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Pourquoi Washington refuse-t-il de reconnaître l'annexion du Golan par Israël?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un ancien char israélien, vestige de la guerre de 1973, surplombe les villes de Khan Arnabah et de Quneitra, sur le plateau du Golan. ©EFE

À trois reprises, le Premier ministre du régime israélien, Benyamin Netanyahu, a demandé aux États-Unis de reconnaître l’annexion illégale des hauteurs du Golan syrien à Israël. Washington n’a toujours pas répondu à cette demande. Pour un régime de Tel-Aviv qui comptait arracher de la Syrie le Golan qu'il occupe depuis plus de 4 décennies, c'est plutôt une grosse déception surtout que l'administration US a habitué Israël à des concessions faites sur le dos d'autres nations. Pourquoi les USA continuent-ils à opposer une fin de non recevoir au régime usurpateur? 

Des sources proches de Netanyahu estiment que l’indifférence du conseiller à la sécurité nationale américaine, John Bolton, à la requête d’Israël, lors de sa récente visite en Palestine occupée, empêchera pour le moment la réalisation du projet israélien dans la région. En effet, John Bolton s’est abstenue de donner une réponse officielle à la demande de Tel-Aviv concernant la reconnaissance de l’annexion du Golan syrien et a rejeté même l’invitation à visiter les hauteurs du Golan occupé. C'est trop pour un régime israélien qui a tout capitalisé sur l'aile la plus néoconservatrice de l'administration US pour avoir gain de cause dans ses dessins expansionnistes. 

Selon le journal arabophone Asharq al-Awsat, le 6 janvier, lorsque Netanyahu accueillait Bolton à son arrivée en Palestine occupée, il a profité de la présence des journalistes pour renouveler sa demande concernant l’annexion du Golan. « Demain, si le temps le permet, nous allons monter sur le plateau du Golan […] qui est extrêmement important pour notre sécurité, et je pense que lorsque vous y serez, vous comprendrez pourquoi nous ne quitterons jamais le plateau du Golan et pourquoi il est important que tous les pays reconnaissent la souveraineté israélienne sur le Golan », a-t-il dit en s’adressant à M. Bolton.

D’ailleurs, Netanyahu a essayé de suggérer qu’il y aurait un lien quelconque entre la question du Golan et la décision des États-Unis de retirer ses troupes de Syrie.

Contrairement à l’attente de son hôte, John Bolton a refusé soigneusement de parler de la "souveraineté israélienne" du Golan devant les caméras, préférant mettre en avant la question de la coopération sécuritaire israélo-américaine. Il s'est d’ailleurs montré distant tout le long de son séjour en Palestine occupée. Mais ceci est loin d'être le seul désaveu US manifesté à l'adresse de Tel-Aviv dans le dossier du Golan. 

Des sources bien informées à Tel-Aviv font entendre que récemment, le cabinet de Tel-Aviv a demandé trois fois à Washington de reconnaître l’annexion du Golan à Israël : d’abord sous forme d’une requête déposée par l’ambassade d’Israël à Washington, ensuite lors de la rencontre de Netanyahu avec le secrétaire d’État américain au Brésil, fin décembre, et enfin au cours de la visite de John Bolton en Palestine occupée.

Mais pourquoi ce triple refus?

Le journal estime qu'il y a là des considérations d'ordre géopolitique qui entrent en ligne de compte. Alors que les États-Unis se disent particulièrement lésés de voir Israël "céder" la gestion du port stratégique de Haïfa à la Chine au risque de mettre en péril "les activités de l'US Navy" en Méditerranée, une reconnaissance de l'annexion par Israël du Golan syrien pourrait ouvrir un nouveau front opposant cette fois la Russie aux États-Unis. Les Américains suivent avec minutie les évolutions des relations Moscou-Tel-Aviv. Il va sans dire que la présence militaire russe en Syrie s'est soldée par de notables changements dans la politique extérieure russe. En été 2018, l'armée syrienne a repris le contrôle de Deraa et de la province de Quneitra aux terroristes d'al-Nosra au grand dam d'Israël qui avait fait d'eux ses principaux alliés surtout au Golan occupé. La libération des régions méridionales s'est soldée par le retour de l'armée syrienne et des conseillers russes au Golan occupé. 

Or, la destruction le 17 septembre 2018 d'un IL-20 russe provoqué par Israël a bien changé la donne. L'incident, à caractère criminel, a largement affecté les relations de part et d'autre et depuis, la crise ne cesse de s'élargir. Des informations faisaient à l'époque l'état d('une volonté manifestée par les militaires russes de s'allier aux "alliés pro Résistance" d'Assad pour "punir les militaires israéliens". Une reconnaissance américaine de l'annexion du Golan pourrait déclencher une réaction virulente de la Russie.  

En octobre, la Russie a rejeté, en effet, la revendication israélienne de souveraineté sur le plateau du Golan, qui est sous occupation israélienne depuis 51 ans. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a indiqué que son pays n'accepterait aucun changement de statut des hauteurs du Golan, insistant sur le fait que Moscou, tout comme une grande majorité de la communauté internationale, le considère comme faisant partie du territoire syrien occupé. Le statut des hauteurs du Golan est déterminé par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies », a déclaré à des journalistes Lavrov, cité par Tass. "Je pense que changer ce statut en contournant le Conseil de sécurité constituerait une violation directe de ces résolutions."

Les propos de Lavrov ont été une réponse directe au régime israélien. Les experts estiment que Netanyahu n’a pas choisi par hasard ces premiers jours de 2019 pour renouveler sa demande portant sur le Golan occupé. Alors que le « shutdown » a bloqué depuis plusieurs semaines une partie des activités du gouvernement américain, le Sénat est agité et divisé en raison d’un projet de loi proposé par les Républicains sur la politique de Washington au Moyen-Orient. Or son opportunisme vient de se heurter au non retentissant russe. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV