TV

Pour faire face à MBS, la Turquie se rapproche du Koweït

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le général Mohammed al-Kandari, adjoint au chef d’état-major de l’armée koweïtienne, et son homologue turc le général Yaldir ont signé un document de coopération militaire. ©Haber7

La Turquie se rapproche du Koweït, dont les différends avec l’Arabie saoudite sur la gestion des champs de Khafji et de Wafra, situés dans la zone neutre, ont fait capoter la visite effectuée samedi dernier par le prince héritier saoudien à Koweït.  

Alors que le conflit entre les deux pays, qui a conduit à la fermeture des champs de Khafji et de Wafra, prend de l’ampleur, le Koweït a annoncé dans une déclaration publiée à l’issue de la 5e session du comité de coopération militaire turco-koweïtienne, tenue le mercredi 10 octobre, qu’un document de coopération dans le domaine de la défense avait été signé avec la Turquie.   

Le document a été signé par le général Mohammed al-Kandari, adjoint au chef d’état-major de l’armée koweïtienne, et son homologue turc le général Yaldir, a rapporté l’agence de presse du Koweït, KUNA.

Des sources koweïtiennes ont déclaré au journal panarabe Rai al-Youm que dans le cadre de cet accord, il n’était pas exclu que des troupes de l’armée turque soient déployées au Koweït, favorisant ainsi la vente d’armes turques, en particulier pour les divisions blindées. Un accord similaire avait été conclu entre Ankara et Doha, grâce auquel le Qatar a évité un conflit armé avec ses quatre adversaires du golfe Persique (Arabie saoudite, Égypte, Émirats arabes unis et Bahreïn) qui, depuis 2017, lui ont imposé un blocus tous azimuts.

35 000 soldats turcs sont déployés dans une base militaire près d’al-Aïdid au Qatar. La Turquie, qui s’est donc projetée au cœur de la crise au Moyen-Orient, joue un rôle prépondérant dans l’atténuation des répercussions du blocus contre le Qatar, face auquel elle a ouvert un corridor aérien pour les avions qataris.

Pour plus de détails : 5 000 militaires turcs attendus au Qatar

Pour montrer sa gratitude, l’émir du Qatar Tamim ben Hamad Al Thani s’est rendu à Ankara pour annoncer au président turc Recep Tayyip Erdogan un plan d’investissement de 15 milliards de dollars, au moment où la livre turque a décroché, perdant près de 40 % de sa valeur face au dollar, et où les relations politiques et commerciales avec les États-Unis se sont dégradées.

Par la suite, les propos tenus par le président du Parlement koweïtien, Marzouk al-Ghanem, lors de la 3e conférence des présidents des parlements eurasiatiques à Antalya, ont effarouché plus d’un journaliste koweïtien, surtout ceux qui sont proches du royaume saoudien. Il disait que « la Turquie n’est pas une république bananière, elle se relèvera de la guerre économique qui lui est lancée, car c’est une guerre déjà vouée à l’échec ».

L’importance de ces paroles ainsi que du contrat de coopération militaire entre la Turquie et le Koweït réside dans leur timing. En effet, ils interviennent à plusieurs moments cruciaux de l’évolution politique :

1. À l’apogée de la crise entre la Turquie et l’Arabie saoudite, sur fond de la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Au moment où les informations sur son assassinat et le démembrement de son corps dans le consulat de l’Arabie saoudite à Istanbul par une équipe d’agents saoudiens semblent de plus en plus probables.

Lisez aussi : Affaire Khashoggi : Trump s’en mêle

2. Le rapprochement entre la Turquie et le Koweït s’opère alors que les différends de ce dernier avec l’Arabie saoudite sur la gestion des champs de Khafji et de Wafra, situés dans la zone neutre, ont fait capoter la visite effectuée samedi dernier par le prince héritier saoudien à Koweït.

Depuis octobre 2014, la production sur ces sites est suspendue à la demande de la partie saoudienne, alors qu’elle atteignait précédemment 300 000 b/j. Le Koweït a indiqué que l’Arabie saoudite avait interrompu unilatéralement l’exploitation du site, alors qu’un préavis de cinq ans était imposé, selon l’accord bilatéral. Les Saoudiens ont prétendu avoir cédé à la pression koweïtienne.

3. Les tweets du prince saoudien Khalid Abdullah ont suscité la colère des Koweïtiens.

4. Riyad a mis en garde les touristes saoudiens qui souhaitent voyager en Turquie. Il les a appelés à choisir une autre destination, faisant de l’insécurité et des positions belliqueuses de la Turquie envers l’Arabie saoudite des sujets à caution.

Le profond fossé entre l’Arabie saoudite et le Koweït se fait jour dans ces méthodes d’attaque qui sortent du cadre des usages diplomatiques traditionnels au sein des pays membres du Conseil de coopération du golfe Persique. En outre, elles montrent aussi que le Koweït penche en faveur de l’axe Qatar-Oman dans la crise régionale.

Ces différends ne sont certainement pas dans l’intérêt du plan de Donald Trump qui consiste à créer une « OTAN arabe » qui réunirait les six États du CCGP, plus la Jordanie et l’Égypte. Selon certains rapports, le Koweït, le Qatar et Oman ne souhaitent pas adhérer à cet axe anti-iranien.

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV