« L’ère de coopération stratégique américano-russe qui avait commencé depuis l’effondrement de l’Union soviétique a déjà touché à sa fin et les relations entre les deux pays viennent d’entrer dans une nouvelle phase : "dissuasion stratégique mutuelle" », disent les experts russes.
Le quotidien russe, Kommersant qui paraît à Moscou a publié, aujourd’hui, mercredi 24 octobre, une analyse au sujet de cette nouvelle ère qui commence.
« John Bolton, conseiller du président américain à la sécurité nationale, a mis fin, mardi 23 octobre, à sa visite de deux jours à Moscou où il a rencontré le président russe Vladimir Poutine. John Bolton s’est rendu en Russie au moment où Donald Trump blâmait Moscou pour le retrait des États-Unis du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire. En plus les États-Unis s’efforcent de tenir le haut du pavé dans la course aux armements nucléaire. Nombreux sont les experts et les analystes qui sont d’avis que la visite de John Bolton à Moscou met fin à l’ère de coopération stratégique américano-russe.
C’est exactement là où naît un nouveau type de relations entre Moscou et Washington : "dissuasion stratégique mutuelle". Le fruit le plus important de la visite de John Bolton en Russie est la préparation d’un nouveau sommet Poutine-Trump, prévu pour le 11 novembre à Paris. Bien que le conseiller de Donald Trump ait conjugué pas mal d’efforts pour détendre les relations entre la Maison Blanche et le Kremlin, les experts russes mettent en cause ses efforts, arguant que cette visite a mis un point final à l’ère de coopération stratégique américano-russe qui avait commencé depuis l’effondrement de l’Union soviétique. Et ils estiment que des premiers pas ont été déjà franchis pour donner naissance à un nouveau type de relations : de la « dissuasion stratégique mutuelle » », indique le quotidien russe, Kommersant.
Les États-Unis se considèrent plus puissants que la Russie
Vladimir Vasiliev, chercheur à l'Institut d'études américaines et canadiennes de Moscou, a confié à Kommersant que la décision des États-Unis de se retirer du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire faisait preuve des tentatives américaines destinées à tenir le haut du pavé sur l’échiquier militaire et nucléaire.
L’expert russe ajoute que le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire ne traite pas uniquement de la portée des missiles et des ogives nucléaires mais il constitue également une bonne base pour la coopération que menaient les États-Unis avec la Russie dans les dossiers comme celui de la Corée du Nord.
« La situation actuelle ressemble à celle des années 1990 et 1991 où l’Union soviétique s’effondrait. À présent, les États-Unis essaient d’envoyer des signes particuliers à Moscou qui pourraient signifier "Il faut que vous cédiez devant nous sans condition ni préalable car nous sommes plus forts que vous". Cela montre que Donald Trump a posé de nouvelles conditions pour la normalisation de ses relations avec la Russie », explique Vladimir Vasiliev.
Dans la foulée, Feodor Voytolovski, directeur de l’Institut de l'économie mondiale et des relations internationales de l'Académie des sciences de Russie (IMEMO), a déclaré à Kommersant que les États-Unis se souciaient, depuis longtemps du fait que la Russie est potentiellement en mesure de confronter les États-Unis sur le plan stratégique.
« Les États-Unis tentent de déséquilibrer les rapports de force à leur profit », a-t-il précisé.
Selon Feodor Voytolovski, les nouvelles relations américano-russes seront du genre « dissuasion stratégique » mutuelle.