« L’envoi de nombreux renforts et convois militaires vers le sud de la Syrie témoigne d’un imminent conflit décisif dans cette région », a-t-on appris d’un analyste et écrivain des questions régionales.
Abdel Bari Atwan, renommé analyste et écrivain du monde arabe et rédacteur en chef du quotidien Rai al-Youm, s’est penché sur les récentes évolutions dans le sud de la Syrie.
« Nombreux sont les analystes qui voient des liens plus ou moins manifestes entre une brève escale du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Amman et sa rencontre avec le roi Abdallah II et une autre visite en Jordanie effectuée par le conseiller et gendre du président américain, Jared Kushner, et l’émissaire spécial Jason Greenblatt.
Kushner et Greenblatt étaient porteurs des initiatives qui devraient constituer le corps du “deal du siècle”. Or, une autre dimension du déplacement de Netanyahu à Amman, peu mentionnée, mais pas moins importante que celle de l’accord du siècle, reste à découvrir.
À vrai dire, Netanyahu a discuté avec le roi jordanien de la crise au sud de la Syrie et des coordinations entre leurs pays et des évolutions stratégiques, militaires, humaines et économiques de la région. Ils ont également parlé des conséquences de ces évolutions sur la Palestine occupée, la Jordanie, voire sur toute la région.
Nombreux sont les signes qui annoncent une guerre imminente dans le sud au moment où tous les efforts sont centrés sur une solution pacifique qui permette le maintien du cessez-le-feu en vigueur », a écrit Abdel Bari Atwan qui a par la suite énuméré les signes d’un nouveau conflit dans le Sud syrien : « Premièrement, l’aviation syrienne a multiplié ses raids aériens contre les fiefs des terroristes dans les provinces de Quneitra, de Deraa ainsi que dans les banlieues est de Deraa et ouest de Soueïda dont la localisation isolée en fait un bon emplacement pour les fiefs des terroristes qui sont, en grande partie, soutenus par le régime israélien.
Deuxièmement, la destruction d’un drone israélien dans le nord de la Syrie, qui accomplissait une mission de reconnaissance des forces syriennes, préoccupe vivement les autorités israéliennes quant à un éventuel accès des Syriens, Iraniens et Russes aux informations confidentielles de la mémoire électronique du drone.
Troisièmement, l’armée syrienne a commencé à acheminer des convois militaires afin de rendre le terrain propice à de nouvelles attaques contre les terroristes d’autant plus que les commandants de l’armée syrienne ont récemment appelé les groupes armés à se retirer de leurs positions, soit par la force, soit grâce à une solution pacifique. D’autre part, les forces syriennes s’annoncent entièrement vigilantes sur la frontière du sud que partagent la Syrie et la Jordanie.
Quatrièmement, l’aviation israélienne a attaqué une position des Hachd al-Chaabi et leurs alliés en Syrie qui avaient pour mission de soutenir une route internationale reliant Téhéran à Beyrouth via l’Irak et la Syrie. Cette frappe aérienne a fait 52 morts pour la plupart des combattants des Hachd. »
Selon Abdel Bari Atwan, « le gouvernement syrien a placé le front du sud parmi ses priorités et entend y focaliser toute son attention, une fois les régions plus stratégiques comme Alep, Homs, Ghouta, Palmyre et Deir ez-Zor entièrement libérées. Alors que la sécurité vient d’être rétablie aux alentours de Damas, grâce à l’expulsion des groupes armés de la Ghouta orientale, il ne reste qu’à libérer ces trois localités névralgiques : le sud (les provinces de Deraa et de Quneitra), l’est de l’Euphrate (Deir ez-Zor) et Idlib ».
Il a prévu que l’explosion de la situation dans le front du sud serait suivie par l’implication d’Israël, voire des États-Unis et aussi par un nouvel afflux de réfugiés syriens vers la frontière de la Jordanie dont les dettes publiques ont déjà atteint les 40 milliards de dollars.
« La Syrie, même après sept années de guerre dévastatrice, est toujours un pays de poids. Rivez vos regards sur le front du sud ! Nous réservons de nouvelles surprises bien choquantes aux Israéliens et à leurs alliés ! C’est ce que l’on espère du moins », a-t-il écrit.