À l’approche de la bataille ultime sur la rive est de l’Euphrate où se trouvent toujours des éléments de Daech, le président syrien a autorisé l’Irak à bombarder les positions de ce groupe terroriste en Syrie sans demander le feu vert de Damas.
Signé Abdel Bari Atwan, l’éditorial du journal Rai al-Youm aborde les dernières évolutions en cours dans la région surtout en Syrie et en Irak.
« La promesse de retrait américain, récemment annoncé par le président US Donald Trump, semble être en faveur des terroristes de Daech qui tentent d’élargir leurs opérations, au moins dans les zones frontalières entre l’Irak et la Syrie ; ce qui, d’ailleurs, a provoqué l’inquiétude des autorités syrienne et irakienne », écrit Rai al-Youm.
La visite éclair du conseiller à la sécurité nationale irakienne, Faleh al-Fayad, à Damas et sa rencontre avec le président syrien montre cette inquiétude, mais aussi et surtout le début des coordinations bilatérales pour relever ce défi sécuritaire commun. Et ce n’est pas un simple hasard que cette mission a été confiée à Faleh al-Fayad, le chef des Hachd al-Chaabi et l’un de leurs cofondateurs. Tout le monde sait que les Hachd al-Chaabi (Unités de mobilisation populaire) ont joué un rôle axial dans la lutte contre Daech, en vue de chasser ce groupe terroriste de Mossoul et de beaucoup d’autres villes irakiennes qui restaient occupées par les daechistes pendant plus de trois ans, rappelle l’auteur de l’article.
Les avions de chasse de l’armée irakienne pourront désormais bombarder en toute liberté les positions de Daech sur le territoire de la Syrie voisine. Ce pacte sécuritaire rappelle, selon Abdel Bari Atwan, un accord semblable signé à l’époque de Saddam Hussein entre l’Irak et la Turquie, permettant à l’aviation turque de bombarder les positions du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) dans le Nord irakien, suite à quoi les opérations militaires du PKK ont diminué. « Mais il semble, cette fois-ci, que l’histoire se répète dans le sens inverse », ajoute le texte.
« Les coordinations sécuritaires entre la Syrie et l’Irak interviennent alors que la Turquie a intensifié ses menaces turques de frapper les Forces démocratiques syriennes (FDS) à l’est de l’Euphrate, et que ces dernières ont appelé à l’appui du gouvernement syrien. Par ailleurs, des rumeurs circulent sur le fait que les États-Unis, en connivence avec des pays arabes du golfe Persique, chercheraient à créer des émirats sunnites dans l’est de la province de Deir ez-Zor, une région très riche en ressources gazo-pétrolières. D’où la ferme volonté syro-irakienne d’empêcher tout complot de ce genre dans cette région stratégique près de leurs frontières communes. »
L’on peut donc dire que le risque d’une résurgence de Daech est devenu à l’heure actuelle un facteur de convergence et de solidarité entre l’Irak et la Syrie. « Et ces coordinations sécuritaires pourront à l’avenir prendre de nouvelles dimensions avec l’appui et l’observation de la partie iranienne », ajoute Atwan.
D’après Rai al-Youm, il est encore trop tôt pour que le président américain annonce l’anéantissement complet de Daech. « Il l’a pourtant fait, pour justifier sa décision concernant le présumé retrait américain de Syrie, dans le cadre d’un processus qui devrait durer 100 jours ».
« Cette annonce, aveu d’échec des Américains, qui selon le journaliste arabe vise à réduire leurs dégâts et pertes liés à leurs ingérences au Moyen-Orient, rappelle vaguement les déclarations de l’ancien président américain, George W. Bush, lorsqu’il parlait d’une fin de la mission américaine en Irak, après son occupation en 2003. »
« Les lignes de combats pourraient être, à tout moment, déviées vers l’est de l’Euphrate et l’Irak aura un rôle majeur dans cette lutte. Et qui sait, les différends internes étant vraisemblablement terminés en Irak, le pays pourra privilégier les coordinations sécuritaires avec des pays voisins pour écarter les menaces communes », conclut l’article.