Le président français Emmanuel Macron a refusé mardi de répondre à des questions sur l’arrêt des ventes d’armes à l’Arabie saoudite, en dépit des appels lancés par l’Allemagne à ses partenaires européens pour qu’elle suive son exemple et mette fin aux exportations d’armes au royaume.
Des journalistes ont demandé à Macron lors d’une visite à un spectacle de la défense navale si la France suivrait l’Allemagne dans sa tentative d’arrêter les ventes d’armes à Riyad après que ce dernier a avoué l’assassinat du journaliste dissident Jamal Khashoggi dans son consulat à Istanbul.
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« Cela n’a rien à voir avec ce dont nous parlons. Rien. Je ne réponds donc pas à cette question. Je suis désolé, mais tant que je serai au pouvoir, c’est ce qui se passera, que cela plaise ou non, » a-t-il déclaré aux journalistes, visiblement irrité.
« Ce n’est pas parce qu’un chef dit quelque chose que je dois réagir à chaque fois. Donc, je ne répondrai pas à cette question », a-t-il ajouté après qu’un journaliste eut posé une question complémentaire.
La chancelière allemande Angela Merkel a qualifié lundi le meurtre de Khashoggi de « monstruosité » et s’est engagée à mettre un terme à toutes les exportations d’armes allemandes à Riyad jusqu’à ce que l’affaire soit réglée.
Son ministre de l’économie, Peter Altmaier, a appelé les autres États membres de l’Union européenne à suivre son exemple en matière de cessation des exportations d’armes vers l’Arabie saoudite afin d’accroître la pression exercée sur Riyad à la suite de l’assassinat de Khashoggi, suscitant un tollé international.
Macron a cherché à minimiser l’importance des relations commerciales avec Riyad, affirmant que l’Arabie saoudite n’était pas un client important de la France.
Interrogé sur la prise en compte ou non de l’appel de Berlin par Paris, le porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères, Olivier Gauvin, a déclaré lundi que la politique française de contrôle des ventes d’armes était stricte et reposait sur une analyse au cas par cas réalisée par un comité interministériel.
« Les exportations d’armes en Arabie saoudite sont examinées dans ce contexte », a-t-il déclaré lors d’un point de presse, sans plus de précision.
Paris et Riyad entretiennent des relations diplomatiques et commerciales étroites dans les domaines de l’énergie, des finances et des armes. De plus, la France soutient Riyad dans sa campagne d’agression contre le Yémen.
Toutefois, de 2008 à 2017, il était le deuxième acheteur d’armes françaises, avec des transactions d’un montant total de plus de 11 milliards d’euros (chars, véhicules blindés, munitions, artillerie).