Le roi jordanien s’est rendu ce lundi 14 janvier en Irak dans le cadre d’un voyage officiel, plus d’une décennie après son dernier séjour dans ce pays. Le journal arabe Raï al-Youm a décrypté les raisons qui ont poussé Abdallah II à faire cette visite.
Le dernier voyage du roi jordanien en Irak remonte à 2008, lorsqu’il est devenu le premier dirigeant arabe à se rendre à Bagdad après le renversement de l’ancien dictateur irakien Saddam Hussein en 2003.
Le Premier ministre irakien, Adel Abdul Mahdi a reçu Abdallah II à Bagdad. Ils ont discuté, selon les sources irakiennes, d’un large éventail de questions politiques, sécuritaires et économiques.
Le renforcement des liens bilatéraux dans tous les domaines était au centre des discussions entre les autorités des deux pays.
Le journal arabe Raï al-Youm a décrit la visite du roi jordanien comme un tournant dans les politiques régionales d’Amman.
La visite d’Abdullah II en Irak ainsi que le démenti officiel d’informations sur le comportement sectaire d’Amman envers les Irakiens indiquent qu’Amman a fait un pas de plus dans le processus de rapprochement de l’Irak et qu’il a fait marche arrière sur ses positions à propos du « Croissant chiite ».
L’expression du « Croissant chiite », désignant l’axe chiite Téhéran-Bagdad-Damas-Beyrouth, a été lancée pour la première fois par le même roi jordanien en 2004 afin de brandir la prétendue menace d’une alliance chiite dans la région.
Faisant référence à la visite simultanée de Mohammad Javad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères en Irak, le journal arabe a déclaré : « La Jordanie sait clairement que, pour exercer une influence à l’Est, elle devra entretenir des liens avec les amis de Téhéran en Irak, l’hostilité à leur égard n’ayant rien apporté à la Jordanie dans le passé. L’amitié avec les amis de Téhéran en Irak préparera le terrain pour l’amélioration des relations avec la Syrie. »
Dans une autre partie de son article, le journal arabe estime que l’amélioration des relations avec l’Iran aiderait Amman de tirer avantage de l’existence de ce « Croissant chiite » pour parvenir à unir la région dite du « Croissant fertile ». La formation d’un tel croissant offrirait à la Jordanie le double avantage d’ouvrir des canaux de communication avec ses voisins et de prendre un peu ses distances avec l’Arabie saoudite.
Le Croissant fertile est une expression désignant une région du Proche-Orient formant une bande de terres délimitée au sud par le désert de Syrie, à l’ouest par la mer Méditerranée et au nord et à l’est par les montagnes du Taurus et du Zagros. Il traverse la Palestine, la Jordanie, la Syrie, le Liban, le sud-est de la Turquie, le nord et l’est de l’Irak, et l’extrémité ouest de l’Iran.
La Jordanie avait des liens privilégiés avec l’Irak sous l’ancien dictateur Saddam Hussein, qui fournissait au royaume du pétrole bon marché en échange d’un accès à Aqaba, devenu une bouée de sauvetage pour les revenus pétroliers irakiens, la guerre avec l’Iran rendant impossible toute exportation depuis le golfe Persique.