Commentant la réalisation du gazoduc Nord Stream 2, le président russe Vladimir Poutine a mis en garde l’Europe contre ses faiblesses qui l’empêcheraient de défendre ses intérêts dans le domaine énergétique.
Il serait dommage que l’Europe se montre faible et échoue dans la défense de ses intérêts pendant la réalisation du projet de gazoduc Nord Stream 2, destiné à relier la Russie à l’Europe sous la mer Baltique, a déclaré mercredi M. Poutine au terme d’une rencontre avec le chancelier autrichien Sebastian Kurz à Saint-Pétersbourg, rapporte Sputnik.
« Cédant à des pressions extérieures, la Bulgarie a renoncé au projet South Stream. Mais maintenant elle le regrette et parle de la possibilité d’obtenir notre gaz via le gazoduc Turkish Stream. Je ne voudrais pas que l’Europe fasse la même chose que la Bulgarie, manifeste la même faiblesse et se montre incapable de défendre ses intérêts nationaux », a indiqué M.Poutine pendant une conférence de presse.
Le président russe a rassuré M.Kurz que la Russie restait le fournisseur le plus fiable de produits énergétiques en Europe.
« La Russie a été et restera toujours le meilleur fournisseur, y compris parce que nos gazoducs partent directement de la source, du Yamal et de Sibérie. Cette année, nous comptons vendre 200 milliards de m3 de gaz en Europe », a noté M.Poutine.
Sebastian Kurz a pour sa part affirmé que son pays ainsi que les autres pays européens étaient intéressés par la mise en œuvre du Nord Stream 2.
« Les participants européens à ce projet le soutiennent et souhaitent le réaliser. Mais il faut régler certaines questions juridiques et il importe aussi qu’on respecte les intérêts de l’Ukraine, pays de transit important », a déclaré le chancelier autrichien.
Le projet Nord Stream 2 prévoit la construction de deux conduites de gazoducs d’une capacité totale de 55 milliards de m3 et de Sibérie de gaz par an, qui relieront le littoral russe à l’Allemagne sous la mer Baltique. Les deux conduites doivent être mises en service d’ici 2019, date d’expiration de l’accord russo-ukrainien sur le transit de gaz vers l’Europe. Le projet a un coût estimé à près de 10 milliards d’euros.
Le tracé du nouveau pipeline long de 1.200 km traverse les zones économiques exclusives des pays riverains de la mer Baltique : Russie, Finlande, Suède, Danemark et Allemagne. Seul le Danemark n’a pas encore donné son feu vert pour le projet du gazoduc.
Les États-Unis réclament que les pays européens se retirent du projet et les menacent d’adopter des sanctions contre ceux qui ne le feront pas. Washington entend remplacer le gaz russe par son propre gaz naturel liquéfié qu’il souhaite vendre en construisant des terminaux méthaniers en Europe.