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Acte 5 des Gilets jaunes: manifestations émaillées de violences

La police française tire du gaz lacrymogène sur les Gilets jaunes qui manifestaient, le samedi 15 décembre 2018, à Paris. ©AFP

Personne ne s’attendait à une mobilisation pareille, trois jours après la fusillade de Strasbourg attribuée à Daech et alors que l’armée et les forces de l’ordre s’étaient largement déployées partout en France pour bloquer le mouvement. Les Français "résistants" ont toutefois été au rendez-vous bravant Daech, répression policière et armée voire un discours politique qui même venus des horizons les plus opposés à l'Elysée (extrême droite) les appelant au calme.

Pour cette cinquième manif et alors que il faisait extrêmement froid, les banderoles évoquaient des revendications non seulement sociales mais plus politiques : la dissolution du Parlement, le référendum ...les médias mainstream n'ont cessé, de concert avec les politiques, de faire part d'une baisse sensible de la mobilisation voire du succès à venir des mesures promises par le Président. Mais les contradictions sont bien trop nombreuses pour que l'observateur moyen-oriental voire iranien se laisse berner.  

Ce qui s'est passé 

Les appels à cesser le mouvement s’étaient multipliés sur les ondes de différents médias. Le fait que dans toute la France des manifestations aient eu lieu, et pas seulement à Paris ou dans les grandes villes, est une nouvelle preuve de la constance des protestations. Et encore, cette constance prouve aussi que l’allocution du président français n'a pas convaincu. Les médias mainstream ont tout fait pour l'empêcher, la province a eu elle aussi son mot à dire :  un nombre record de manifestations se déroulaient en effet dans quasiment toutes les villes du pays au moment où les Gilets jaunes parisiens battaient le pavé. À Toulouse, par exemple, la préfecture a fait état de 29 interpellations et de neuf personnes légèrement blessées, dont deux parmi les forces de l'ordre. À Nantes, la police a procédé à cinq interpellations et utilisé des gaz lacrymogènes contre les manifestants. À Marseille, selon une source policière citée par l'AFP et là c'est un média mainstream qui est cité, les forces de l'ordre ont procédé à 12 interpellations.

 Le canon à eau a été au rendez-vous tout comme les gaz lacrymogènes qui ont enfumé l'avenue des Champs-Élysées. Le chiffre n'est pas médiatisé mais le bilan de "huit morts" depuis le début de mouvement le 17 novembre est rapporté par les médias alternatifs. 

Et puis le fait ultra-marquant de ce 15 décembre, quelques 69 000 policiers étaient mobilisés contre 66 000 manifestants dans tout le pays. Pour Paris, il s'agissait de 8000 policiers pour 6 000 gilets jaunes. La France du couple Macron-Le Drian a trop tendance à accuser à tort et à travers les pays du Moyen-Orient d'avoir recours à des pratiques policières. Le discours "droit de l'hommiste" est aussi largement usé pour dénoncer les États qui s'opposent aux politiques de l'axe atlantistes. Or l'équation 69 000 forces de l'Ordre/66 000 manifestant a paru aux autorité de Paris comme allant parfaitement dans le sens de la démocratie.

De surcroît, le ministère français de l'Intérieur s'est félicité de la baisse de la participation qui était quasiment deux fois plus faible que la semaine dernière, tout en expliquant qu'il y a là, le signe avant-coureur du succès à venir «des mesures sociales annoncées en début de semaine par Emmanuel Macron».

 

Est-ce vrai? 

Le plus récent sondage Ifop dément le ministère de l'Intérieur. La cote de popularité d’Emmanuel Macron a accusé une nouvelle baisse de deux points de novembre à décembre à 23% de satisfaits, malgré les perspectives qu’il a esquissées dans ses annonces aux Gilets jaunes, selon le baromètre mensuel de l’Ifop pour le JDD. Son Premier ministre a perdu trois points. Le président a annoncé lundi soir une exonération d’impôt et de cotisations sociales en ce qui concerne les heures supplémentaires. Juste après le discours, de nombreux Gilets jaunes ont d'ailleurs annoncé leur détermination à poursuivre leur mouvement. 

Les analystes de tout bord estiment que les cinq semaines de manifestations qui ont ébranlé la France, ont définitivement changé la donne : les Français ne sont pas ce peuple "conditionné" que les médias veulent décrire. Leur ras le bol de la dictature néolibérale renvoie à des causes encore plus profonde. Ils ne comprennent par exemple pas comment leur pays, grande puissance économique, devra se soumettre aux mesures extraterritoriales décidées à Washington, et les priver eux les Français,  des bienfaits du commerce avec le pays pétro-gazifère que l'Iran.  

Acte VI ou pas, l'image du régime politique et économique en France dont Emmanuel Macron est représentant, semble aujourd'hui être irrémédiablement abîmée. Elle est abîmée par l'ampleur de la répression qui a frappé le mouvement social, avec des centaines d'arrestations arbitraires lors des manifestations du 10 décembre, des morts non-annoncées mais aussi des violences policières qui ne sont pas tolérables dans un État de droit. Des personnes sont mortes, ou ont été estropiées. Les responsabilités doivent être établies et les coupables devront être punis, comme dirait la diplomatie française dans ses communiqués. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV