Dans un article, le journal israélien Haaretz a écrit : « depuis de nombreux mois, tous expliquent à Trump - du secrétaire à la Défense, James Mattis, qui a présenté sa démission jeudi, au conseiller à la sécurité nationale (le troisième de Trump en moins de deux ans), John Bolton - à quel point la présence américaine en Syrie est importante pour contenir l'influence russe au Moyen-Orient et renforcer le statut international des États-Unis ».
Mercredi, Donald Trump a annoncé sa décision de vouloir retirer les troupes américaines de Syrie. Le journal israélien Haaretz prétend que les diplomates et autres employés du gouvernement américain quitteront la Syrie dans les 24 heures, et le dernier soldat américain d'ici 100 jours.
Qui peut savoir pourquoi Donald Trump a ordonné le retrait des forces US de Syrie ? Cela lui est-il venu à l'idée en regardant la chaîne Fox News? Peut-être voulait-il détourner rapidement le débat médiatique après la nouvelle semaine catastrophique où, le nœud coulant que le procureur spécial Robert Mueller fixe autour de lui s'est, semble-t-il, resserré plus qu'il ne fallait ? Ou peut-être vient-il de se souvenir de sa promesse électorale de redonner à l'Amérique sa grandeur en réduisant ses dépenses en guerres loin de ses côtes?
En ce qui concerne Israël, selon Haaretz, cette histoire a une leçon immédiate et une conclusion à long terme. La conclusion immédiate est que le désir de faire éloigner les forces de la Résistance de Syrie est loin d’être réalisé. La Russie a vendu à Israël des promesses stériles, qui se sont effondrées au bout de six mois environ et les États-Unis ne sont pas enthousiastes à l'idée d'aider.
La leçon à long terme est que Donald Trump est devenu une personne sur laquelle on ne peut plus compter. Même s'il est fondamentalement sympathique envers Israël et entouré de conseillers juifs, le président américain agit de manière si erratique que le gouvernement israélien ne peut pas être certain de son soutien à long terme.
Le retrait américain de la Syrie a été accueilli avec satisfaction par l’axe de la Résistance à sa tête la Russie qui soutient le gouvernement de Bachar al-Assad dans la guerre contre les terroristes. Le président russe Vladimir Poutine peut, pour le moment, considérer son opération anti-terroriste en Syrie comme un succès impressionnant.
« Les évaluations de l’armée israélienne selon lesquelles la Russie s'enfoncerait dans le bourbier syrien, une sorte de Vietnam russe (ou un autre Afghanistan pour Moscou), se sont révélées erronées. La décision prise par Poutine en septembre 2015 d’envoyer deux escadrons d’avions de combat pour aider le président syrien Bachar al-Assad a porté ses fruits. La Russie de Poutine est parvenue à faire pencher la balance en faveur de Damas qui, à l’époque, était sur le point de s’effondrer, puis a renforcé sa réputation internationale », souligne l'article de Haaretz.
Le professeur Dmitry Adamsky, enseignant-chercheur spécialiste des questions stratégiques à l'IDC Herzliya est un analyste de la stratégie russe. Dans un document de politique intitulé « Campagne de Moscou en Syrie: leçons russes sur l'art de la stratégie», publié récemment par le groupe de réflexion indépendant français IFRI, Adamsky décrit l'influence profonde de l'implication de l'armée russe en Syrie sur «la pensée stratégique et l'art opérationnel russes».
Moscou est entré dans la campagne militaire en Syrie pour diverses raisons: défendre son allié (Assad); préserver ses atouts (le plus important d'entre eux, maintenir le contrôle du port de Tartous sur la mer Méditerranée) en frappant les groupes terroristes, dont certains venaient des pays voisins d'Asie centrale; tenter d'améliorer sa position internationale et régionale et détourner l'attention de ses activités en Crimée et dans l'est de l'Ukraine.
Adamsky identifie trois principes stratégiques russes qui ont été suivis en Syrie. Le premier principe consiste à préserver les frictions à un niveau élevé, mais contrôlé, ce qui permet à Moscou de renforcer son statut d'intermédiaire dans ses contacts avec toutes les parties, qui ont toutes besoin des Russes. « La Russie faisait partie du problème en Syrie, mais faisait également partie de la solution. Les contacts qu’elle a entretenus avec toutes les parties lui ont conféré un avantage concurrentiel face aux Américains. Dans chaque conflit, la Russie s'emploiera à souligner les limites du pouvoir de chacune des parties et de leur dépendance vis-à-vis du Kremlin », écrit Adamsky.
À en croire Haaretz, il convient de noter que ces principes sont également mis en œuvre dans les contacts de la Russie avec Israël: il a tout d'abord mis en place une ligne directe destinée à éviter les affrontements aériens entre les avions israéliens et russes, puis un avion Il-20 russe a été abattu par la DCA syrienne en raison des actions irresponsables et provocatrices d’Israël.
L’Il-20 abattu : la riposte russe?https://t.co/osXyR5MFOo pic.twitter.com/atuhSruKaM
— Press TV Français (@PresstvFr) September 19, 2018