Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, s’est entretenu à la veille du 25 décembre avec un journaliste de l’agence Sputnik au sujet des relations compliquées entre la Russie et les États-Unis.
« Les projets des États-Unis qui consistent à instrumentaliser la Russie pour assurer leurs propres intérêts sont voués à l’échec. Leur attitude nonchalante et hostile à notre égard a détérioré nos relations », a déclaré M. Lavrov.
En ce qui concerne la décision de l’administration Trump de retirer les troupes américaines de la Syrie, il a indiqué que « la sortie des forces américaines de la Syrie dont la présence était illégale n’est pas aussi simple ».
Ces dernières années, les relations américano-russes se sont envenimées et ne cessent de se refroidir, un fait que Moscou réalise sans ambages : « Ce sont des éléments en rapport avec la politique interne des États-Unis qui ont affecté nos relations bilatérales et entravent le processus d’un dialogue. Le niveau d’influence de ces éléments n’est pas évident. Plus on s’approche des présidentielles de 2020, plus les responsables américains risquent de jouer la carte de la Russie. Nos relations n’ont jamais été aussi mauvaises », a précisé le ministre russe.
Pour en savoir plus: Aucune perspective de normalisation russo-américaine
« Nous sommes toujours enclins à des pourparlers prédéterminés avec les États-Unis, basés sur le respect mutuel. Mais en raison de leur attitude nonchalante et hostile et les pressions politico-économiques exercées, ces dialogues n’ont pas eu lieu. Nos problèmes persistent pour la bonne raison que les États-Unis ne les ont pas pris au sérieux. La Russie est un instrument dans la structure politique des États-Unis. Ils se servent de nous pour mieux dominer et manipuler l’Europe. Par exemple, en ce moment, ils réfléchissent aux moyens de nous utiliser à l’encontre de la Chine.
Il y a des pays qui succombent à cette théorie de "complot américain", mais la Russie n’en est pas moins affectée. Nos relations avec les États-Unis ne s’amélioreront pas s’ils continuent à se faire des illusions.
Pour notre part, nous essayons de construire des relations fructueuses avec tous les pays, y compris les États-Unis. Je répète que le réchauffement diplomatique entre Moscou et Washington est possible et les perspectives sont nombreuses, malgré les aléas de ces dernières décennies. Le peuple russe mérite un avenir nettement meilleur ».
Le président russe Vladimir Poutine a déclaré au terme du sommet du G20 à Buenos Aires que la Russie était prête à dialoguer avec les États-Unis s’ils le souhaitaient aussi.
Dissolution du FNI : un danger pour la sécurité du monde
M. Lavrov est revenu sur la décision des États-Unis de geler le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (FNI) et sur la possible augmentation du nombre de missiles prohibés par le traité en Europe et à proximité de la frontière russe. « Nous ne doutons pas que le gel du FNI compromettra sérieusement la stabilité stratégique et la sécurité internationale », a-t-il déclaré.
« Nous prendrons acte du déploiement de nouveaux missiles des États-Unis et de leurs alliés autour de la Russie, a-t-il averti. Personne ne doit douter du fait que nous disposons de moyens pour nous protéger et que nous pouvons renforcer nos défenses. Néanmoins, la Russie, comme tout autre pays bénéficiant d’une logique, n’a pas l’intention de se lancer dans une nouvelle course aux armements et une crise balistique. »
Lire aussi: L'ultimatum américain à Poutine
Une bataille du nucléaire sans vainqueur
Le chef de la diplomatie russe a rappelé qu’ « un conflit armé entre les deux plus grandes puissances nucléaires du monde aurait de graves conséquences pour l'humanité. Nul doute qu'un tel conflit n’aura pas de vainqueur.
Dans le même temps, il faut reconnaître que Washington et ses alliés sont aveuglés par leurs ambitions géopolitiques et ne veulent toujours pas accepter les réalités de ce monde ».