TV

L’adoption du projet de loi pénalisant le fait de filmer les soldats israéliens

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des soldats israéliens attaquant un Palestinien, septembre 2016. ©Reuters

Israël a peur : les militaires israéliens largement impliqués dans des crimes de guerre aussi bien à Gaza qu'en Cisjordanie risquent d'être jugés, chaque fois qu'ils quittent Israël. Que faire? Et bien interdire de les filmer! Qu'en est-il donc de la liberté de presse? C'est sans doute le cadet des soucis du régime israélien. Le ministre israélien des Affaires militaires vient donc de demander qu’on empêche la diffusion des photos et vidéos témoignant des atrocités commises par les militaires israéliens.

Le projet de loi proposant l’interdiction de la diffusion de séquences filmées de « certaines activités militaires israéliennes » a été adopté par la commission des Lois.

La loi, parrainée par le parti extrémiste Yisrael Beytenu, dirigé par le ministre des Affaires militaires Avigdor Lieberman, prévoit de condamner à « cinq ans de prison fermes » « toutes personnes qui filment, photographient ou enregistrent des soldats pendant leur service de manière à démoraliser les soldats et les civils israéliens ». La peine peut même être plus lourde encore dans les cas où la diffusion des images et des enregistrements aurait comme intention de « porter atteinte à la sécurité » du régime israélien. Ainsi, la peine pourrait monter jusqu’à 10 ans fermes.

« En d'autres termes, les militaires israéliens pourront désormais, étant à l'abri de cette loi, tuer à huis clos », estime l'analyste Hadi Mohamadi. 

Le texte devra recevoir l’aval de la Knesset.

Avigdor Lieberman a salué le vote ministériel qui, selon lui, « allait mettre fin aux tentatives des partisans du terrorisme » en vue « d’humilier, de déshonorer et de nuire » aux soldats. Le régime israélien fait face à un mouvement de « démotivation croissante » des soldats recrutés par l'armée, mouvement dont la cadence est bien alarmante. Le taux de suicides au sein de Tsahal constitue, lui aussi, un motif de préoccupation pour les généraux de l'armée israélienne. 

Mais la décision de pénaliser la prise en image des soldats israéliens est-elle à même d'arrêter la signée au sein de l'armée? Rien n'est moins sûr. 

Le journal israélien Haaretz avait, déjà, condamné le projet de loi dont la mission était de « faire taire les critiques de l’armée, et notamment d’empêcher les organisations de défense des droits de l’homme de montrer les actes de l’armée israélienne dans les territoires palestiniens. Le projet de loi nuit gravement à la liberté de la presse et au droit de la société d’être informée. Le public (sioniste, NDLR) a le droit de savoir ce que l’armée fait en son nom », a noté le journal.

Pour l'expert iranien Hadi Mohammadi, « cette loi peine à cacher le fossé qui se creuse chaque jour davantage entre les colons et Tsahal, les premiers accusant le second d'incompétence et d'incapacité à les protéger. En effet, les jeunes israéliens fuient de plus en plus l'armée, pour de nombreux motifs dont celui d'avoir à faire avec la justice européenne une fois sorti d'Israël». 

La décision a été prise après les heurts du 14 mai en Palestine occupée à la frontière avec Israël et la bande de Gaza. Les plus violents depuis la guerre de 2014. Une vidéo montrant un soldat en train d’encourager un sniper qui tirait sur un Gazaoui au cours d’un affrontement, a fait déferler une vague de condamnations dans tout le spectre politique, ainsi que certaines justifications et un soutien apporté aux soldats qui y apparaissaient, notamment de la part de Lieberman.

Les vidéos et les photos qui témoignent de l’usage par les militaires israéliens d’une force excessive vis-à-vis des civils palestiniens ou des militants étrangers sont devenues un cauchemar pour Israël en termes de relations publiques alors que les ONG affirment que ces images sont vitales pour faire assumer leurs responsabilités aux soldats. La mesure vise, en fait, à empêcher la poursuite des criminels israéliens par la Justice internationale.

Pour rappel, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté, lors d’une réunion d’urgence, le mercredi 13 juin, à une écrasante majorité un projet de résolution condamnant Israël pour avoir massacré les Palestiniens à Gaza.

Il y a presque deux semaines, le cabinet de sécurité israélien s’était réuni au siège de Tsahal à Tel-Aviv pour discuter de la situation à Gaza et de l’appel lancé par l’Union européenne à une enquête sur l’affaire. 

Ayalet Shaked, la ministre israélienne de la Justice, et le ministre israélien de l’Énergie Yuval Steinitz n’avaient absolument pas apprécié l’appel de l’Union européenne. Hystérique, Steinitz n’a pas mâché ses mots : « Qu’ils aillent mille fois, mille fois, en enfer », a lâché le ministre, au sujet de l’UE, selon des propos rapportés par Haaretz.

Depuis le 30 mars, début de la Marche du grand retour, plus de 125 personnes ont été tuées.

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV