Il y a quelques jours le président adjoint de la commission de la politique économique de la Douma, Vladimir Gutenev, dénonçait "la politique américaine de pression sur la Russie laquelle aurait franchi la "ligne rouge" poussant "Moscou à réfléchir à une réponse asymétrique. Cette réponse, le député russe l'a bien précisée : “cela pourrait être le déploiement des armes nucléaires tactiques russes à l’étranger". Le député, cité par Tass, est allé encore plus loin : "Il a préconisé le déploiement des armes nucléaires dans des pays comme la Syrie où la Russie détient des bases navale et aérienne.
A vrai dire, il s'agirait d'une nouvelle conception russe de défense qui ne date pas d'hier. Moscou aurait radicalement changé les règles d’engagement de ses forces armées, justement en Syrie et après que ses forces "Wagner" eurent fait l'objet d'une attaque meurtrière US à Deir ez-Zor : l'attaque que les Américains n'ont jamais revendiquée a fait des dizaines de morts côté russe. Suivant la nouvelle conception que le député de la Douma a évoqué, "l’artillerie nucléaire de campagne dès le commencement d’un engagement classique avec l’adversaire pourrait être réactivé.
Les analystes politiques croient d'ailleurs entrevoir les signes concrets de ce changement de stratégie militaire à travers le méga exercice Vostok-2018 qui aura lieu en septembre prochain. Ce sera le plus grand exercice militaire depuis Zapad-1981 en Europe de l’Est que la Russie et ses alliés mèneront. Il inclut toutes les unités militaires du District Centre et Est russe soit un peu plus de 300 000 hommes et 1100 aéronefs militaires, les forces stratégiques et aérospatiales russes ainsi que des forces spéciales venus des Républiques du Caucase. Mais ceci n'est sans doute pas le seul aspect notable de cette manœuvre. En effet, les sources militaires citées par Tass affirment que l'exercice simulera pour la première fois dans l’histoire, une attaque thermonucléaire massive avec au préalable un usage intensif d’armes nucléaires tactiques contre un pays fictif allié à la fois à Moscou et à Pékin. Ce pays pourrait effectivement être la Syrie. L’un des buts de Vostok-2018 consistera donc à démontrer l’efficience des tactiques utilisées par l’artillerie atomique russe sur un champ de bataille classique ou conventionnel. Vostok-2018 inclura également des scénarii de guerres chimique et bactériologique ainsi que des exercices visant à repousser une invasion post-nucléaire.
Toutes ces indications ne pourront ne pas renvoyer les commentateurs à l'actualité syrienne telle qu'elle se déroule en ce moment à Idlib. Alors que les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne se mobilisent pour contrer la libération du dernier carré encore aux mains de leurs agents takfiristes, la Syrie a déployé des batteries de missiles tout autour de ses sites militaires. La Russie de son côté a déployé une vaste armada en Méditerranée en prévision aux frappes US et d'aucuns évoquent un véritable bouclier maritime que Moscou utilisera pour protéger la Syrie. Mais ce pourrait ne pas être tout: l'idée de l'installation des artilleries nucléaires dans des pays alliés fait son chemin et ainsi que le précisait le parlementaire russe, Vladimir Gutenev, ce genre d'armement pourrait être déployé à Hmeimim et à Tartous. Le scénario de l'attaque chimique auquel travaillent en ce moment les Occidentaux pour pouvoir frapper l'Etat syrien et provoquer son effondrement, risque, s'il se réalise, de produire des effets irréversibles.