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Les États-Unis cherchent-ils à ressusciter le scénario de Mossoul à Bassora?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La fumée se dégage du bâtiment de Guest House à Bassora, en Irak, le 6 septembre 2018. ©Reuters

Des révoltes contre la pénurie d’eau et d'électricité dans la province méridionale de Bassora en Irak se sont très rapidement tournées en bataille armée. Les "manifestants en colère" ainsi que le soulignent sans cesse et depuis une semaine les médias mainstream, se sont attaqués aux sièges des forces de Mobilisation populaire, les Hachd al-Chaabi, avant de s'en prendre au consulat d'Iran qu'ils ont saccagé et incendié, en forçant les barrières de sécurité. Sur fond de cette curieuse campagne de protestation qui a éclaté dans une province majoritairement chiite, les réseaux sociaux sont bien actifs : ils identifient et localisent des cibles et incitent les jeunes à attaquer.

S'il est vrai que Bassora a chaud et soif et que sa population est harassée par une mauvaise gestion chronique, personne ne peut voir les images qui circulent en ce moment sans se rappeler les pires moments de l'invasion de Daech à Mossoul. Le premier acte du projet "Daech bis" est-il sur le point de se jouer à Bassora, province limitrophe du sud de l'Iran alors qu'à Bagdad les États-Unis font tout pour empêcher la formation d'un gouvernement pro-Résistance? Aux dernières nouvelles, l'aéroport de la ville aurait été attaqué par des roquettes. Difficile de croire que les "jeunes en colère", largement  diligentés par "des réseaux sociaux trop actifs" soient capables de manier des lance-roquette. 

Photo: des "manifestants" en train de prendre des selfies et des photos non loin du bâtiment du consulat iranien en feu (Mashregh News) 

Des manifestations sur fond de contestation sociale ont donné lieu depuis une semaine à des violences meurtrières à Bassora. Six personnes sont mortes et des dizaines, blessées. Des forces de l'ordre tentent de ramener le calme sans succès. Selon la chaîne de télévision irakienne, al-Furat, des individus masqués se mêlent aux protestataires pacifiques pour incendier et saccager les bâtiments publics et les sièges des principaux partis politiques liés exclusivement à la Résistance irakienne, celle-là même qui a juré de mettre dehors les occupants américains, si elle parvenait à avoir la majorité au sein du gouvernement.

Ces inconnus se faisant passer pour des manifestants, ont même attaqué un centre médical qui soignait des blessés et que détiennent les Hachd al-Chaabi (la Force de mobilisation populaire) avant de prendre en otage et les malades et le personnel soignant. Tous ces gens ont été largement impliqués dans des grands combats contre Daech. Les saccageurs ont pillé le centre de soin.

L'incendie qui a détruit le consulat iranien, évacué avant l'attaque, s'est produit peu après l'attaque contre le centre de soin. Ce samedi 8 septembre, le ministère iranien des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur d’Irak en poste à Téhéran pour faire part de sa protestation. Le porte-parole du ministère, Bahram Qassemi a demandé qu'une enquête soit ouverte pour identifier et arrêter les vrais auteurs de l’attaque.

En réaction aux rumeurs qui suggèrent le consigne de départ lancé par le ministère aux ressortissants iraniens en Irak, le diplomate a indiqué que l’ambassade d’Iran n’avait fait aucun communiqué en ce sens et ne le fera pas", bien que le scénario semble avoir été concocté de A à Z justement pour provoquer une rupture en Irak et Iran, les deux piliers de l'axe de la Résistance dans la lutte qui est la sienne contre l’expansionnisme US/Israël.  

Une révolution colorée? 

Le scénario est bien identique : des "activistes civiles" lancent des appels à la manifestation qui ne tardent pas à tourner aux violences. En 2014, le même scénario s'est joué à Mossoul avant que Daech, composé d’éléments baathistes et d'agents américains et israéliens s'emparent du mouvement et lancent une grande offensive contre les sites et les bases des forces armées. 

S’agissant de Bassora, d'obscures personnages incitent les protestataires à se radicaliser et à faire face aux forces de sécurité. La "Yulia Timoshenko irakienne", Roham Yaqoub, serait l'un de ces personnages qui se dit "la meneuse du mouvement des femmes irakiennes". De nombreuses photos la mettent en scène en compagnie des agents américains. 

Roham Yaqoub (Twitter)

Alors que certains parties dénoncent l'inaction des "politiques" qui ne semblent en aucune façon pressés à enrayer la violence, d'autres s'inquiètent de la tournure particulièrement fâcheuse que prennent les événements à Bassora. Des organisateurs de la marche pacifique contre la pénurie d'eau semblent eux aussi avoir été pris au dépourvu. Le comité de coordination des manifestations vient même de mettre en garde contre la présence des résidus de Daech et des baath qui à la faveur d'un plan B US/Israël incitent à la violence dans le stricte objectif de créer cette fois une guerre chiite-chiite.

Le secrétaire du Hezbollah d'Irak, Qais al-Khazali s'étonne d'ailleurs de ce que seul le siège de son mouvement soit visé à travers tout le Bassora, un mouvement dont les membres ont été sauvagement bombardé par les Américains en juin dernier à Abou Kamal. Un mouvement qui est largement présent sur les frontières syriennes avec Israël et qui pense à aider Assad à récupérer le Golan. Trop de signe pour que les observateurs ne voient pas à Bassora une tentative de résurrection de Daech, nouvelle version pour préserver les intérêts des USA en Irak et ce, sur le dos de la Résistance.  

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV