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Pourquoi Assad autorise l'Irak à bombarder Deir ez-Zor?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des combattants des Unités, Hachd al-Chaabi chargées de reconquérir la localité de Tal Afar qui était sous le contrôle de Daech, le 20 novembre 2016, Irak. ©AFP

Depuis que le président Assad a autorisé l'Irak, en réponse à une missive du PM irakien, à bombarder les rassemblements de terroristes dans l'est syrien, une seule question est sur toutes les lèvres: pourquoi? Certains analystes relient ce feu vert au "nouveau" projet US/Alliés qui se prépare: les États-Unis et les monarchies du golfe Persique tenteraient en effet, selon certaines sources militaires, de former un émirat, un énième, dans la province pétrolifère de Deir ez-Zor. C'est sans doute, ajoutent ces sources, pour neutraliser ce complot que Damas a autorisé Bagdad à bombarder l'est syrien.

Le président syrien, Bachar al-Assad a reçu ce dimanche 30 décembre à Damas le chef des Unités de mobilisation populaire irakiennes (Hachd al-Chaabi) dont les combattants sont positionnés sur la frontière syro-irakienne aux côtés de l'armée syrienne. 

Selon des sources locales, les États-Unis et les monarchies du golfe Persique travailleraient à la formation d'un émirat dans la province de Deir ez-Zor, riche en pétrole. Les tribus arabes étant largement hostiles à ce projet US/Israël/Monarchies arabes, elles sont prises pour cibles des frappes incessantes des chasseurs de la "coalition". Celle-ci est décidée, en effet, à "caser" les terroristes de Daech largement pilotés depuis la base US à al-Tanf dans cet émirat à naitre.  Dès lors, des frappes lancées par Bagdad contre les positions des terroristes sont indispensables. 

Le bureau de la présidence syrienne a annoncé que le haut commandant des Hachd, Falih al-Fayyadh était porteur d’un message de la part du Premier ministre irakien, Adel Abdel Mahdi à l’adresse de Bachar Assad. Le message abordait le "renforcement des relations bilatérales" ainsi que "l’importance de la poursuite de la coordination entre la Syrie et l’Irak", dans tous les domaines, et surtout  la lutte contre le terrorisme. La lettre insiste également sur la coopération entre les deux parties, notamment sur les frontières communes. 

Un rapport du lundi 31 décembre du site web du quotidien Rai al-Youm a établi un lien entre cette rencontre à Damas de ce haut commandant des Hachd al-Chaabi et les tentatives US/OTAN, par Daech interposé, de s'emparer des régions frontalières irako-syriennes.

« Daech se réorganise sur la rive est de l'Euphrate et l'annonce du retrait des troupes américaines de Syrie qui semble être un leurre, s'inscrit dans ce même plan », rapporte Rai al-Youm.

« Une réapparition de Daech sur les zones frontalières est devenue une source d’inquiétude pour les responsables irakiens et syriens et la visite surprise en Syrie du conseiller à la sécurité du Premier ministre irakien répond à cette préoccupation. Le déplacement de ce responsable des Hachd al-Chaabi à Damas est un prélude à ce que Bagdad et Damas renforcent leurs coordinations afin de relever ce défi », a-t-on appris de la même source.

« Étant donné que les combattants des Hachd al-Chaabi ont joué un rôle de premier plan pour lutter contre Daech et expulser ce groupe terroriste de Mossoul et de la plupart des villes et villages d'Irak, donc, le choix de Falih al-Fayyadh visant à mener cette mission n'était pas le fruit du hasard », ajoute le rapport.

Bachar al-Assad qui a pu établir des liens étroits avec l'Irak sur tous les plans, notamment en matière de sécurité, a donné carte blanche à l’aviation irakienne pour bombarder les repaires de Daech.

« Il suffit que Bagdad informe Damas de ses frappes aériennes et il n’est pas nécessaire qu’il lui demande une autorisation formelle », valide le président syrien.

Soulignant que l'accord de sécurité entre la Syrie et l'Irak ressemblait à un accord conclu entre Bagdad et Ankara à l'époque du dictateur Saddam Hussein, Rai al-Youm précise : «  En vertu de l’accord précité la Turquie jouissait d'une liberté absolue pour pénétrer librement dans le nord de l'Irak afin de poursuivre les éléments affiliés au Parti des travailleurs du Kurdistan irakien (PKK). Cette coopération entre Bagdad et Ankara a débouché sur une bonne réduction des opérations militaires du parti précité».

La coordination sécuritaire, précise le rapport, entre la Syrie et l'Irak a eu lieu à un moment où la menace turque de bombarder des miliciens kurdes appelés "Forces démocratiques syriennes" déployés dans l'Est de l'Euphrate s'est accrue.

« Les États-Unis, appuyés par les pays arabes et une poignée des émirats du littoral du golfe Persique, tentent de créer un émirat tribal arabe à l'est de Deir ez-Zor où se trouvent la plupart des gisements pétroliers et gaziers syriens. En effet, la coordination entre Damas et Bagdad est une décision conjointe pour que de nouveaux groupes tribaux et sectaires ne soient pas créés dans cet espace stratégique situé à la frontière des deux pays », indique le rapport.

Il est encore trop tôt pour que le président américain Donald Trump annonce l’élimination de la menace posée par Daech. Il semble que les déclarations du locataire de la Maison-Blanche sur la disparition de Daech en Syrie aient eu pour but de  justifier le retrait des forces américaines. Ces prises de positions de Trump s’assimilent beaucoup aux allégations de l’ancien président, George Bush qui après l’invasion US en Irak en 2003, avait prétendu que la mission américaine y était terminée.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV