La dernière provocation US contre l'Iran remonte au 22 décembre : le porte-avions nucléaire USS C. Stennis s'infiltre en pleine zone d'exercice militaire du Corps des gardiens de la Révolution islamique et a droit à quelques tirs de sommation. Pour le reste, l'Iran s'apprête à renforcer sa présence en Atlantique, manière de rappeler qu'il est grand temps que les États-Unis cessent de considérer le golfe Persique comme leur pré-carré.
« La flotte de la marine de l’armée iranienne partira, dans quelques mois, pour l’Atlantique. Une mission qui devrait durer cinq mois, vu le long trajet à parcourir », a annoncé le commandant adjoint de la marine de l’armée iranienne, l’amiral Touraj Hassani-Moqadam. Parmi les navires qui composeront cette flotte figure le navire logistique « Khark » et le destroyer « Sahand », selon la même source.
Le destroyer « Sahand », le navire le plus sophistiqué de l’Asie de l’Ouest, a rejoint, le 1er décembre 2018, la flottille Sud de la marine iranienne. Le « Sahand » dispose de quatre engins et il est équipé d’un système de défense antiaérienne de pointe « Kamand » et d’un système furtif qui lui permet d’éviter les radars de l’ennemi. Le navire dispose d’un poste de pilotage pour hélicoptères, de lance-torpilles, de canons antiaériens et antinavires, de missiles sol-sol et sol-air et une parfaite capacité de guerre électronique. Ainsi, il est deux fois plus sophistiqué que le destroyer « Jamaran », livré à la marine iranienne en 2010. Quant au navire logistique « Khark », il pèse 33 000 tonnes et constitue le plus grand navire logistique de l’Asie de l’Ouest. Il est capable de transporter des hélicoptères.
Selon les analystes américains, la décision iranienne d'étendre le champ d'action de sa marine jusque dans l'océan Atlantique a un sens bien particulier : l'Iran envisage en effet de déployer des bâtiments de guerre de nouvelle génération dans les eaux vénézuéliennes, ce qui est à même de modifier l’équilibre géopolitique de la région. « La décision de l’Iran de déployer des bâtiments de guerre de nouvelle génération dans les eaux vénézuéliennes est considérée par les analystes comme étant " la mère de toutes les provocations", car un tel déploiement est propre à "modifier l’équilibre géopolitique de la région" et "nuire aux intérêts du gouvernement américain", prétendait le samedi 8 décembre, le quotidien américain The Miami Herald sans toutefois se souvenir de la présence largement provocatrice des dizaines de navire de guerre US à proximité des eaux territoriales iranienne.
L'Iran dans le golfe d'Aden
Mais l'océan Atlantique n'est pas la seule région où l'Iran compte être présent pour contrecarrer les plans atlantistes. Selon l’amiral Hassani-Moqadam, la flotte 59 de l’armée iranienne est, actuellement, en mission dans le golfe d’Aden et à 10 degrés de l’océan Indien où il protège les intérêts iraniens et collabore avec les autres groupes navals pour assurer la sécurité des trajets des navigations mondiales.
Le golfe d’Aden se situe dans le sud du Yémen, entouré, depuis le Sud par la Somalie et depuis l’Ouest par Djibouti. Il se lie depuis l’Ouest au détroit de Bab el-Mandeb et à la mer Rouge et depuis l’Est à l’océan Indien dont il fait partie.
La flotte qui doit partir vers l’Atlantique peut emprunter deux trajets. Le premier est la Méditerranée: ainsi elle traversera l’océan Indien, le golfe d’Aden, la mer Rouge, le canal Suez, la Méditerranée et le Gibraltar pour entrer finalement en océan Atlantique. Pour le deuxième trajet, la flotte iranienne pourra traverser l’océan Indien, depuis le sud de l’Afrique pour arriver à l’Atlantique.
La flotte de la marine iranienne doit partir pour l’Atlantique, au mois de mai 2019 (début de la prochaine année iranienne) et sa mission durera cinq mois, soit la plus longue mission des flottes de la marine de l’armée iranienne, depuis dix ans.