Sept années et des milliards de dollars plus tard, Israël a été amené à se replier derrière la ligne de désengagement au Golan. Mais qu’est-ce qui a poussé Israël à déclarer forfait ? Il est simpliste de ne pas lier ce retrait aux revers militaires qu’a accumulés ces dernières semaines le régime de Tel-Aviv dans le Sud syrien.
Le revers du système de défense antimissile « Fronde de David », qui n’est pas parvenu à intercepter deux missiles « Tochka » russes le 23 juillet, est loin de n’avoir été qu’un simple incident dû à une erreur humaine. Cet échec découle de problèmes systémiques : le bouclier que Tel-Aviv avait conçu pour ne plus avoir à revivre les terribles attaques au missile de la Résistance en 2006 a subi un double échec en se montrant incapable à la fois d’identifier la ligne de tir des missiles ennemis puis de les intercepter. Pour tout dire, les radars du dispositif n’ont pas bien fonctionné. Aveuglé on ne sait par quel élément, ils n’ont fait que flairer la présence des missiles syriens dans l’espace aérien d’Israël, sans être capables le moins du monde de réagir.
Cela veut dire en clair que le système « Fronde de David » est à classer à la même enseigne que le « Dôme de fer » : c’est un système ultra coûteux et techniquement défaillant qui ne peut en aucun cas offrir à Israël une ombrelle protectrice face à une éventuelle offensive balistique d’envergure, que celle-ci vienne du front nord ou du front sud d’Israël. Le 23 juillet donc, la « Fronde de David » a raté son baptême de feu, puisqu’il s’agissait de surcroît de son premier essai en situation de combat réel et le revers n’en a été que plus cuisant. Car en fin de compte, le dispositif a manqué son objectif, mis à l’échec par à un missile soviétique de portée moyenne dont la charge ne dépasse pas les 500 kg.
La consternation est grande désormais au sein de l’état-major de l’armée israélienne, qui tait évidemment cette terrible contre-performance, mais qui n’ose, par crainte d’avoir à répondre à une opinion publique en mal de confiance, révéler la réalité. Pris de rage, l’armée israélienne a abattu le lendemain au-dessus du Golan syrien un Su-22 de l’armée syrienne, tuant ses deux pilotes. Mais le mal avait été fait. Tel-Aviv comptait, grâce à la Fronde de David, qu’il compatit d’ailleurs optimiser, booster sa « défense anti-Résistance ». À l’opposé du Dôme de fer, système destiné à intercepter des missiles de longue portée, le dispositif « davidien » est conçu pour faire face à des missiles de moyenne portée comme ceux que possèdent et fabriquent le Hezbollah ou la Résistance palestinienne. Surtout si, comme le prédisent des analystes de guerre israéliens, l’armée israélienne se devrait de faire face à un flot de 3 000 à 4 000 missiles à chaque attaque.
Mais quelle sera la réaction d’Israël ?
Alors même que l’armée syrienne vient de reprendre le contrôle de la ligne de désengagement qui sépare le Golan occupé du territoire syrien, les experts ne voient pas beaucoup de solutions pour atténuer les effets de cette sévère défaite stratégique subie par un système qui constitue l’une des trois couches de la défense antiaérienne d’Israël, hormis des exercices militaires à grande échelle et qui se succéderont à un rythme soutenu aux portes de la Syrie et du Liban sans être capable d’effacer les effets de l’échec. Mais est-ce la solution ? Rien n’est moins sûr : la défaite s’est produite sous les yeux attentifs de la Résistance qui, à vrai dire, en a été agréablement surprise. Israël, qui assiste, avec ahurissement, à l’effondrement de pans entiers de sa politique syrienne, s’apprête à se replier derrière ses « frontières ». Et ce, par le seul fait d’une version assez rudimentaire d’un missile russe.