En visite d’État en Suisse, le président iranien Hassan Rohani dénonce l'unilatéralisme états-unien, « point de clivage », à ses yeux, entre Américains et Européens.
« Il revient à tous les pays européens de fustiger manifestement la politique unilatérale des États-Unis dans le monde et d'insister sur l’impératif du respect des engagements internationaux », a insisté Rohani à l’occasion de la réunion des hautes délégations iranienne et suisse à Berne.
S’exprimant à cette occasion, le président Rohani et son homologue suisse, Alain Berset, se sont réjouis de la relation amicale qu’entretiennent de longue date les deux pays, avant d’insister sur le développement des relations et des coopérations bilatérales qui est « dans l’intérêt de nos deux pays et de la paix mondiale ».
Les deux hommes ont également souligné l’importance du respect des accords et des engagements internationaux, tout en fustigeant l’unilatéralisme et la loi du plus fort, qui ne sauraient que produire des effets contre-productifs.
Qualifiant d’« importante » cette réunion entre les hauts responsables suisses et iraniens, tenue ce mardi à midi dans la capitale suisse, le président Rohani a espéré voir les discussions aboutir à la décision d’approfondir les relations bilatérales.
Revenant sur l’accord nucléaire historique signé entre Téhéran et les 5+1, dont les États-Unis de Trump se sont retirés unilatéralement, Rohani a qualifié de « vital » ce document international qui a ouvert de nouvelles portes dans les relations entre l’Iran et les pays amis et qui a engendré un réel progrès en faveur de la paix, de la sécurité et de la confiance mutuelle dans la région et le monde.
Rohani a également insisté sur le fait que l’Iran avait respecté strictement les engagements qu’il avait contractés dans l’accord de juillet 2015.
Le président Rohani a fustigé le fait que les États-Unis, non contents de s’être retirés illégalement de l’accord, exhortent à présent les autres parties signataires à le violer.
S’exprimant aux côtés de son homologue suisse à l’occasion d’une conférence de presse ce mardi, le président Rohani a réagi aux menaces et aux pressions américaines.
Rohani a qualifié de « fanfaronnade » et de « pure imagination » les déclarations des États-Unis selon lesquelles ils allaient empêcher l’Iran d’exporter son pétrole et a dénoncé les « sanctions aveugles » des Américains comme la pire violation des droits de l’homme.
Alors qu’on lui demandait si l’Iran fermerait le détroit d’Hormuz en représailles aux menaces américaines de suspendre les exportations iraniennes de pétrole, Rohani a déclaré qu’« il s’agit de propos exagérés qui ne pourront jamais prendre effet ».
« Un tel scénario signifierait d’imposer une politique unilatérale et impérialiste en violation flagrante des lois et règlements internationaux dans les domaines énergétique et commercial », a ajouté M. Rohani, avant de qualifier de « pure chimère, de stupidité et d’injustice, le fait de s’imaginer qu’un jour tous les producteurs de pétrole seront autorisés à exporter leur pétrole, sauf l’Iran ».
« Nous resterons dans cet accord tant que nos intérêts seront respectés, » a-t-il encore prévenu.
Interrogé sur les coopérations économiques irano-suisses et les activités du comité mixte économique bilatéral, Rohani a déclaré qu’après le déplacement officiel du président suisse en 2016 à Téhéran, une feuille de route a été tracée et plusieurs réunions ont été organisées entre les deux pays.
« Aujourd’hui nous sommes arrivés à cette conclusion que pour résoudre certains problèmes dans les relations économiques, il est nécessaire de créer un comité technique afin de résoudre les crises et d’ouvrir la voie à plus de coopérations », a-t-il précisé.
Pour sa part le président de la Confédération helvète a réaffirmé le plein soutien de la Suisse à l’accord sur le programme nucléaire iranien.
« Cet accord doit continuer à être appliqué et la Suisse va faire tout ce qu’elle peut pour que cela soit le cas », a-t-il déclaré, avant de déplorer le retrait unilatéral et contre-productif des États-Unis de l’accord.