Le sous-secrétaire d’État adjoint américain, chargé des Affaires du Moyen-Orient, Timothy Linder King, prépare, depuis trois semaines, l’élaboration des principes d’une nouvelle alliance stratégique entre les pays arabes.
Abdel Bari Atwan, célèbre analyste du monde arabe et rédacteur en chef du quotidien Rai al-Youm, a fait paraître un article au sujet de l'initiative de Donald Trump de mettre sur pied une nouvelle alliance militaire, composée des six pays arabes riverains du golfe Persique, plus l’Égypte et la Jordanie. L’alliance aura pour mission de contrer l’Iran et de défendre les intérêts des États-Unis au Moyen-Orient.
L’initiative semble être en cours de concrétisation d'après une nouvelle qui a été publiée le jeudi 27 septembre par le quotidien anglophone émirati The National, proche du prince héritier d’Abou Dhabi.
Le quotidien émirati a révélé que le sous-secrétaire d’État adjoint américain, chargé des Affaires du Moyen-Orient, Timothy Linder King, préparait, depuis trois semaines, l’élaboration des principes d’une nouvelle alliance stratégique entre les pays arabes.
Riyad, capitale saoudienne, abritera le siège de cette alliance, autrement dit cette « OTAN arabe », qui portera le nom officiel de « l’Alliance stratégique pour le Moyen-Orient » (Middle East Security Alliance, MESA).
À ce propos, Abdel Bari Atwan s’est attardé sur les chances de réussite et les conséquences négatives que la formation de cette alliance pourrait apporter à la région.
« Primo, l’Alliance stratégique pour le Moyen-Orient vise à créer des fissures géographiques, ethniques et tribales au Moyen-Orient et dans le monde arabe. Sur le plan géographique, l’Alliance va séparer l’Est arabe de l’Ouest arabe ou l’Afrique du Nord. C’est pourquoi le Maroc pro-américain et anti-iranien n’a pas rejoint l’Alliance. Voilà la manière dont la MESA envisage d’ouvrir un nouveau front, composé de huit pays arabes sunnites, pour confronter les pays membres de l’axe de la Résistance, dirigés par l’Iran, un axe auquel les États-Unis s’efforcent de donner le titre de « l’axe chiite ». Là, on parle du Yémen, de la Syrie, de l’Irak et du Liban aux côtés de l’Iran sans évoquer le Soudan, la Somalie et Djibouti qui ont été totalement lâchés.
Secundo, les huit pays qui devront constituer la MESA ne partagent pas la même position concernant le dossier yéménite, la crise qui oppose le Qatar, d’une part, à l’Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis, à Bahreïn et à l’Égypte, de l’autre, à la « menace iranienne ».
Pour être plus précis, le Koweït, le Qatar et Oman ne voient pas en l'Iran, une menace pour leur sécurité. D’où leur réaction rapide à l’attentat terroriste d’Ahwaz qu’ils ont condamné sans hésitation alors que l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis n’ont pas tardé à s’en féliciter, soit directement, soit par des tweets. L’autre sujet de discorde qui sépare les membres de cette alliance est la guerre au Yémen.
Tertio, l’hostilité envers l’Iran et le soutien aux intérêts des États-Unis dans la région y compris la réduction des cours du brut sont les éléments qui réunissent le groupe.
Quarto, il faut se demander quelle position occupe le régime israélien au sein de cette alliance, mais aussi quelle position les membres de cette alliance vont-ils adopter vis-à-vis d’Israël ? Ces pays se sont-ils retirés du conflit israélo-palestinien ? Israël, n’est-il pas un membre caché de cette alliance ?
Quinto, que pensent de cette alliance la Russie et la Chine et les autres pays comme la Turquie et le Pakistan dont les relations avec l’administration Trump se détériorent de jour en jour ?
Il est regrettable de voir que les élites arabes ont préféré rester indifférentes et silencieuses face à la formation de cette alliance dangereuse ayant des conséquences dévastatrices sur le Moyen-Orient et ses nations. Reste à savoir pourquoi la Jordanie, qui avait été marginalisée par ses « amis » du Conseil de coopération du golfe Persique, a décidé de rejoindre cette alliance ».
Dans la foulée, la porte-parole du département d’État américain, Heather Nauert, a déclaré que le secrétaire d’État américain Mike Pompeo avait rencontré les ministres des Affaires étrangères des pays membres du Conseil de coopération du golfe Persique pour leur parler de la formation de « l’Alliance stratégique pour le Moyen-Orient ».