La chaîne d’information Al-Jazeera évoque deux raisons pour l’échec de l’initiative du président américain destinée à mettre en place une OTAN arabe pour contrer l’Iran.
Marwan J. Kabalan, écrivain syrien et responsable de l’analyse politique au Centre arabe de recherches et d’études politiques, a fait paraître, le vendredi 10 août, un article sur le site web de la chaîne de télévision Al-Jazeera, à propos des raisons qui pourraient faire capoter l’initiative d’une OTAN arabe.
« Il va de soi que la compréhension commune d’une même menace constitue le pilier principal de toute organisation impliquée dans le domaine de la sécurité collective. Sans cette compréhension commune, la sécurité collective n’a aucun sens. En ce qui concerne l’initiative de la mise en place d’une OTAN arabe, ce principe de « compréhension commune d’une même menace » est absent à deux niveaux : au niveau d’entre-États et au niveau d’État-société. Pour certains pays membres du Conseil de coopération du golfe Persique (CCGP), les menaces surgissent autant de l’intérieur de l’alliance sécuritaire que propose Trump que de l’extérieur de l’alliance », écrit Marwan Kabalan.
Il s’est ensuite attardé sur des rapports montrant que le secrétaire d’État américain Rex Tillerson a dissuadé, en 2017, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis d’attaquer le Qatar.
« Imaginez cette situation où l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis veulent attaquer le Qatar, un autre membre du CCGP ! Et c’est Rex Tillerson qui est passé à l’acte pour prévenir cette action militaire. Reste à savoir quel type d’alliance sécuritaire Donald Trump cherche à mettre en place exactement. La sécurité collective est fondée sur le principe de « Un pour tous, tous pour un ». Attaquer l’un des membres d’une alliance de sécurité collective, signifiera donc une déclaration de guerre contre tous les membres. Dans le cas précité, la menace de guerre provient de l’intérieur d’une même alliance qui devrait assurer la sécurité de ses membres et renforcer celle d’autres », indique l’article.
Conformément à cet article, « ce qui est considéré par les États arabes comme étant une menace peut être différent de la réalité. Certains États arabes dont et surtout l'Arabie saoudite voient en l’Iran une plus grande menace pour leur sécurité mais la réalité est que la plupart des nations arabes croient qu’Israël et les États-Unis représentent une menace plus sérieuse ».
L’analyste d’Al-Jazeera a fait allusion aux résultats d’un sondage d’opinion du Centre arabe de recherches et d’études politiques selon lesquels seules les sociétés saoudienne considèrent la République islamique d’Iran en tant que menace sérieuse à la sécurité. Le même sondage montre que les autres nations arabes craignent plutôt une menace israélienne ou américaine.
« En plus, pas mal d’Arabes pensent que la mauvaise gestion, les politiques insuffisantes pour éradiquer la pauvreté, le chômage et l’inégalité sociale comptent parmi les plus grandes menaces qui mettent en danger leur sécurité », a-t-il ajouté.