Alliés et rivaux des États-Unis ont dénoncé vendredi le net virage protectionniste de Washington et son attaque en règle contre le libre-échange après l’annonce par Donald Trump de barrières douanières controversées, laissant craindre une guerre commerciale internationale. Du côté des Occidentaux, l’Allemagne, un des principaux pays exportateurs au monde, a eu une réaction particulièrement vive.
La chancelière allemande Angela Merkel a dénoncé par la voix de son porte-parole des mesures « illégales » après que le président américain Donald Trump a attaqué la veille Berlin pour ses excédents commerciaux et, dans le même temps, ses dépenses militaires trop faibles à ses yeux.
Mme Merkel a mis en garde contre le déclenchement d’une guerre commerciale, disant que la décision américaine d’augmenter les tarifs des importations serait finalement au détriment de tous.
« Personne ne sortira gagnant de cette bataille. Voilà pourquoi nous n’écarterons pas le dialogue avec Washington tout en avertissant que les Européens seront capables de réagir aux actions provocatrices américaines », a-t-elle précisé.
« Trump barricade son pays contre l’avis de son parti, de nombreuses entreprises et des économistes. C’est du protectionnisme, c’est un affront envers les partenaires étroits que sont l’UE et l’Allemagne et envers le libre-échange », a souligné la ministre allemande de l’Économie Brigitte Zypries, citée par Reuters.
Quant à la chef de la diplomatie de l’Union européenne, Frederica Mogherini, elle a émis l’espoir que l’UE n’entrerait pas dans une guerre commerciale avec les États-Unis, une guerre qui serait catastrophique pour les deux parties.
« Ces derniers temps, nous sommes témoins de nombreux débats sur les tarifs sur l’acier aux États-Unis, que nous respectons. À l’Union européenne, nous n’opterons jamais pour le protectionnisme économique, ce n’est pas une méthode européenne, mais il est clair que si nécessaire, nous défendrons nos intérêts. Nous souffrons de la “surcapacité” en Europe et tenons à résoudre ce problème en partenariat avec les États-Unis et d’autres alliés tels que le Canada et le Japon », a-t-elle indiqué.
Le président américain a signé jeudi à la Maison-Blanche deux documents controversés qui marquent un net virage protectionniste, 13 mois après son arrivée au pouvoir. Il a estimé que les États-Unis avaient pendant des décennies été victimes de pratiques commerciales déloyales qu’il a assimilées à une « agression ».
La décision de M. Trump est intervenue le jour où onze pays des deux rives du Pacifique ont ressuscité, au Chili, l’Accord de libre-échange transpacifique (TPP), donné pour mort il y a un an après le retrait des États-Unis. Vendredi, les marchés boursiers ont globalement réagi avec calme aux annonces, qui étaient attendues, la plupart restant peu ou prou stables.