L'Europe a fini par se plier et lamentablement. Alors qu'elle promet depuis des mois à mettre en place un "mécanisme" censé assurer ses propres intérêts, quitte à contrer les sanctions extraterritoriales US, l'UE devient elle-même, comble d'ironie, adeptes des sanctions. Sous prétexte infiniment ridicule d'un projet d'attentat contre un groupuscule (Organisation des Moujaheddin du peuple, OMK, NDLR) , lui-même auteur des centaines de meurtres et d'assassinat de ressortissants iraniens et irakiens, l'UE sanctionne le ministère iranien du Renseignement.
Le même ministère qui, rappelons-le, a joué un rôle de premier plan dans la guerre contre Daech et dont l'activité permet de contrer les tentatives d'infiltrations terroristes contre les frontières iraniennes. Comment expliquer autant de contradictions dans la démarche de l'Europe? L'UE s'est une nouvelle fois alignée sur la politiques américaines en sacrifiant ses propres intérêts. À Téhéran, on affirme désormais que l'Europe s'est trahie et qu'elle n'est plus digne de confiance. Le retrait iranien de l'accord nucléaire est désormais une option parfaitement tenable désormais.
Lors d’un point de presse, mercredi 9 janvier, à Paris, la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a déclaré que les nouvelles sanctions imposées par l’Union européenne (UE) à la République islamique d’Iran, « n’affectent pas le fonctionnement des représentations diplomatiques iraniennes » dans les pays de l’UE.
Interrogée par un journaliste sur les conséquences juridiques que ces sanctions pourraient avoir sur les flux financiers des ambassades iraniennes, Agnès von der Mühll a prétendu que les sanctions approuvées par le Conseil de l’Europe étaient constituées de « mesures ciblées et proportionnées » contre une entité étatique et deux ressortissants iraniens accusés d’être impliqués dans la « préparation d’un projet d’attentat » en France.
« Ces mesures n’affectent pas le fonctionnement des représentations diplomatiques iraniennes, dont les biens, y compris leurs comptes bancaires, bénéficient en vertu du droit international d’une immunité s’opposant en principe à ce qu’ils fassent l’objet de mesures d’exécution », a-t-elle précisé en essayant de temporiser.
Est-ce suffisant?
Sur fois des documents fournis par le Mossad, la France a accusé l'Iran d'avoir projeté un projet d'attentat contre le rassemblement des terroristes de l'OMK à Villepinte en juin dernier et a décidé de rabaisser le niveau de ses relations diplomatiques avec l'Iran.
Sans présenter aucune preuve, le Danemark lui a emboîté le pas et a accusé, fin octobre, « des soi-disant éléments affiliés à l’Iran » d'implication dans un attentat contre un individu sur son territoire. Cette vague anti-iranienne s'est abattue sur l'Europe alors que le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a explicitement reconnu le rôle d’Israël dans ces accusations. Il a prétendu qu'Israël avait récemment révélé des efforts iraniens pour commettre des actes terroristes sur le territoire européen.
Réaction iranienne
Le ministre iranien des Affaires étrangères a réagi à l'adoption de nouvelles sanctions par l'UE contre l’Iran. C’est en ces termes que Mohammad Javad Zarif a répondu sur sa page Twitter :
« Les Européens, y compris le Danemark, les Pays-Bas et la France, accueillent sur leurs territoires les OMK [Moudjahidines du Peuple, connus en Iran sous le nom des Monaféghines, qui veut dire les hypocrites] qui ont tué 12 000 Iraniens et contribué aux crimes perpétrés par le régime de Saddam Hussein contre les Kurdes irakiens, ainsi que d’autres terroristes qui organisent le meurtre d'Iraniens innocents en Europe. En accusant l’Iran, l’Europe ne pourra pas se déresponsabiliser face aux terroristes à qui elle a octroyé le droit d'asile. »
Alors que la France et l'UE prennent faits et cause d'un groupuscule qu'ils avaient placé elles-mêmes sur leur liste noire jusqu'en 2009, le journal néerlandais De telegraaf vient de publier sur Twitter une vidéo de l’attaque de mercredi 9 janvier contre l’ambassade de la République islamique d’Iran à La Haye. Les images donnent la mesure du phénomène qu'est le soutien explicite de l'Europe à une milice armée et déterminée à tuer. La vidéo montre un groupe d’une dizaine d’individus attaquer les locaux de l’ambassade. Plusieurs d’entre eux sont montés sur la clôture. D’autres ont jeté des objets sur le bâtiment. La police a arrêté quatre des manifestants, selon le journal.
La vidéo montre aussi les assaillants en train d’attaquer les agents de police. Les assaillants portaient un drapeau qui semblerait être celui du groupuscule terroriste Al-Ahwaziya soutenu par l’Arabie saoudite.
Quelques heures plus tard, un journaliste de The Daily Telegraph, Raf Sanchez, a confirmé que les assaillants étaient membres de ce groupuscule terroriste, responsable d’un attentat meurtrier faisant 25 victimes à Ahwaz (sud-ouest de l’Iran) le 22 septembre 2018.