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Riyad et Abou Dhabi de plus en plus divisés sur le Yémen

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
L'Arabie saoudite convoite entre autres le pétrole yéménite. (Illustration)

Le prince ambitieux saoudien continue de convoiter le Yémen, mais les EAU ont déjà peur de tout perdre. Les relations entre les Émirats arabes unis et le royaume saoudien sont marquées ces jours-ci par des tensions au sujet de la guerre contre le Yémen, tandis que des civils et enfants yéménites continuent de mourir à l’ombre de cette rivalité.

Le jeune prince héritier saoudien, qui se berce d’illusions en pensant impacter les évolutions au Moyen-Orient, se trouve face à un grand défi. Quatre ans ont passé depuis le début de la guerre menée par la coalition saoudienne contre le Yémen ; or cette guerre, les Saoudiens l’avaient imaginée autrement : une guerre éclair et foudroyante permettant d’atteindre rapidement tous les résultats escomptés.

C’est en poursuivant cette chimère que Mohammed ben Salmane met le Yémen à feu et au sang depuis presque quatre ans : le président démissionnaire Mansour Hadi pourra finalement revenir au pouvoir après la chute de Sanaa ! 

Pour sa part, les Émirats arabes unis ont adhéré à la coalition militaire appelée « Opération Tempête décisive » sous le prétexte qu’elle viserait à réinstaurer la sécurité et la stabilité au Yémen.

Mais si Riyad et Abou Dhabi sont à l’heure actuelle divisés sur la façon de gérer la guerre au Yémen, cela relèverait, entre autres, de l’emplacement stratégique de ce pays. L’Arabie espère pouvoir, en asseyant son contrôle sur le Yémen, s’assurer des intérêts hyper-importants et lucratifs, eu égard notamment à long littoral yéménite en mer Rouge et dans l’océan Indien.

De même, le fait que l’Arabie saoudite et la Turquie se disputent un rôle de leadership des musulmans de la région n’est absolument pas au goût des Émirats arabes unis. Il n’y a pas longtemps, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavusoglu, disait que son pays était plus qualifié pour assumer un tel rôle que la Turquie, qui ne pense qu’à revivifier l’Empire ottoman.

Les cheikhs des Émirats arabes unis ne dissimulent pas leur inquiétude de voir le parti al-Islah prendre le pouvoir au Yémen, un parti apparemment proche de la confrérie et soutenu par l’Arabie saoudite ; or, les liens entre Riyad et les Frères musulmans se sont développés depuis que Mohammed ben Salmane a officiellement été désigné prince héritier.

D’autre part, dans le cadre du projet de villes nouvelles baptisées « Madinat al-Nour » (villes lumière), une ville et un pont stratégique seront construits sur la mer Rouge entre le Yémen et le Djibouti, reliant l’Asie au continent africain. Ce projet nuirait à l’importance stratégique et axiale du port de Dubaï, qui est d’ailleurs une grande source de revenus pour le pays.

Et l’on ne pourra pas ignorer non plus l’importance de l’or noir. L’Arabie saoudite convoite les champs pétroliers étendus dans une vaste zone depuis la province yéménite d’al-Jawf jusqu’au Rub al-Khali, littéralement le « quart vide », désert qui occupe environ 650 000 kilomètres carrés dans le tiers le plus méridional de la péninsule Arabique. Si l’Arabie saoudite réussit à mettre la main sur cet énorme champ pétrolier, il lui sera plus facile d’augmenter le prix du pétrole quand elle le souhaite, tout en cherchant de nouvelles voies d’exportation du brut depuis la mer Rouge vers le détroit d’Hormuz.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV