En Syrie, Israël a déjà perdu mais il a du mal à se rendre à l'évidence. Bien loin de convaincre les Russes à entraver la présence de l’Iran en Syrie, Tel-Aviv déploie ses derniers efforts pour inverser la donne.
Lors d’une interview accordée à Associated Press, une haute autorité israélienne commente non sans un brin de désespoir la frappe du 25 décembre de l'aviation israélienne contre l'ouest de la capitale syrienne, Damas.
Cité par Haaretz, l'analyse affirme que les Russes avaient promis à Tel-Aviv de "pousser" l’Iran de se tenir à 80 kilomètres des frontières du Golan occupé. Tel-Aviv "s’est engagé en contrepartie" à ne pas entraver les tentatives du gouvernement syrien de reprendre le contrôle des régions du sud syrien à savoir Deraa et Quneitra. Mais, accuse l'analyste, "les Russes n’ont pas tenu leurs engagements. Car, les Iraniens sont toujours présents en Syrie et notamment dans la banlieue de Damas".
Depuis le 17 septembre, date à laquelle Israël a provoqué le crash d'un IL- 20 russe pour éviter à ses avions le tir de la DCA syrienne, les relations Moscou-Tel-Aviv ne cesse de s'empirer, poursuit Haaretz qui renvoie à la frappe du 25 décembre de l'aviation israélienne contre l'ouest de Damas, frappe qui s'est soldée par une violente riposte de la DCA syrienne, laquelle aurait visé le port de Haïfa. "Moscou a mis en cause Israël en l'accusant d'avoir mis en danger les avions de ligne à l'aéroport de Beyrouth".
À l'heure qu'il est, les analystes se focalisent sur cette riposte de la DCA syrienne. S'il est vrai que la Russie n'a pas permis à Damas de réactiver ses S-300, l'armée syrienne a eu recours à une variante de S-200 qui a bien franchi les frontières aériennes d'Israël et qui a visé les colonies de Haïfa provoquant des explosions et une coupure du courant. Le missile SA-5 syrien n'aurait pas pu être tiré sans l'aval des conseillers iraniens qui donc continue à agir, au su et au vu de Moscou. Haaretz reprend ensuite un article du quotidien britannique The Guardian qui évoquait le 30 décembre, les évolutions de ces derniers mois en Syrie, pour affirmer que l'année 2018 se termine sur une nette victoire de Bachar al-Assad sur ses adversaires. " Même les alliés arabes d'Israël commencent à normaliser leurs relations avec Assa, ce qui fait penser que le seul grand perdant de la guerre en Syrie est Israël".
Et le journal d'enchaîner :" En ce début de l’année 2019, les circonstances se compliqueront plus et les tensions persisteront davantage sur le front du nord. L'opération Bouclier du Nord se poursuit sans que le Hezbollah ne soit impressionné et tout ceci, sur fond de l'annonce du retrait des troupes US".
Lire aussi : Syrie : Trump repousse de 4 mois le retrait des forces US
Donald Trump insiste sur le fait que la décision du retrait de 2 000 militaires américains de Syrie est bonne et malgré les apparences, son discours est de moins en moins amical à l'égard d'Israël. Lors de sa visite inopinée au beau milieu des fêtes de fin d’année à al-Anbar en Irak, il n'a pas hésité à rappeler à Israël que les 4.5 milliard dollars que Washington lui octroyait chaque année, devrait suffire pour qu'Israël se défende seul", ajoute le journal qui conclut ainsi : " Cette semaine, un rapport ridicule est publié aux États-Unis comme quoi le retrait US a été décidé en coordination avec Tel-Aviv et ce, pour mettre à l'abri les forces américaines en cas de confrontation et si jamais les pro iraniens décidaient d'attaquer al-Tanf. S'il est vrai que les États-Unis ont démenti l'information, il n'en reste pas moins que ce genre d'info dévoile l'ambiance qui règne : les Américains et les Russes sont prêts à lâcher Israël en Syrie pour un oui ou pour non".