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OTAN arabe ou comment "traire" les monarchies

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président américain Donald Trump et le roi Salmane d'Arabie saoudite. ©Reuters

Alors que le dernier sommet de l'OTAN a sonné, selon de nombreux analystes, le glas de l"Alliance militaire euro-américaine à vocation anti-russe", l’administration Trump repart en guerre contre l'Iran avec l'idée à mainte reprise exploitée mais jamais réalisée d'une OTAN anti-Iran. Cette alliance dite "sécuritaire et politique" au Moyen-Orient devra inclure les six pays arabes du Conseil de coopération du golfe Persique (CCGP) qui n'est plus que l'ombre de lui-même plus l’Égypte et la Jordanie. Les analyses occidentales sur la vocation de cette OTAN convergent tous : il s'agit de contrer l'Iran mais les experts occidentaux qui tentent souvent à cacher les vrais enjeux de ce genre de projets restent atones sur les chances réelles d'une OTAN arabe à voir un jour le jour. 

Pour l'éditorialiste de Raï al-Youm, Abdel Bari Atwan, l'objectif de cet organisme consiste surtout à faire chanter les pays arabes vu que Trump a échoué à soustraire de l'argent à ses alliés non-arabes. L'OTAN arabe, ainsi que le dit la Maison Blanche devra renforcer les coopérations US avec les pays arabes en matière de "défense balistique", d’"exercices militaires", de "lutte contre le terrorisme", à quoi devraient s'ajouter des coopérations économiques et diplomatiques. Un sommet devant se tenir les 12 et 13 octobre à Washington devra consacrer cette alliance qui serait nommé « l’alliance stratégique du Moyen-Orient ».

 

Mais quels sont les chances de succès de ce projet? 

Pour les analystes qui suivent le cours des relations USA/monarchies arabes, l'idée est loin d'être prometteuse : d'abord en raison des divergences qui déchirent le Conseil de Coopération et qui ont poussé Riyad et Abou Dhabi de s'en dissocier et de créer un tandem lequel peine, lui aussi, à s'imposer au Yémen. Trump aura une lourde tâche puisque le prince héritier saoudien qui devra être le vecteur de l'OTAN arabe s'est mis déjà sur le dos Manama, Le Caire, voire Abou Dhabi. il faudrait donc à M. Trump d'offrir sa médiation. Une fois cette médiation aura été faite, le président US devrait penser à réconcilier ces 5 pays avec le Qatar et là, la tâche risque d'être beaucoup plus difficile. Surtout qu'une réconciliation pourrait s'avérer coûteuse pour l'Amérique : la crise saoudo-qatarie a poussé Doha à signer de gros contrats avec les Américains dont l'un d’un montant de 12 milliards de dollars. Si tout le monde se réconciliait, comment surfer alors sur la peur d'autrui et s'en servir pour remplir les caisses d'État US? Et puis à qui accorder la direction de  cette OTAN arabe? À l'Égypte ou à l'Arabie saoudite? Une chose est sûre : il serait difficile pour la Maison Blanche de réconcilier les deux éternels frères ennemis qui se disputent le leadership du monde arabe.

De nombreux analystes relèvent des arrières-pensées qui animent cet organisme qui pourraient ne pas être uniquement "iranophobe". La Turquie se montre en effet de plus en plus récalcitrante vis-à-vis des Américains et des alliés arabes de ces derniers et l'OTAN arabe pourrait un jour retourner contre Ankara. 

La décision américaine de forger une alliance arabe sur le modèle de l’OTAN semble avoir été prise après l’échec du gouvernement Trump à isoler l’Iran sur la scène internationale dans la foulée de son retrait de l’accord nucléaire de 2015. Mais rien n'assure pour l'heure M. Trump du succès de son nouvelle entreprise qui semble bien hasardeuse. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV