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« Pétrodollars en échange d’un soutien » : la fin d’un accord traditionnel

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président américain Donald Trump et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, le 20 mars 2018, à Washington. ©AP

Les relations entre les États-Unis et l’Arabie saoudite étaient auparavant fondées sur le mot d’ordre suivant : « des pétrodollars en échange d’un soutien ». Ce principe a pourtant été modifié, voire inversé, par Donald Trump, qui croit que les armes qu’achète l’Arabie saoudite aux États-Unis et aux pays occidentaux ne suffisent pas pour garantir le soutien américain à Riyad.

Le président des États-Unis Donald Trump met la lumière de plus en plus sur la somme qu’il exige de l’Arabie saoudite en échange du soutien que le royaume saoudien attend de Washington, une somme qui semble être de l’ordre de plusieurs milliards de dollars. En effet, ce que le président américain cherche à gagner est une liberté d’action concernant le pétrole et le gaz saoudiens. Cela alors que le géant pétrolier saoudien Aramco vaut 2 000 milliards de dollars.

Ce qu’a déclaré Donald Trump en Virginie-Occidentale évoque implicitement la fin de l’époque « pétrodollar contre soutien ». Lors de ce discours, le président américain a souligné que la nouvelle époque des relations Washington-Riyad serait fondée sur un principe axé sur la liberté d’action des États-Unis dans les décisions qui sont prises sur le pétrole et le gaz saoudiens et cela en échange du soutien des USA à la famille des Saoud.

L’époque « pétrodollar contre soutien » est née lors d’une rencontre entre le président des États-Unis Franklin Roosevelt et le roi Abdelaziz Al Saoud sur le croiseur USS Quincy en 1945. C’est ainsi que les États-Unis ont hérité du colonialisme britannique et ont pris en charge le soutien de l’Arabie saoudite face aux menaces étrangères et intérieures.

Malgré le pacte du Quincy, l’Arabie saoudite n’a pas mis à la disposition des États-Unis ses puits de pétrole et ses ressources souterraines et leur donnait ses pétrodollars sous forme de contrats d’armes, de marchandises et de services. Cependant, il existait des courants politiques et religieux à l’intérieur de l’Arabie saoudite qui s’opposaient à la domination américaine.

Le principe « pétrodollar contre soutien » s’est vu fragilisé au cours du deuxième mandat de Barack Obama, lorsque le régime saoudien a déclenché des guerres par procuration en Irak, en Syrie et au Yémen. À cette époque-là, Barack Obama croyait que les États-Unis n’étaient pas en mesure de protéger l’Arabie saoudite face à un effondrement intérieur. C’est pourquoi il a demandé aux responsables saoudiens de changer de méthode de gestion du pays en adoptant des réformes.

À présent, les sommes faramineuses qu’exige Donald Trump de l’Arabie saoudite menacent sérieusement l’économie saoudienne, déjà fragilisée. Si le prix d’un baril de brut devient inférieur à 87 dollars, l’Arabie saoudite connaîtra un déficit budgétaire. L’Arabie saoudite, qui a bénéficié d’un excédent budgétaire de 155 milliards de dollars en 2008, souffre en 2018 d’un déficit budgétaire de 60 milliards de dollars.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a essayé de réduire de 30 milliards de dollars les dépenses publiques afin de compenser les dommages qu’avait infligés le déficit budgétaire à l’économie saoudienne. Il envisage également d’introduire en bourse 5 % des actions d’Aramco, ce qui équivaut à 30 milliards de dollars. Il ne faut pas oublier que toutes ces mesures risqueraient de porter atteinte à la couche démunie de la société saoudienne, car la réduction des dépenses publiques la menace sérieusement alors que les princes saoudiens n’acceptent, à aucun prix, de renoncer à leurs privilèges dans le domaine du pétrole.

L’intéressant est que Donald Trump n’a fait aucune allusion à la loi JASTA (The Justice Against Sponsors of Terrorism Act) qui vise à aider les familles des 2 500 victimes et 20 000 blessés de l’attentat du 11 septembre ainsi que les institutions touchées par l’attentat à être dédommagées par l’Arabie saoudite.

Par ailleurs, Donald Trump n’a nullement soutenu le régime saoudien en place dans les conflits intérieurs qui menacent le régime. Cela est non seulement vrai concernant les menaces intérieures, mais en plus vis-à-vis des menaces extérieures. L’Arabie saoudite se sent seule et privée de tout soutien des États-Unis. Le seul sujet à propos duquel Trump défend l’Arabie saoudite est la guerre au Yémen et le massacre du peuple yéménite par les bombes, la famine et les maladies.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV