Au début du mois de novembre, l’administration américaine fera entrer en vigueur de nouvelles sanctions contre l’Iran — ce qui bloquera le commerce des entreprises européennes. L’Allemagne et d’autres pays de l’UE disent vouloir empêcher cela.
Selon la version en ligne du magazine Der Spiegel, le ministre allemand des Finances, Olaf Scholz, et ses homologues britannique et français travaillent actuellement sur la manière dont les entreprises européennes peuvent contourner les sanctions américaines contre l’Iran. Ils veulent créer une institution financière au début du mois de novembre, dont le seul objectif est de traiter les paiements pour les transactions avec Téhéran, en contournant les canaux de financement habituels, a rapporté Der Spiegel.
La nouvelle institution ne devrait pas être une banque, mais avoir la forme juridique d’un véhicule dit spécial. Cela lui conférera l’avantage de ne pas devoir être munie d’un capital. Les fonds publics ne seront pas nécessaires. L’idée est une initiative française. L’organisme sera ouvert aux entreprises de tous les États membres de l’UE. Les trois ministres considèrent la fondation de cette entité spéciale comme un acte de souveraineté européenne, a précisé le site d’information allemand.
À la différence des États-Unis, les trois pays européens veulent maintenir l’accord nucléaire et continuer à faire du commerce avec l’Iran. Les banques traditionnelles évitent de faire des affaires avec l’Iran parce qu’elles craignent des mesures punitives américaines.
Scholz a rencontré plusieurs fois ses deux collègues européens pour discuter de la mesure, par exemple en marge de la réunion des ministres des Finances du G20 à Buenos Aires à la mi-juillet. Le gouvernement italien souhaite également s’impliquer dans le mécanisme financier européen.
L’accord nucléaire, connu sous le nom de Plan global d’action conjoint (PGAC), a été signé en juillet 2015 par l’Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Chine, Russie, France, Royaume-Uni, États-Unis) plus l’Allemagne. Trois ans plus tard, les États-Unis se sont retirés unilatéralement de l’accord, rétablissant ainsi des sanctions contre la République islamique d’Iran. Les autres signataires de l’accord se disent engagés à maintenir l’accord nucléaire iranien.
L’UE a déjà réactivé la loi européenne de blocage pour soutenir les entreprises européennes qui commercent avec l’Iran face aux sanctions extraterritoriales américaines, une loi qui, selon les experts, ne pourra pas empêcher les grandes sociétés européennes de quitter l’Iran.
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La chef de la politique étrangère de l’UE a réitéré le mardi 11 septembre sa volonté de défendre l’accord nucléaire avec l’Iran ainsi que l’accord de Paris sur le climat.
« Nous continuons à soutenir l’accord nucléaire avec l’Iran, l’accord de Paris sur le changement climatique et à financer le travail essentiel de toutes les agences des Nations unies, y compris l’UNRWA, l’Office de secours et de travaux des réfugiés de Palestine au Proche-Orient », a-t-elle ajouté.
L’Union européenne a accordé le 23 août une aide au développement de 18 millions à Téhéran dans le cadre des efforts pour réduire l’impact des sanctions américaines contre l’Iran et maintenir ce pays dans l’accord multilatéral de 2015 sur le nucléaire.
Cependant, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Qassemi, a déclaré que le paquet européen de 18 millions d’euros destiné à soutenir l’Iran par la Commission européenne est différent du paquet européen visant à contrer les sanctions américaines contre l’Iran.