En réaction à un éventuel retrait des États-Unis du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), le vice-ministre russe des Affaires étrangères a déclaré que la réponse de Moscou pourrait être militaire.
Qualifiant le retrait des États-Unis du traité FNI d'"un pas très dangereux", Sergueï Riabkov a souligné que les États-Unis n'avaient fourni aucune preuve que la Russie avait violé le traité en déployant les missiles.
« Si les États-Unis continuent de se retirer unilatéralement des accords, Moscou adoptera une série de mesures de représailles, y compris des mesures militaires », a lancé le vice-ministre russe des Affaires étrangères, cité par Sputnik.
« La question est trop sérieuse pour faire l'objet d'un débat public. Si les États-Unis continuent d'agir de façon aussi maladroite et dure, comme on a pu le voir à maintes reprises, s'ils continuent à se retirer unilatéralement des accords dont les exemples ne manquent pas ; le PGAC sur le nucléaire iranien entre autres, nous serons contraints à prendre des mesures de représailles, de nature militaire et technologique », a-t-il précisé.
Le président des États-Unis, Donald Trump, a annoncé le samedi 20 octobre, le retrait unilatéral de Washington du traité FNI sous prétexte des violations présumées de l'accord par la Russie.
Le conflit verbal entre Moscou et Washington sur le traité FNI et un éventuel retrait des États-Unis de cet accord seraient à l’ordre du jour des négociations entre le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Bolton et les responsables russes à Moscou.
La menace de Trump de sortir du traité FNI est un pas vers l’échec du système de dissuasion nucléaire et pourrait mettre fin au Traité de réduction des armes stratégiques (START III) entre les deux pays.
Le ministère russe de la Défense n’a pas encore réagi aux propos du président américain, mais un responsable militaire cité par le quotidien russe Kommersant s’est exprimé sur le sujet : « De telles déclarations n'auraient aucun résultat positif, ni pour les États-Unis, ni pour la Russie, ni pour la communauté internationale ». Selon lui, les accords sur les armes conclus entre la Russie et les États-Unis ont toujours été un facteur de dissuasion nucléaire, et le refus de poursuivre la mise en œuvre de ces accords peut avoir des conséquences imprévisibles.
Selon certains experts militaires russes, le retrait américain des traités sur les armes nucléaires et sur les missiles balistiques n'est qu'une simple menace qui ne verra jamais le jour.
Le général Vladimir Dvorkin cité par le quotidien Nezavissimaïa Gazeta a déclaré que la Russie dispose des armes qui font peur à Washington. « Il est peu probable que Washington se retire du Traité sur la réduction des armes stratégiques. Le traité est bon pour les Américains, car il leur permet de surveiller l’état des forces nucléaires de la Russie dans l’armée de l’air, de terre et de la marine russes.»
La Russie et les États-Unis se sont mutuellement accusés de violer le traité FNI qui, conclu en 1987, interdit la mise au point, le déploiement et les essais de missiles balistiques ou de croisière lancés au sol avec une portée d'environ 500 km.
Dans ce droit fil, Rossiyskaya Gazeta a rapporté que ce n’était pas par hasard que les propos du président américain sur le retrait de son pays du FNI interviennent en pleine affaire Khashoggi, journaliste saoudien assassiné dans le consulat de l’Arabie saoudite à Istanbul en Turquie.
Le quotidien russe estime que la décision soudaine de Donald Trump qui entretient de bonnes relations avec les autorités de Riyad sur le traité FNI avait pour objectif de détourner l’opinion internationale de l’assassinat du journaliste dissident saoudien.