Al-Arabi a écrit une revue signée par Bassam al-Badarin qui a rappelé le rôle et la place de l’Iran dans la région : « Aujourd’hui, on peut difficilement dire que les relations entre l’Iran et la Jordanie sont encore dans un cercle de doutes et d’hésitations. Elles ne sont pas encore au stade d’une entente parfaite mais elles sont en tous les cas calmes et détendues ».
« Il est difficile d’imaginer que les intérêts régionaux d’Amman passeraient sans un minimum de relations avec l’Iran », a-t-il indiqué.
Concernant la Syrie, Amman semble aussi sur la bonne voie puisqu’il a désigné tout récemment un chargé d’affaires dans ce pays. Sans oublier que plusieurs délégations jordaniennes ont voyagé récemment à Damas et que le président du Parlement jordanien a invité son homologue syrien à participer à la prochaine conférence de l'Union interparlementaire arabe (UIPA) qui se déroulera en Jordanie.