Dans ce numéro de Zoom Afrique :
L’actualité en Afrique :
Les analyses de la rédaction :
Israël Afrique
Depuis l’officialisation de la présence israélienne en Afrique, marquée par la normalisation des liens entre Tchad et Israël, on ne parle que de cela : la probable visite du Premier ministre israélien au Mali. Il va sans dire que la population malienne, elle-même victime d’une occupation militaire qui dure depuis six ans et qui veut ni plus ni moins la fin de l’État malien, ne peut nourrir aucune sympathie envers un régime israélien qui tue et terrorise les Palestiniens, surtout que le Mali est l’un des plus grands États musulmans d’Afrique de l’Ouest. Un Netanyahu n’y serait pas le bienvenu. À quoi rime donc la probable visite de Netanyahu au Mali ? Les analystes voient là surtout une manœuvre française, vu la demande d’aide de la France dans les quatre coins du monde, non seulement pour investir dans le G5 Sahel, mais aussi pour récupérer des pans entiers de son pré carré, rogné par l’influence grandissante chinoise et russe sur le continent africain.
Dans un premier temps, la situation ressemblait plutôt à un accord entre Paris et Tel-Aviv, qui aurait demandé un changement de comportement du président Macron concernant sa politique au Moyen-Orient, et donc un engagement militaire en Afrique de la part de Netanyahu. Certes, le Tchad est à la fois frontalier avec la Centrafrique, mais il abrite aussi le commandement du G5 Sahel. Quant au Grand Mali, c’est le bourbier dans lequel se trouve Paris qui le pousse à demander de l’aide. La résistance accrue de la population a paralysé la force Barkhane et toutes les tentatives françaises ont échoué : le plan de découpage, la volonté de créer une ambiance anti-Peuls, celle d’inciter à la haine interreligieuse. Le dernier recours est sans doute la liquidation des noyaux de résistance au nom de la lutte contre le terrorisme. On appelle donc à l’aide les terroristes israéliens. Car qu’est-ce qu’Israël pourrait apporter de plus que la France ou les États-Unis au Mali si ce n’est plus de violences dirigées contre la population ? Tel-Aviv est un spécialiste des tueries de masse prétendument « propres ». Israël peut donc apporter de l’aide au G5 Sahel et, pourquoi pas, intégrer le groupe militairement. Ce qui pourrait officialiser sa présence sur le continent et lui permettre donc de sortir de l’ombre une bonne fois pour toutes. Et puis l’importance de l’Afrique n’est pas une chose à laquelle Israël pourrait renoncer par ces temps difficiles où il est le vrai perdant des jeux qui se jouent au Moyen-Orient.
Corne de l’Afrique
On a voulu pousser el-Béchir à renoncer à la Russie et à rejoindre le bloc américain dans la Corne, mais les choses semblent aller dans un sens opposé au plan prémédité.
Il y a 2 jours de cela, le président soudanais Omar el-Béchir a annoncé, personnellement, la réouverture de la frontière avec l’Érythrée, dont il avait ordonné la fermeture il y a un an après avoir décrété l’état d’urgence dans la région de Kassala (Est) pour lutter contre le trafic d’êtres humains et d’armes. Les réactions, face à cette décision, ne se sont pas fait attendre. En effet, l’Éthiopie a exhorté son voisin, le Soudan, à contrôler les armes introduites clandestinement à travers la frontière commune aux deux pays, qui risqueraient de porter atteinte aux relations diplomatiques entre les deux pays, selon le ministère éthiopien des Affaires étrangères. Une ouverture de frontière qui n’était pas prévue dans le programme occidental de réunification du bloc de l’Est. Il y a de quoi mettre des bâtons dans les roues de ce projet. Certes, en septembre 2018, l’Érythrée a signé un accord portuaire avec la Russie, tout de suite après la signature de l’accord de paix avec son voisin éthiopien. Cet accord russo-érythréen concerne la construction d’une plateforme logistique dans l’un de ses ports. Mais outre cet accord, la Russie a aussi officialisé sa présence au Soudan. Des « instructeurs militaires » russes sont bien présents au Soudan aux côtés des forces gouvernementales et du président Omar el-Béchir, a confirmé le Kremlin, sans donner plus de précisions, ce qui agace les États-Unis et aussi l’Europe. Certains experts affirment que l’Éthiopie deviendra une grande économie en Afrique d’ici quelques années, ce qui fait que la France, l’Allemagne et aussi l’Italie essayent de prendre part à cette économie florissante. S’ajoute à cela son emplacement stratégique dans la Corne de l’Afrique, ce qui en fait un pays convoité. Dans l’intérêt de l’Éthiopie, il était surtout important dans un premier temps de récupérer son accès à la mer Rouge. Le président djiboutien n’ayant pas trop envie d’intégrer ce nouveau bloc de l’Afrique de l’Est, du fait qu’il est sous le feu d’accusation en tout genre. Certains médias locaux avancent même l’idée qu’un coup d’État se préparerait contre lui. Étant donné que la Chine a une grande influence sur Djibouti, surtout sur le port de Doraleh, il est clair que les États-Unis et l’Europe ne veulent en aucun cas que Pékin augmente encore plus son influence dans la région. Quoi qu’il en soit, les événements montrent un nouveau projet colonial traversant l’Afrique d’ouest en est. Mais le bloc occidental et le bloc de l’Est continuent de se mettre des bâtons dans les roues afin de préserver leurs intérêts au détriment de la population.
Centrafrique
En vigueur depuis 2013, l’embargo sur les armes imposé à la Centrafrique pourrait bientôt toucher à sa fin. Le Conseil de sécurité de l’ONU l’a renouvelé, jeudi, pour un an, mais la France, qui a rédigé le texte, a ouvert pour la première fois la porte à son assouplissement. Analyse du géopoliticien Luc Michel.
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