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La présence chinoise à Haïfa met en colère l'US NAVY qui soupçonnerait Israël de collusion

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des navires chinois dans le port israélien de Haïfa. ©Fineartamerica

Le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton, s’est rendu le samedi 5 janvier en Israël, pour rassurer, apparemment, l’allié israélien du soutien de son pays face à la présence iranienne dans la région, après le « retrait » de troupes US de Syrie. Mais quel était le vrai objectif de la visite de Bolton à Tel-Aviv ? Il voulait informer son allié régional de l’inquiétude de Washington par rapport à la présence et l’investissement de la Chine en Israël et leurs effets négatifs sur les intérêts régionaux de Washington.

En effet, les États-Unis s’inquiètent beaucoup du renforcement des liens entre la Chine et Israël dans le domaine commercial et technologique. Les Américains ont exprimé ces dernières semaines leur vive inquiétude au sujet d’un accord qui confiera au Shanghai International Port Group la responsabilité du terminal à conteneurs du port de Haïfa à partir de 2021.

Haïfa, la plus grande ville portuaire d’Israël a régulièrement accueilli des exercices navals américano-israéliens et des navires américains. Cependant, l’accord de 2015 entre le ministère des Transports israélien et la société chinoise jette un doute sur l’avenir du partenariat américano-israélien. Les Américains ont peur que l’influence de la Chine dans un lieu d’une telle importance stratégique, non loin d’une base navale israélienne, mette en danger les moyens de renseignement israéliens et empêchent les navires militaires américains de faire tout arrimage à Haïfa.

Plus tôt, l’amiral à la retraite Gary Roughead, ancien chef des opérations navales américaines, avait averti qu’un port géré par les Chinois pourrait obliger la marine à amarrer ses navires de guerre ailleurs.

« Les opérateurs portuaires chinois seront en mesure de surveiller de près les mouvements des navires américains, d’être au courant des activités de maintenance et d’avoir accès aux équipements », a-t-il déclaré lors d’une conférence à l’Université de Haïfa.

Haïfa est le port israélien par où le régime de Tel-Aviv compte transiter le gaz de la Méditerranée via la mer Rouge à l’Europe. Le choix chinois est stratégique dans la mesure où Pékin ne laissera ni les USA ni leurs alliés s’emparer du détroit de Bab el-Mandeb ni de la mer Rouge pour perturber le transit de ses marchandises vers l’Europe.

En outre, les sociétés chinoises ont réussi à signer des contrats pour investir dans les infrastructures d’Israël dont dans le développement des voies ferroviaires, la construction des tunnels et métros. Ce faisant, le journal israélien Haaretz, citant un général américain, a écrit qu’en cas d’expansion de la présence chinoise en Israël notamment dans le port de Haïfa, les technologies américaines et israéliennes pourraient être piratées et faire l’objet de la rétro-ingénierie par Pékin. Il va de soi que la sixième flotte américaine ne sentira plus avoir la mainmise totale sur le port, qui sera désormais dominé et contrôlé par les Chinois.

En allusion aux inquiétudes de la partie américaine du renforcement de l’influence chinoise en Israël, Haaretz a ajouté que « ce n’est pas la première fois que les autorités américaines évoquent la question de la présence de la Chine en Israël. Elles avaient déjà tiré la sonnette d’alarme quant au renforcement du rôle de Pékin dans le développement du port de Haïfa et d’autres infrastructures israéliennes ainsi que leurs effets destructeurs sur le processus de coopération positive entre Tel-Aviv et la sixième flotte US ».

Même, la marine américaine a menacé, à la mi-décembre de suspendre ses opérations à Haïfa dès que les Chinois reprendront le port en 2021, au terme d’un accord avec le gouvernement israélien. De l’aveu même du journal Jerusalem Post, cette position de la sixième flotte US a même contraint le cabinet israélien à réfléchir à une révision de son accord avec le Shanghai International Port Groupe (SIPG). Toutefois, le bureau du Premier ministre israélien, le ministère des Transports et le ministère des Affaires étrangères ont refusé de commenter l’avenir de l’accord sur le port de Haïfa. Mais cette semaine, un haut cadre du ministère israélien des Transports, cité par The Times of Israël a rejeté les inquiétudes de Washington au sujet des « espionnages chinois », affirmant que les Chinois exploitaient déjà des ports en Occident et qu’Israël avait fait toutes les vérifications nécessaires avant de signer cet accord.

« Et pourtant, même des sources diplomatiques au sein du gouvernement israélien admettent que le fait de laisser une société liée à la Chine exploiter le terminal soulève des inquiétudes légitimes pour Washington. Ils reconnaissent en outre qu’ils ne savent pas vraiment comment cette décision malavisée a été prise et ils exhortent Tel-Aviv à régler rapidement la question avant qu’elle ne porte gravement atteinte aux relations entre les États-Unis et Israël », a-t-il ajouté.

Force est de constater que les tensions entre les États-Unis et leur allié israélien ne cessent de monter d’un cran au sujet du port de Haïfa et de la présence chinoise dans ce port stratégique israélien. Le point qui mérite réflexion, c’est qu’il semblerait que les dirigeants israéliens n’entendent pas revenir sur leur accord de coopération avec la partie chinoise, malgré les menaces et les avertissements des USA et qu’ils souhaitent en quelque sorte contourner leur allié américain pour accéder à leurs propres objectifs économiques et commerciaux.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV