La présidente du Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD) a durci le ton contre une initiative des États-Unis d’engager son ambassadeur en Allemagne dans des pourparlers avec les patrons de l’industrie automobile du pays.
Dans une interview exclusive avec le quotidien allemand Welt am Sonntag, dimanche 8 juillet, la présidente du Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD) Andrea Nahles a critiqué l’ambassadeur des États-Unis à Berlin Richard Grenell pour avoir mené des négociations avec les dirigeants de l'industrie automobile allemande telles que BMW, Daimler et Volkswagen concernant une guerre tarifaire entre les États-Unis et l'Allemagne.
Selon Mme Nahles, « il ne relevait pas du pouvoir d’un ambassadeur d’organiser de telles discussions ».
« Si l’administration américaine entend discuter de tarifs avec nous, alors cette question doit être discutée entre le secrétaire américain au Commerce et le ministre allemand des Affaires économiques et de l'Énergie Peter Altmaier et nous ne sommes pas une sorte de république bananière », a-t-elle martelé.
Le terme de république bananière désigne à l'origine un pays peu développé, dont l'industrie repose typiquement sur la seule production de bananes, et dirigé par une petite ploutocratie autoritaire mise en place, aidée ou soutenue par des grandes multinationales de l'agroalimentaire. Par extension, l'expression est utilisée pour qualifier, de manière polémique ou satirique, toute forme de régime politique considéré comme dictatorial et corrompu.
Les médias allemands, citant des sources dans l'industrie automobile, ont rapporté que l'ambassadeur américain a eu des entretiens avec les dirigeants de BMW, de Daimler, de Volkswagen, de Continental, ainsi qu'avec le chef du syndicat de l'industrie automobile.
Selon les mêmes sources, l’ambassadeur américain a discuté de la guerre tarifaire entre les États-Unis et les pays européens, en particulier l'Allemagne, et aurait déclaré qu'il était capable de trouver une solution. Richard Grenell a suggéré une solution de « zéro tarif », ce qui signifie que les États-Unis et l'Allemagne seraient capables de lever tous les droits de douane sur les importations d'automobiles des autres pays.
Le président américain Donald Trump a récemment menacé l’Europe d’imposer une taxe de 20% à toutes les importations d’automobile en provenance de l’Europe au cas où celle-ci ne résoudrait pas les problèmes faisant obstacle à l’exportation des marchandises américaines vers l’Union européenne.
Dans la foulée, la chancelière allemande Angela Merkel a mis en garde Donald Trump contre le déclenchement d’une guerre commerciale.