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À Bagdad, Le Drian prend-t-il le chemin de Damas?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des parachutistes français forment des membres du contre-terrorisme irakien, le 11 avril 2016 à Bagdad. ©AFP

Alors que la France traverse une période de crise sociale ouverte, le chef de la diplomatie française s’est rendu très discrètement au Moyen-Orient. Au journaliste de CNNEWS qui l’interrogeait le 10 janvier sur les objectifs de sa tournée régionale, M. Le Drian n’a pas souhaité fournir des explications qui s’imposent. Le ministre a préféré maintenir le flou sur le pourquoi de cette visite qui l’a conduit le 13 janvier à Amman puis à Bagdad et ce mardi 15 janvier à Erbil.

À Amman, le chef de la diplomatie française a affirmé que la guerre (française) contre Daech n’est pas achevée, voulant dire que les forces françaises ne quitteront pas la Syrie de sitôt, même si le « Big Brother » US a décidé de les laisser tomber en annonçant son retrait du bourbier syrien. Mais le point de presse conjoint du ministre Le Drian avec son homologue jordanien contenait une petite phrase bien significative« Si le président Bachar el-Assad est candidat, il sera candidat. Ce sont les Syriens qui doivent décider de leur avenir ». Pour de nombreux analystes, bien que la France cherche à donner l’impression d’une certaine ténacité dans le dossier syrien, pour éviter sans doute qu’elle soit accusée par l’opinion publique d’avoir fait le mauvais choix et d’avoir persisté à le maintenir pendant sept longues années, la phrase de Le Drian est déjà un aveu d’échec et une tentative pour ouvrir une brèche. 

Pour Hanif Ghafari, « la France semble s’être totalement désespérée de pouvoir faire une quelconque percée en Syrie post-victoire militaire, à l’aide des Russes. Ces derniers lui ont d’ailleurs apposé dès la libération de Deraa une fin de non-recevoir catégorique. Un premier convoi d’aides humanitaires français distribué dans la Ghouta Orientale et dans une localité pro-Assad a été le dernier. D’où d’ailleurs la colère française et sa participation aux raids israéliens de septembre 2018, participation que Moscou a décidé de passer sous silence, pour maintes raisons. Or, les milieux diplomatiques français ont dû à l’heure qu’il est, s’interroger sur le sort de leurs troupes en Syrie et plus globalement, sur l’avenir de leur aventure syrienne. La visite de Le Drian en Irak devrait s’interpréter en ce sens ».      

Le ministre français des Affaires étrangères s'est ainsi rendu à Bagdad où il a rencontré le Premier ministre entre autre et a évoqué des coopérations bilatérales et aller jusqu'à proposer un prêt d'un milliard d'euros sur quatre ans pour aider à la reconstruction.  "Il va sans dire que la reconstruction de l'Irak n'est pas le souci premier de Paris qui y est présent depuis dix ans. La France semble vouloir se tailler un chemin en Syrie et entrer en contact avec Damas via les amis irakiens de l'État syrien. C'est une hypothèse d'autant plus plausible que la carte kurde sur quoi Paris avait largement compté ne semble plus pourvoir se jouer, néanmoins dans le sens souhaité par la France. Avec la Turquie, l'idée de créer un Kurdistan syrien n'est plus à l'ordre du jour. Le fait que Le Drian se rend au mausolée de l'imam Ali pourrait être un signal d'ouverture voire un appel à l'aide à l'adresse de la Résistance", ajoute l'expert iranien.  

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian s’est rendu, lundi 14 janvier, à Erbil, chef-lieu de la région du Kurdistan irakien. Il a été accueilli à l’aéroport d’Erbil par le Premier ministre de cette région Nechirvan Barzani avec lequel il s’est entretenu, un peu plus tard, des relations bilatérales, des changements et développements dans la région et de la poursuite du soutien du gouvernement français à la région du Kurdistan irakien. Massoud Barzani en tient toujours rigueur à la France d'avoir refusé de l'aider comme il faut dans l'affaire du référendum sur l’indépendance du Kurdistan d'Irak, tenu en septembre 2017. 

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV